Les temps sont durs… Les Français, et pas seulement eux, sont de plus en plus nerveux, tendus, inquiets. Même le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’est emporté à l’Assemblée nationale : on lui pardonnera cet excès que l’on préférera mettre sur le compte d’une extrême fatigue plutôt que d’un chantage émotionnel inapproprié (tout de même si un ministre, de surcroît médecin, a le droit d’insulter la représentation nationale parce qu’il a vu deux jeunes patients intubés sur un lit de réanimation, quels excès pourraient se permettre les familles qui ont perdu un proche décédé en réanimation ?)… Peut-être que le ministre devrait renouveler sa literie…
Car il faut se le dire, le reconfinement puis le déconfinement puis le stop and go risquent de durer longtemps. Notre fatigue et nos insomnies, nos heures à télétravailler sur notre lit (allez, avouons, nous avons tous cédé au moins une fois, pardon au moins dix fois, à la tentation de nous allonger pour lire nos mails et attendre l’appel du patron…).
Et là il y a de quoi agir et trouver des solutions comme nous aimons les explorer à la une d’Opinion Internationale ! Plutôt que de nous bourrer d’antidépresseurs et d’anxiolytiques (dont les Français sont déjà les plus gros consommateurs), nous gagnerions à organiser, voire ritualiser la décompression, la décontraction, la récupération physique et mentale. Tout le monde ne se mettra pas au yoga, mais soigner notre repos, notre sommeil est une quête que nous devons tous mener.
Cela nous conduit bien évidemment à aborder la question, – pardon la solution -, du lit (avant d’y être bordés) dans cette rubrique qui lui est dédiée. Car le lit est, plus que jamais, l’antre de la réparation des corps et des âmes blessés ou meurtris. S’allonger sur ou dans son lit doit être un moment béni, une libération, une offrande. Il est interdit de ne pas s’y sentir bien.
Or, pour qu’il nous rende tout l’amour que nous lui vouons, le lit doit lui aussi être soigné et bichonné, pour qu’il puisse en échange nous apporter ce sommeil réparateur si essentiel.
Pour être terre à terre (avec le lit au milieu, tout de même), l’heure, grave, solennelle, est peut-être venue de nous souvenir qu’il faut parfois retourner son matelas (ou en changer s’il se plie en deux dès qu’on s’y allonge !).
Avec le temps, avec des mois d’intense usage depuis le confinement de mars 2020, le lit s’use, vieillit. Les Français sont connus pour leur hygiène parfois improbable. Eh bien, figurez-vous, chers lecteurs, que cette problématique se pose jusque dans le lit : nous, Français, ne renouvelons pas assez notre literie ! Quatorze ans en métropole, huit ans chez nos amis allemands.
Retourner le matelas, renouveler la literie plus souvent, tout cela participe de cette hygiène du lit qui contribue à un sommeil réparateur et donc à notre santé.
Y pensions-nous ? Le lit est en parfaite harmonie avec la définition de la santé donnée par l’OMS : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Or mal dormir peut engendrer ou aggraver des problèmes musculo-squelettiques ou psychiques, notamment en cas d’insomnie. Hors dimension pathologique, bien dormir joue donc un rôle fondamental dans la quête de « l’état de complet bien-être physique, mental et social » visé par l’Organisation mondiale de la santé.
Dans les prochaines semaines, les prochains mois, peut-être les prochaines années, nous serons en guerre contre le Covid-19. Le repos du guerrier est indispensable à sa vaillance au front, à sa détermination, à son efficacité, parfois à sa survie. Bien dormir dans un bon lit n’est plus une option ou un caprice de bien-portant. C’est un atout dans notre combat contre l’adversité, peut-être une condition de notre triomphe.
Allez, nous ne demanderons pas à Olivier Veran et Bruno Lemaire le remboursement par la sécurité sociale du renouvellement de notre literie, mais, c’est promis, nous avons déjà retourné le matelas et un beau cadeau de Noël pour Madame ou Monsieur sera de lui offrir un nouveau lit !
Michel Taube