Les « Grands Hommes » seraient-ils fâchés avec leur lit ? Il se dit qu’ils dormiraient peu, ou très peu, qu’ils n’auraient pas de temps à perdre ou que leur métabolisme serait si exceptionnel qu’il en rendrait le sommeil superfétatoire. Mais sur quoi est fondée cette assertion ? Et d’abord qu’est-ce qu’un « Grand Homme » ? La notoriété est un critère incontournable. Elle est une condition nécessaire, mais évidemment pas suffisante de la « grandeur ». Personne ne sait comment dorment les illustres inconnus, si géniaux soient-ils. Un scientifique au fond de son laboratoire qui oublie que les heures tournent et qu’il va bien falloir dormir quelques heures, le webmaster génial qui dort (un peu) le jour et travaille la nuit sur ses trois écrans d’ordinateurs alignés devant ses yeux fatigués. Mais, c’est vrai, la grandeur doit être bien visible pour que l’on puisse se pencher sur le lit de ceux qui la personnifient.
Commençons par quelques hommes d’État célèbres : Benjamin Franklin, un des Pères fondateurs des États-Unis d’Amérique, considérait le sommeil comme une perte de temps, car après son décès, il aurait l’éternité pour s’y consacrer. Napoléon Bonaparte ou Winston Churchill, dont la Saga du lit a déjà visité leurs lits entrés dans l’histoire, étaient aussi de petits dormeurs : trois ou quatre heures par nuit, tout au plus. Ils trouvaient toutefois le temps de quelques petites ou grandes siestes (jusqu’à deux heures pour le héros britannique de la Seconde Guerre mondiale). Jacques Chirac, dont les nuits étaient courtes, était aussi un adepte de la sieste. Emmanuel Macron et, plus étonnant, Donald Trump, ne seraient pas non plus de grands adorateurs de la grasse matinée. Bon, évoquer Trump et Macron après Napoléon et Churchill pouvant être considéré comme une conception extensive ou généreuse de la grandeur. L’Histoire jugera…
Quittons le terrain de la politique pour aller sur celui des génies absolus. Albert Einstein était un gros dormeur, puisqu’on lui prêtait l’habitude de passer 11 heures sur 24 dans son lit. Mais dormait-il vraiment ou imaginait-il les théories qui révolutionneront la physique ?
À l’opposé, Victor Hugo ou Léonard de Vinci dormaient peu, ce dernier faisait même dans l’originalité : une sieste de 20 minutes par tranche de quatre heures, ce qui nous fait deux heures par jour (et nuit) au total. Au moins sait-on qu’il n’avait pas inventé le matelas !
Si les besoins en sommeil varient d’un individu à l’autre, en fonction non seulement de son activité, mais aussi de son métabolisme, il apparaît que la thèse du Grand Homme qui dormirait si peu tient plus du mythe que de la réalité. En revanche, ceux qui, grands ou petits, ont une activité très intense auraient peut-être besoin d’une journée, et non d’une semaine, de 35 heures, si après leur travail, ils voulaient encore s’occuper de leurs proches et s’offrir quelques loisirs. D’autres sont si stressés qu’ils peinent à s’endormir ou se réveillent en pleine nuit. Mais l’insomnie est un autre sujet, que nous traiterons une autre fois, lorsque nous en serons victimes, par exemple. Il en va de même de la durée idéale du sommeil, si elle existe.
Certains grands hommes sont de grands hommes normaux devant le sommeil et leur lit : Bill Gates, fondateur de Microsoft, Jeff Bezos, P.-D.G. d’Amazon, Carlos Tavares, P.-D.G. de PSA ou Arianna Huffington, directrice générale du Huffington Post, elle qui avait fait un burn-out avant de comprendre que le sommeil est vital, dorment sept ou huit heures par nuit, comme la moyenne du commun des mortels.
Dans le domaine des arts et spectacles, plus que la durée du sommeil, ce sont quelques habitudes singulières qui peuvent être soulignées, des caprices de stars peut-être : le romancier américain Stephen King serait un maniaque du positionnement des oreillers. L’ancien footballeur anglais Wayne Rooney avait déclaré laisser l’aspirateur allumé pour s’endormir.
Finalement, la reine de la nuit est peut-être la chanteuse (et femme d’affaires) américaine Mariah Carey, non pas pour ses virées en boîtes de nuit, mais parce qu’elle dort jusqu’à 15 heures par nuit, entourée d’humidificateurs, pour reposer sa précieuse voix. Voici qui pourrait inspirer notre partenaire de cette saga du Lit, Maison de la Literie, s’il cherchait une égérie !
Et si au final, la clé de la grandeur tenait au confort douillet du lit de ces illustres mortels ? Nous n’avons pu le demander aux personnages historiques passés à la postérité mais nous promettons à nos lecteurs d’interroger régulièrement celles et ceux que nous aurons l’opportunité de rencontrer et de vous en rendre compte au terme d’une année d’enquête…
Bonne nuit, donc. Longue ou courte, mais toujours douce et réparatrice.
Michel Taube