La France déprime ! Même le ministre de la santé, Olivier Veran, le confesse : « On l’appelle mal-être, ras le bol, stress, anxiété ou déprime, l’impact est réel. Nos vies sont bouleversées en profondeur », a convenu le ministre en mettant l’accent sur la situation des étudiants. Tel un mollusque que le danger incite à se recroqueviller dans sa coquille, l’Homme inquiet se réfugie donc dans sa coquille, sa maison et son « cœur de coquille » : son lit !
En cette période d’incertitude, alors que la France va de crise en crise, entre couvre-feu et confinement, entre violence urbaine et crime islamiste, alors que l’économie souffre et que l’explosion sociale couve, le lit est aussi une échappatoire, la porte des rêves, dont on espère qu’ils ne deviennent cauchemars.
On peut même le voir comme un vecteur d’égalité sociale, car même s’il existe de considérables différences de qualité et de confort (et de prix) entre une literie et une autre, le « riche » dans son palace ou le « pauvre » dans son HLM se retrouveront dans un espace de dimension équivalente, son rectangle des songes. Le sommeil, bon ou mauvais, le rêve comme le cauchemar, n’ont pas de dimension sociale. Si lutte des classes il devait y avoir, ce serait peut-être celui qui a le plus de responsabilités, qui prend le plus de risques, celui dont la situation est a priori la meilleure et qui a donc le plus à perdre, qui dormirait le plus mal. Le sommeil d’un commerçant au bord de la faillite à cause d’un confinement d’une iniquité qu’aucun pays ne nous envie (il n’y a pas que les 35 heures !) doit être agité. Sueurs froides…
Le 4 décembre, puisque la date retenue du Black Friday a été repoussée de haute lutte, Françaises, Français, dormez la nuit et ne passez pas des heures à cliquer sur Internet pour acheter foison de produits et de biens ! Dormez plutôt et allez dès le 5 septembre chez votre commerçant voisin consommer vos deniers économisés et acheter un bon repas de fête à emporter de votre restaurant préféré et résistant.
Ah le lit, ou plus généralement la maison, le home sweet home, sont des symboles et des symptômes d’une époque hors norme, d’un monde que l’on n’imaginait pas il y a un an, alors que planait déjà sur les commerçants, à Paris en particulier, la menace d’une grève d’une poignée de privilégiés des transports, faisant une fois encore de ces commerçant les victimes expiatoires d’une société malade.
Dans ce monde devenu fou, nous sommes condamnés à avoir confiance en l’avenir, faute de l’avoir en notre gouvernement. Les Londoniens n’ont pas fléchi sous les bombes de la Luftwaffe pendant le Blitz, en 1940. Eux aussi se recroquevillaient dans leurs appartements, leurs caves, puis en sortaient revigorés et décidés à conjurer le sort. Notre guerre, du moins celle contre le Covid-19 que nous avait présenté notre chef des armées comme l’ennemi à abattre, est une promenade (mais pas de santé !) en comparaison d’un conflit armé, même si l’ennemi est plus sournois et invisible.
Nous n’avons pas à nous réfugier à la cave, à en ressortir pour découvrir un champ de ruines. Mais nous ne pouvons que nous abriter dernière nos masques et nos (gestes) barrières pour échapper aux bombes virales. Nous avons aussi nos morts (près de 50.000 en France) et nos blessés de guerre, dépressifs compris qui sont de plus en plus nombreux.
Une maladie de « riche », la dépression ? Parfois peut-être. Le lit s’avère être un outil de prévention de la dépression. Notre cocon, notre coquille, notre refuge le plus intime. S’y terrer serait une erreur fatale, mais bien y vivre ses nuits, ses réveils, ses grasses matinées dominicales, peut même s’avérer est un remède contre la mélancolie et la déprime.
De nombreuses personnes regardent la télévision au lit. La semaine prochaine, nous serons à nouveau 30 millions à regarder le président de la République nous annoncer un déconfinement saucisonné, progressif qui fera étaler sur trois mois une sortie de confinement étouffante. Combien serons nous à regarder le chef de l’Etat de nos lits douillets ?
Allez, positivons ! Pensons à nos aimés et à nos proches. Le lit ne nous portera en douceur vers les songes et nous en ramènera optimiste et revigoré que s’il est associé à des pensées positives. Un bon film (évitez « contagion » ou « virus » !), un bon spectacle, n’importe quel divertissement permettant de se vider l’esprit fera l’affaire. Sinon, il vaut mieux éteindre la télé et ne pas regarder Macron nous asséner ses vérités culpabilisatrices !
Michel Taube