En écho aux menaces de haine diffusées sur les réseaux sociaux en France, comme après chaque crime islamiste, les appels au boycott des produits français se multiplient sur les réseaux sociaux dans le monde arabo-musulman. Le hashtag « # boycottez_les produits_français » est même dédié à cette campagne : https://twitter.com/Obsevydial/status/1319301532316241920
Comme le disait le romancier algérien Bouhalem Sensal dans un entretien accordé au Point en 2015, « L’islamisme semble avoir ciblé un certain nombre de pays parce qu’il pense important de les abîmer en premier. La France des Lumières, la France de la laïcité, c’est une idée qu’il faut éradiquer le plus vite possible. Il se focalise beaucoup sur la France. Et cet État a l’ambition de parler au monde, il cherche à propager sa vision du monde, sa démocratie, sa culture… Donc, il faut le détruire en premier. »
Au niveau des Etats, seul le Pakistan avait protesté officiellement contre la France le 3 septembre dernier, à l’ouverture du « procès Charlie Hebdo », l’hebdo satirique ayant choisi de republier plusieurs caricatures du prophète Mahomet qui avaient fait du magazine une cible des djihadistes depuis 2006.
Et puis hier matin le communiqué de presse et deux tweets sont tombés : l’Organisation de la coopération islamique « condamne l’attaque systématique et continue contre les sentiments des personnes de confession musulmane à travers les caricatures insultantes et répétitives sur la personne du prophète de l’Islam ».
Et le Secrétariat général de l’OCI d’exprimer dans un second tweet sa surprise face au « discours politique officiel de certains responsables français qui offense les relations franco-islamiques et alimente des sentiments de haine au nom de gains politiques partisans. »
L’OCI, c’st une sorte d’OSCE orientale : elle regroupe 51 Etats dans le Golfe, en Afrique et en Asie, pays composés d’au moins une forte minorité musulmane (la France pourrait prétendre y adhérer…). Son siège est à Djeddah en Arabie saoudite et son secrétaire général est Saoudien…
Cette prise de position cache mal le silence diplomatique observé par les capitales arabes et celles des pays musulmans. Seul le président turc Erdogan a commis ces derniers jours une saillie anti-Française mais sans finalement protester par la voie officielle.
Les déclarations de fermeté des pouvoirs publics à la suite de l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty ne risquent donc pas à court terme de fragiliser la France dans le monde arabo-musulman. Il faut le dire avec force : ces appels au boycott ou au meurtre ne sont représentatifs ni du monde arabe, ni des musulmans de France, quand bien-même sont-ils de plus en plus nombreux, en particulier chez les jeunes, à avoir déjà cédé aux sirènes de l’islamisme, sur fond d’une victimisation fantasmée.
Dans de nombreux pays du monde arabo-musulman, le fondamentalisme est devenu un ennemi de l’État et du peuple.
Espérons donc que les appels au boycott des produits français n’auront guère d’impact. Ils nous confortent dans la conviction qu’il faut abattre la bête immonde qu’est l’islam politique, un fascisme pseudo religieux avec lequel aucun compromis n’est envisageable. Et cette guerre se joue avant tout au niveau mondial et elle passe évidemment (elle y commence même) par le Moyen-Orient, en Afrique et en Asie qui comptent le plus grand nombre de victimes, presque toutes musulmanes, de cette gangrène islamiste.
Si, comme l’illustrent ces tweets d’appel à boycott, l’offensive est loin d’être terminée, car l’ennemi est profondément ancré certes à l’intérieur, où il jouit de nombreuses places fortes et de relais influents, mais bien entendu aussi dans les pays arabo-musulmans d’où la menace est originellement partie, espérons que la France trouvera des alliés internationaux efficaces dans cette guerre.
Le jour de l’attentat contre Samuel Paty, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, était à Rabat, avant de rentrer précipitamment à Paris. Le Maroc, et de nombreux Etats, sont des alliés décisifs dans cette guerre internationale contre le terrorisme.
Michel Taube