Voici le témoignage d’un Français de retour le 26 octobre dans sa mère patrie, la Chine. Un autre monde, une autre planète pour traiter la crise du Covid.
Me voilà retourné dans ma chère patrie où le virus semble collaborer avec le régime pour disparaître (ou presque). Dans l’avion, il n’y avait pratiquement plus de service et toutes les hôtesses étaient habillées en « cosmonautes ». Nous avions droit à quelques biscuits, trois bouteilles d’eau minérale et une petite boîte de jus de pomme pour un voyage long de 11h. Heureusement, un ami m’avait averti. Les sandwichs que j’ai emmenés m’ont sauvé, sinon, le terrible souvenir de la famine des années 60 me serait revenu en mémoire.
Une fois arrivé à l’aéroport de Shanghai, les passagers furent accueillis par d’autres « cosmonautes ». Nous devions nous rassembler dans sa zone selon la ville et le quartier. A ce moment-là, une agent(e) de police de mon quartier a pris contact avec moi, en m’annonçant les règlements de sécurité à respecter pendant la période de la quarantaine. Elle m’a dit que la police a déjà installé un détecteur devant ma porte pour m’empêcher de sortir. A chaque fois que j’ouvrirais la porte, je devrai lui rendre compte de la raison (recevoir les repas commandés par exemple). Elle m’a averti que toute infraction serait sanctionnée par la loi. Après un test de Covid et une longue attente (4 – 5 heures), nous fûmes conduits, selon le cas de chacun, dans un hôtel désigné.
Selon une nouvelle réglementation plutôt humaine, les personnes âgées de plus de 65 ans peuvent rentrer chez elles après une nuit passée à l’hôtel, à condition que le résultat du test soit négatif et que son logement soit vide (sinon la/les personne(s) y résidant doivent être aussi mise(s) en quarantaine). Ainsi, j’ai passé une nuit dans un petit hôtel hermétiquement fermé, où les trois repas furent apportés devant la chambre. Le lendemain soir, ayant reçu le résultat du test négatif, les autorités locales ont envoyé des autocars pour nous emmener et nous dispatcher chez chacun.
Arrivé devant l’immeuble, je fus accueilli par le responsable du quartier qui a pris la relève de la main de celui qui nous avait conduits jusque-là, signature oblige. Ce responsable m’a accompagné jusque devant la porte de mon appartement au 29ème étage, tout en me donnant maintes consignes à respecter pendant la quarantaine et en créant un lien de contact wechat avec lui afin de lui rapporter tout ce qui se produirait durant cette période. Peu après, je fus rejoint par une infirmière de la clinique du quartier qui me demanda de signer un papier comme quoi je suis au courant de tout ce qu’il faut faire au niveau sanitaire et surtout m’obligeant à lui faire part de ma température deux fois par jour.
Au niveau de la vie quotidienne, il n’y a aucun souci, car en Chine, commander un repas ou des produits par internet, c’est très facile. D’ailleurs, mes proches ou amis peuvent m’envoyer des nourritures par un coursier qui arrive en deux heures…
Si je décris en long et en large ce que j’ai vécu et je vis ici, c’est pour démontrer la redoutable efficacité et la capacité d’organisation du régime totalitariste que j’ai détesté et que je continue à détester. Mais, je dois reconnaître que les démocraties occidentales, américaine ou française, sont loin de pouvoir rivaliser avec. D’ailleurs, il y a aussi une question de culture. Les peuples occidentaux, de nature individualiste et choyés par un système libéral, sont réticents à respecter les contraintes disciplinaires. D’ailleurs, ils ont la liberté et la possibilité de protester voire d’agir à leur guise.
Est-ce que cela veut dire que l’autoritarisme chinois finira par avoir raison des démocraties occidentales, inefficaces, laxistes et pratiquant la politique d’apaisement comme avant la Seconde guerre mondiale (à l’exception de Trump), et que vous aussi, vous finirez par vivre sous la dictature à la chinoise ? Je n’en sais rien.
Mais il y a matière à réflexion.
Xi*
*Par souci de protection, nous ne divulguons que le prénom, légèrement modifié.