Coup de cœur pour le dernier ouvrage de Caroline Fourest « Génération offensée, de la police de la culture à la police de la pensée » en lice pour le prix Femina 2020
Editorialiste, réalisatrice, ancienne collaboratrice à Charlie Hebdo, figure intellectuelle incontournable en ces temps de crise, Caroline Fourest, dans cet essai, nous alerte sur ce mal qui ronge la société tant en Amérique du nord qu’au cœur de la société française : « une peste de la sensibilité » qui « ridiculise l’antiracisme », touche les espaces de savoir et de création, une « politique de l’identité » qui maintient les stéréotypes, qui confisque la parole et où la censure règne en maître absolu. Et « cette police de la culture ne vient pas d’un Etat autoritaire mais de la société » et, plus particulièrement, d’une jeunesse autoritaire et hystérique qui amène un champ de ruines intellectuel et culturel là où se trouvaient des échanges riches, un métissage, un espace de liberté, espace dans lequel pouvait souffler un esprit universaliste.
C’est la gauche moraliste et identitaire qui a engendré ce fléau. Les exemples abondent et ils sont glaçants : intimidations, agressions, suppressions de cours, d’études, d’ouvrages, boycotts, renvois… La liste est longue, trop longue…
Cet essai condamne sans interdire. Il alerte. Il élève l’esprit. C’est un cri d’appel à la vigilance, à l’action, au courage, « un sentiment d’urgence ». Il nous faut arrêter « cette vision inquisitrice et sectaire de l’identité et de la culture » véritable gangrène qui étouffe à petit pas mais d’une manière implacable l’espace dédié à l’égalité et aux libertés.
A lire absolument par toutes les générations !
Au lendemain de cette rentrée scolaire placée sous le sceau de l’hommage à Samuel Paty, enseignant assassiné par un terroriste islamiste, la rentrée des Prix littéraires serait honorée en couronnant cet essai brillant et infiniment d’actualité.
Lucie Breugghe
Docteur en Sciences Humaines