Même si les recherches sur le vaccin progressent à une vitesse inconnue jusqu’alors (dommage que la concurrence l’emporte sur la coopération), le monde d’aujourd’hui et celui de demain, pour un certain temps du moins, risque d’être masqué. L’épidémie de Covid-19 n’est pas la première du siècle ni la plus mortelle en termes de ratio contamination/décès. Mais elle est planétaire, donc pandémique, et très contagieuse, puisqu’elle se propage principalement par les voies respiratoires.
Bien que quelques scientifiques, certes très minoritaires, continuent de nier l’importance de se protéger lesdites voies respiratoires en extérieur, même en environnement à forte concentration humaine, au motif que la preuve de la contamination en milieu ouvert n’aurait pas été apportée (un type de raisonnement absurde qui fonde de nombreuses théories conspirationnistes), il est aujourd’hui acquis que plus nous portons le masque, moins nous nous exposons à être contaminés et à contaminer les autres. Rechigner à payer ce prix pour éviter une double hécatombe, humaine et économique, est à minima irresponsable, et même coupable lorsque l’on est scientifique.
Puisque le monde de demain sera masqué, autant faire du masque un accessoire de mode, esthétique et confortable, rafraîchissant en été, chaud en hiver, pouvant être coloré, transparent, classique ou à la pointe de la mode. Ce pari (fou) avait été réussi par les lunetiers, en particulier Alain Afflelou qui voulait que l’on ait envie de porter des lunettes sans en avoir besoin.
La France est le pays de la mode et veut (re)devenir celui de l’innovation. Comme les lunettes, le masque doit devenir un objet technique et un objet esthétique. Même à un prix accessible à tous, un masque peut répondre à ces deux critères, mais rien n’interdit de proposer des produits luxueux, high tech, haute couture, avec une vraie plus-value qui pourra s’exporter.
Masque inclusifs (transparents) pour les malentendants, les militaires… et les sourires
Dès le début de l’épidémie de Covid-19, on a vu poindre des masques partiellement transparents, initialement destinés à des personnes sourdes et malentendantes, afin qu’elles puissent mieux communiquer avec leur entourage grâce à la lecture labiale.
Plusieurs sociétés françaises se sont lancées dans le masque inclusif, et ont obtenu le label… du ministère des Armées et plus précisément de la Direction générale de l’armement (DGA), dont la vocation est à la fois d’équiper les forces armées françaises et de promouvoir les exportations de l’industrie française de défense. Mieux que le Rafale ? On n’en est pas là, mais la voie est peut-être tracée !
Au-delà de la lecture labiale, le masque inclusif nous restitue notre sourire. Rien que cela mérite qu’on s’y intéresse et qu’on le promeuve. Sophie Cluzel, secrétaire d’État en charge des personnes handicapées, avait agi en ce sens en portant un masque transparent à l’Assemblée nationale, en souhaitant que sa généralisation conduise à une baisse du prix (actuellement d’une dizaine d’euros pour une vingtaine de lavages).
Vivement la deuxième vague (de masques) !
D’autres efforts portent sur la durabilité des masques. Ainsi, des ingénieurs de Michelin et du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ont élaboré lun masque dont seul le filtre devait être changé après 20 lavages.
Une autre entreprise commercialise un masque high tech : à l’origine destiné aux motards pour les protéger de la pollution, il filtre 99,98 % des particules et est par conséquent très efficace contre le coronavirus, grâce à une technologie appelée « nano filtre ». En outre, il est connecté à une application mobile destinée à mesurer la qualité de l’air. Ses ventes ont connu un bond considérable dans le monde avec la pandémie, mais son prix de 149 € ne le destine pas à tous.
Saluons également une société alsacienne, spécialiste de la chaussette, qui fabrique des masques en tissus doux, confortables et efficaces, également validés par la DGA, et une autre, cette fois bourguignonne, qui réalise un masque biodégradable, en fibres naturelles végétales.
Il n’y a évidemment pas qu’en France que l’on s’active : en novembre, on devrait voir arriver des États-Unis « Breeze », le premier masque refroidissant, aussi filtrant qu’un masque FFP2, développé grâce à un financement participatif. Les masques chauffants sont aussi en préparation. Les masques parfumés existent déjà. En Angleterre, en Israël ou au Chili, on développe des masques virucides imprégnés de cuivre et de zinc.
Au moins sur le terrain de la mode et du style, la France devrait être leader. Quelques marques françaises sont parmi les plus connues et les plus prestigieuses de la planète. Comme un parfum, le masque pourrait même permettre à tout un chacun de s’offrir un peu de ce luxe à la française.
Reste toutefois à espérer que toutes ces innovations, ces efforts, cette créativité ne se soldent pas au final par l’étiquette « made in China » !
Raymond Taube
Retrouvez-nous dans le prochain Live Opinion Internationale jeudi 12 novembre 2020 de 19h à 20h30 sur Zoom. Programme et inscription ici.