Edito
12H38 - lundi 26 octobre 2020

L’entrisme turc : Erdoğan ne nous menace pas que d’Ankara. L’édito de Michel Taube

 

Menacé par une crise économique terrible, Recep Tayyip Erdoğan aurait-il trouvé un bouc-émissaire en s’en prenant à la France et à son président.

Recep Tayyip Erdoğan se prend pour le nouveau calife du monde musulman, tout comme l’avait fait l’Ayatollah Khomeini en Iran. Deux dictateurs mégalomanes, deux nationalistes chevronnés, paradoxalement porteurs d’un dessein supranational, celui de la Oumma, la communauté des croyants de l’Islam. La Turquie d’Erdoğan et l’Iran des ayatollahs (Ali Khamenei a pris la succession de Khomeini en 1989), seront un jour face à face. Mais pour l’heure, ils sont le fer de lance de l’islam radical et de sa propagation.

Autre paradoxe, ces pays, bien que non arabes, sont des marionnettes des Frères musulmans, une confrérie égyptienne, donc arabe, qui partage avec les salafistes un projet impérialiste à l’échelle planétaire. Ce sont eux qui ont voilé les femmes, non seulement du Caire, de Téhéran, ou de Bamako, mais aussi des « quartiers » d’Europe, de France tout particulièrement, leur cible privilégiée, eu égard à l’importance de notre communauté musulmane, qu’on a cru pouvoir intégrer sans l’assimiler, sans lui faire sinon partager, du moins accepter, la laïcité parmi nos valeurs.

L’heure doit être à la prise de conscience que le plus dangereux ennemi de la République, et plus généralement de la France, est aujourd’hui un pouvoir (que nous ne confondons nullement avec le peuple turc) qui partageait avec elle, il n’y a pas si longtemps, cette laïcité qui nous est chère, et qu’elle exècre aujourd’hui. La Turquie d’Erdogan, cornaquée par les Frères musulmans, n’est plus à un paradoxe près : entre l’Europe et l’Asie, entre modernisme et archaïsme, elle est la cinquième colonne de l’islamisme, d’abord en Allemagne, qui n’ose s’opposer frontalement à elle, et maintenant en France. Membre de l’OTAN qu’Emmanuel Macron a raison de considérer comme cliniquement morte, elle se permet de narguer l’Europe et même la Russie, donnant davantage de crédit à ceux qui préconisent un rapprochement entre Paris et Moscou, entre l’Europe et la Russie.

 

Un entrisme turc qui nous menace en France

Erdoğan n’a pas attendu les dernières prises de position d’Emmanuel Macron sur l’islamisme radical pour démontrer son intention de nuire et son absolue immoralité. Sur les terrains militaires, Erdoğan recycle les djihadistes de Daech chargés de lutter contre les Kurdes. Entre nettoyage ethnique et exactions multiples, jusqu’aux soupçons d’emploi d’armes chimiques, l’homme fort d’Ankara joue avec le feu.

Mais fort de l’enseignement de ses mentors fréristes, il pratique un entrisme systématique au cœur des forces vives de la nation. Il le fait de manière si méthodique qu’il est urgent de s’y opposer : par le truchement d’un puissant réseau associatif et d’un endoctrinement tant nationaliste que religieux, Recep Tayyip Erdoğan veut faire de chaque Turc un combattant dans les futures conquêtes du nouvel Empire ottoman qu’il rêve de reconstituer. En 2017, il se fit attribuer les quasi pleins pouvoirs par référendum constitutionnel. Le résultat fut serré en Turquie, mais pas dans la diaspora turque, le summum de l’allégeance revenant aux Turcs de Lyon, avec 86 % des votes en faveur du calife.

Entre 130.000 et 160.000 Turcs vivent dans la région Grand Est, principalement en Alsace. À Strasbourg, ils sont la première communauté musulmane étrangère, et y pratiquent un séparatisme de plus en plus rigoureux : mosquées, dont la monumentale mosquée de la Meinau (32 millions d’euros, deux minarets de 36 mètres, 6900 m2 accueillant 2500 fidèles), écoles de plus en plus nombreuses et même « faculté » de théologie au sein de l’université de Strasbourg, consulat également monumental… La Turquie d’Erdoğan ne pratique pas la Taqiya, célèbre stratégie de dissimulation chère aux Frères musulmans. Elle n’en est plus au séparatisme discret, qui s’appuie sur les idiots utiles de l’islamogauchiste. Elle impose sa puissance avec arrogance, sans l’aide de personne. Signe qu’il n’y a plus aveugle que celui qui ne veut voir, la classe politique n’a opposé aucune réaction, aucune résistance, pas plus que la population. Aux dernières municipales, les Strasbourgeois ne sont choisis une maire écolo-gaucho, qui draguait les électeurs musulmans en exhibant la photo d’une candidate voilée, désormais conseillère municipale. Jusqu’où ira la soumission ?

À l’école, l’entrisme turc prend des proportions alarmistes, car il n’y a pas que dans le Grand Est qu’il tisse sa toile : l’école privée musulmane Philippe Grenier à Besançon, l’école primaire et le collège Al Arquam de Vénissieux, l’école primaire La Plume bleue de Villefranche-sur-Saône, le groupe scolaire la Lumière du Savoir à Corbeil-Essonnes, le groupe scolaire Bellevue Muhammed Hamidullah à Clichy-sous-Bois sont autant d’exemples où le nationalisme turc conjugué à l’islam rigoureux conduit à transformer l’école en fabrique de futurs ennemis de la République. Et le mouvement s’accélère : Bourgoin-Jallieu, Metz, Blois, Rennes, Besançon, Bordeaux, Belfort… les projets d’écoles islamo-turques se multiplient.

Alors que Recep Tayyip Erdoğan insulte la France et son président, alors que ses déclarations martiales ne manqueront pas d’être interprétées comme des fatwas par certains de ses ressortissants auxquels nous avons accordé l’hospitalité, des prestations et aides publiques (qu’ils feraient bien de boycotter) et le droit de pratiquer librement leur religion au prix d’accommodements qui n’ont plus rien de raisonnables, la France ne peut plus se contenter d’indignation diplomatique.

En finir avec l’islam consulaire en France commence par faire le ménage dans les mosquées et les associations cultuelles turques. Et puisque le président de la république française à décider de faire confiance au CFCM, que pense de l’attitude d’Erdoğan le précédent président du Conseil français du culte musulman, Monsieur Ahmet Ogras, ressortissant franco-turc et champion de l’Islam turc en France ?

Face au totalitarisme, face au fanatisme, face au nationalisme islamiste que pratique la Turquie, ne pas « mettre d’huile sur le feu » est hélas compris comme de la faiblesse voire de la capitulation. L’histoire n’a eu cesse de nous l’enseigner.

Emmanuel Macron semble avoir compris qu’à la stratégie de la tension d’Erdoğan il nous faut répondre par la fermeté. Espérons que l’Europe et les Français (Jean-Luc Mélenchon, qui n’en est pas à une ignominie près, et qui surtout prépare son annonce imminente, cette semaine probablement, de candidature à l’élection présidentielle, a annoncé ce matin qu’il ne soutiendrait pas Emmanuel Macron sans cette surenchère) seront derrière lui.

 

Michel Taube

 

 

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