Matelas en mousse ou à ressorts enchâssés ? C’est un peu comme Mac ou PC, Android ou IOS, Beatles ou Stones, fromage ou dessert, café ou thé, Coca ou Pepsi…
« Ou » quand ce n’est pas « contre » ! De quoi provoquer un clash conjugal au moment de l’achat du support des futures nuits torrides et réparatrices. Pour Alain Afflelou, qui s’est confié à Opinion Internationale, la cause est entendue… et depuis longtemps : ce sont les lits en mousse, plus doux, plus douillets.
Mais ce choix relève-t-il de la posture, si l’on peut dire, ou du choix raisonné ? Pour la paix des ménages ou pour échapper au tourment d’un choix cornélien, on peut aussi ne pas choisir : ce sera fromage ET dessert ! Il existe en effet des matelas mixtes combinant les avantages, ou plus exactement les caractéristiques des deux technologies, ce qui ne les rend pas nécessairement meilleurs que leurs homologues monogames (si l’on peut encore dire !). En mousse, à ressorts, ou hybrides, un matelas peut être ferme ou moelleux, ou entre les deux. Le tout est de bien choisir, car l’on passe entre un quart et un tiers de sa vie au lit. Après tout, ce qui importe est d’avoir un bon matelas, quelle que soit sa technologie.
La grande tradition est plutôt celle du ressort, qui depuis 1871, amortit nos rêves. Un siècle et demi de savoir-faire a conduit à une perfection dont le prix peut dépasser 15.000 € (pour deux places, tout de même !) voire monter à plus de 50.000 €. Pour ces prix, vous aurez droit à des ressorts ensachés à la main et aux matières les plus nobles. Le rêve absolu, avant même de s’endormir.
Quant à la mousse, mais aussi le latex, sa seule évocation met en ébullition les sens de quelques audacieux. Il peut être naturel ou synthétique, et a un petit côté high tech. On parle de mémoire de forme, comme dans les chaussures de ski, d’indépendance du couchage, ce qu’offrent certes aussi les meilleurs matelas à ressorts (Madame ne sera pas dérangée quand Monsieur se tournera et se retournera. Par contre, quand il ronflera…).
La structure alvéolaire de la mousse, c’est aussi ce que l’on retrouve là où l’amorti est essentiel, comme dans les semelles de chaussure de running (les articulations n’apprécient guère les chocs), les tatamis de judo ou les casques de moto de dernière génération, ainsi que d’autres matériaux composites. Mais comme un matelas est un chouïa plus épais qu’une semelle de chaussure, les ressorts peuvent aussi assurer un parfait amorti tout en restant la référence en termes de rebondi. Là est peut-être la plus grande différence que les deux structures peuvent offrir, surtout dans leurs variantes les plus extrêmes : rebondi pour les ressorts, mémoire de forme pour la mousse. Mais tout cela avec la modération garantissant le meilleur confort : ni planche de bois, ni matelas qui se plie en deux !
Peut-être qu’un jour ne subsisteront que les matelas en mousse ou en latex synthétique (mais en fibre bio !), sortis d’un moule ou d’imprimés en 3D, et permettant de faire du trampoline sans que sa moitié ne soit perturbée dans son étreinte avec Morphée.
Mais l’heure est encore, fort heureusement, à celle du choix. Certains vantent la « respirabilité » des matelas à ressorts (ça fait aussi high tech), d’autres ne peuvent rêver qu’en structure alvéolaire épousant leurs formes avantageuses. Il n’est pas inutile de consulter la fiche technique d’un matelas qu’on envisage d’acquérir et de recueillir les explications et conseils d’un spécialiste.
Mais comme pour les grands vins, rien ne vaut une dégustation. Prenez le temps d’essayer, et autant que possible, assurez-vous que le vendeur vous accorde un droit à l’erreur. Ce serait trop dommage de se tromper sur un tiers de sa vie !
Raymond Taube