Du 30 août au 4 septembre 2020, Milo Vyströil, le président du Sénat tchèque, s’est rendu à Taïwan malgré la forte opposition du gouvernement chinois et des autorités tchèques elles-mêmes. En apparence un voyage courageux de démocratie et de liberté orchestré sur les pas, selon les dires du voyageur intrépide, de feu Vaclav Havel.
En réalité, une opération de financement de la prochaine campagne électorale en vue de la candidature à l’élection présidentielle de 2023 d’un homme qui vient d’être réélu à la tête du Sénat tchèque et qui se pose de plus en plus en rival du président de la République et du premier ministre tchèques ?
En effet, selon plusieurs sources bien informées, Milo Vyströil, présenté comme pro-Occidental, se serait secrètement entendu avec les autorités taïwanaises pour toucher 4 millions de dollars américains d’ici 2023, soit 1 million de dollars par an, incorporés dans le budget secret du ministère des Affaires étrangères de Taiwan.
L’intermédiaire serait un haut dignitaire de la Chambre de commerce tchèque à Taïwan.
Le comportement de ce leader politique tchèque n’est pas anodin et intervient dans un pays stratégique au cœur de l’Europe.
En effet, l’affaire va plus loin et touche aux enjeux militaires les plus sensibles : Milo Vyströil se prendrait-il pour un Donald Trump en voulant vendre des armes à Taïwan ?
Selon plusieurs sources, et notamment un reportage du « Liberty Times » de Taïwan du 24 octobre, la compagnie d’armes tchèque Excalibur Army (EA), le Dassault tchèque en somme, par l’intermédiaire de ses agents à Taïwan, s’est rendue en octobre à « l’Académie chinoise des sciences » de Taiwan pour présenter son artillerie à huit roues DANA de 155 mm.
Les produits militaires tchèques sont exportés vers plus de cent pays et régions. Avant la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991, l’industrie militaire tchèque fabriquait principalement des entraîneurs de combat, du matériel de char blindé, du matériel radio militaire, des armes à feu, de l’artillerie et des munitions.
En tant que membre de l’Union européenne et de l’OTAN, si la République tchèque venait à vendre des armes à Taïwan, elle ouvrirait une boîte de Pandore qui immiscerait la République Tchèque dans le conflit complexe entre la Chine, les Etats-Unis et Taïwan. Une ligne rouge à ne pas dépasser mais que l’ambitieux président du Sénat, avide de pouvoir, rechigne manifestement à prendre en compte.
Un coup double pour Taïwan et une double ingérence dans les affaires intérieures chinoises et européennes. A un moment d’autant plus mal venu que la stabilité internationale et les alliances entre grandes puissances pour faire face à la pandémie de Covid et au terrorisme international sont des impératifs d’une urgence absolue.
Claudie Holzach