Il peut paraître osé d’évoquer le mal de dos, et plus encore de rappeler qu’il est parfois qualifié de mal du siècle, alors que nous sommes en pleine épidémie de Covid-19. Pourtant, deux Français sur trois (et même 90 % selon certaines sources) se plaignent de leur dos.
Évidemment, ceux qui sont assis devant un écran du matin au soir (et parfois du soir au matin lorsqu’ils utilisent leur ordinateur à des fins ludiques après une journée de travail) ne doivent pas s’étonner de souffrir du dos. La position assise, quasi figée, durant plusieurs heures d’affilée n’est pas la meilleure amie de votre colonne vertébrale. Il faut ménager un minimum de temps pour bouger, marcher, se tenir debout. Il faut aussi savoir choisir son siège ou son fauteuil, surtout si l’on souffre du dos. Le cas échéant, il faut consulter un médecin, un kiné, un ostéopathe.
Mais la source des douleurs est souvent ailleurs : une mauvaise literie, un couple matelas-sommier qui bat de l’aile (il vaut alors mieux divorcer !) peut engendrer des « troubles musculo-squelettiques », comme on dit en médecine du travail, dont le mal de dos est la première manifestation.
La cause la plus fréquente de ces maux est un matelas qui n’apporte pas suffisamment de maintien, notamment lorsqu’il n’a pas été renouvelé depuis de longues années (les Français changent de matelas tous les quatorze ans, contre huit pour nos amis et voisins allemands).
Quels que soient sa qualité et son prix, un matelas ne peut être éternel. Les mousses se tassent, les ressorts s’affaissent après avoir porté notre corps si svelte et si léger pendant 25550 heures (à raison de 7 heures par nuit durant dix ans). Et si la qualité n’y est pas au départ, ce sera même bien avant que le matelas ne remplira plus son rôle salvateur. Comme le mal de dos, le vieillissement de la literie s’installe progressivement, sans qu’on n’y prenne garde. C’est un mal insidieux, aux effets aussi pervers que nombreux, car au mal de dos s’ajoutent la mauvaise qualité du sommeil, le réveil difficile, la fatigue pesante, l’irritabilité…
Parfois cause du mal de dos, la literie peut aussi grandement contribuer à le soulager, voire à le faire disparaître. Le bienfait d’une bonne literie se ressent même instantanément, au moment où l’on s’y allonge pour la première fois. Il s’en dégage une sorte de plénitude réparatrice. Presque en lévitation, on se sent porté délicatement. Ni dureté agressive et désagréable ni mollesse dont la douceur piégeuse est en réalité une agression de la colonne vertébrale. Un vrai lit, un bon lit, c’est un concentré de technologie bien cachée, c’est un véritable équipement sanitaire, un instrument de bonne santé.
Sur le plus long terme, votre dos vous remerciera de l’avoir gratifié d’une bonne literie. Outre le confort et même le plaisir, elle a incontestablement des vertus sanitaires préventives comme curatives. Et elle agit longtemps, avec obstination et détermination, nuit après nuit, heure après heure.
Bien dormir, c’est bien vivre. La rime est facile, mais c’est une vérité, presque de La Palice. Et pourtant, dans un pays où l’exception est de ne pas souffrir du dos, elle est une porte enfoncée qu’il faut encore enfoncer… pour ne pas s’enfoncer dans son vieux matelas déglingué qui vous déglinguerait. Trop facile, la rime !
Bonne et réparatrice nuit !
Raymond Taube