Donald Trump est positif au Covid. La revanche (vengeance ?) du destin, diront certains, ou la punition de celui qui avait minimisé la gravité de l’épidémie et rechigné à porter le masque. D’autres jubilent même : enfin débarrassé de l’affreux jojo (même si Joe, c’est Joseph Biden) ! Débarrassé ? Nous verrons : âgé de 74 ans, en surpoids, ne pratiquant aucune activité physique et grand amateur de cheeseburger, le président de la première puissance mondiale est indéniablement en danger, et même en danger de mort. Il risque aussi d’être très affecté et diminué par le Covid, au point de ne pas pouvoir exercer son mandat jusqu’à son terme, le 20 janvier prochain. Il pourrait même être hospitalisé, peut-être en service de réanimation, dans les tout prochains jours, avec des séquelles incompatibles avec toute activité professionnelle, a fortiori politique. Si le vice-président prend les commandes sans que Donald Trump ne recouvre ses pleines facultés et réintègre le Bureau ovale de la Maison-Blanche avant les élections du 3 novembre, la page Trump sera définitivement tournée.
Inversement, si Donald Trump reste asymptomatique ou s’il est peu handicapé par le Covid, il se prévaudra de sa solidité de roc(k n roll). Il se moquera de son adversaire froussard et planqué dans ses appartements, alors que lui va sur le terrain, au contact des Américains. Trump, le super héros courageux et valeureux, le superman d’une Amérique debout face à l’adversité.
Lors du débat entre les deux candidats, Donald Trump, peut-être déjà positif, a-t-il pu partager son petit virus avec son contradicteur ? Au lieu d’avoir un duel Trump-Biden, nous aurons peut-être droit à celui des colistiers, Mike Pence- Kamala Harris, deux personnages encore plus clivants (du moins clivés) que les prétendants actuels. Ils débattront d’ailleurs la semaine prochaine.
Toujours est-il que la positivité au Covid du président américain, à un mois du scrutin, est un événement considérable pour les États-Unis et même pour le monde, eu égard à l’influence de ce pays sur la planète.
En France, l’actualité est toujours dominée par les apocalyptiques intempéries dans le sud-est, la possible fermeture des bars et restaurants à Paris et le discours d’Emmanuel Macron sur le séparatisme. Mais la pièce qui est en train de se jouer outre-Atlantique pourrait bientôt révéler sa dimension tragique, non pas (seulement) pour le patient Trump, mais pour une Amérique que l’on dit au bord de la guerre civile, dirigée par un président qui pourrait refuser le verdict des urnes, comme un dictateur. Même intubé et sur un lit de réanimation, Donald Trump aspirera encore à exercer le pouvoir ! Sans quoi ses troupes pourraient être tentées de l’exercer pour lui…
Michel Taube