Elle est chroniqueuse littéraire pour Opinion Internationale. Anne Bassi, amoureuse des livres au point de leur y consacrer presque une deuxième vie, a commis son premier roman. Un petit bijou qui méritait un dossier à la Une d’Opinion Internationale et surtout d’être lu. Avant-goût en trois parties avec un dossier signé Catherine Fuhg, journaliste et romancière elle-même : Des Matriochkas au Transgénérationnel. Entretien avec Salomon Sellam
Médecin et psychosomaticien, Salomon Sellam s’est spécialisé dans la psychogénéalogie avant d’aller encore plus loin en créant le concept de Transgénérationnel. Afin de s’octroyer la liberté nécessaire à la diffusion de ses textes, il a fondé en 2002 les éditions Bérangel, dont le nom est hommage à l’avenue du Bérange à Saint-Drézéry, où en est née l’idée. Le nom, la date, les circonstances d’une naissance, tout a son importance – il pourrait en parler des heures. Il est l’auteur à ce jour d’une trentaine de livres dont Le Syndrome du gisant (1), un best-seller.
Outre ses propres ouvrages, il publie des documents ou essais sur des thématiques qui touchent son domaine de compétence, comme la psychanalyse, la philosophie, la sexologie, le développement personnel, les neurosciences, entre autres. Il a choisi, et c’est exceptionnel, de lancer un roman, le premier d’Anne Bassi, Le Silence des matriochkas. Il nous a dit pourquoi, et nous en avons profité pour l’interroger plus avant sur sa spécialité.
Opinion Internationale : Comment en êtes-vous arrivé à publier le roman d’Anne Bassi ? Et en quoi entre-t-il dans la ligne de votre maison d’édition ?
Salomon Sellam : Le manuscrit nous a été envoyé par la poste. Après l’avoir lu, et beaucoup aimé, ma fille qui est à la fois la directrice et éditrice des éditions Bérangel l’a présenté au comité de lecture qui a approuvé son projet de publication. Donc, rien que de très classique. Quant à la thématique du livre, elle entre clairement dans le domaine de la psychosomatique. La psychosomatique, c’est toutes les influences de l’esprit sur le corps, avec des sources de conflit qui parfois ne nous appartiennent pas personnellement mais à une personne de notre clan – les quatre dernières générations de notre famille. Or dans le livre d’Anne Bassi, on voit une femme qui se sent mal. Sans pouvoir s’expliquer pourquoi. Ce genre de phénomènes renvoie toujours à une problématique transgénérationnelle. Ce roman était donc pratiquement destiné à être publié par les éditions Bérangel.
Vous parlez de psychogénéalogie et de Transgénérationnel, avec une majuscule, pouvez-vous expliquer la différence ?
La psychogénéalogie, c’est l’étude de la dynamique de l’arbre généalogique. Et le Transgénérationnel, c’est une technique de diagnostic rapide, qui permet de localiser la personne avec qui vous êtes relié dans votre arbre généalogique. La personne dont le traumatisme résonne en vous et impacte directement votre vie, à votre insu. Pourquoi j’ai créé cette technique ? Parce que la psychogénéalogie, une sorte de psychanalyse des origines, peut durer trois, quatre ans. Or moi, je suis médecin. Si j’ai un patient qui vient me voir avec un cancer du pancréas, je n’ai pas des années pour l’aider…
Pouvez-vous expliquer comment cela fonctionne ?
Un clan, je vous l’ai dit, c’est quatre générations. Donc une centaine de personnes. Et parmi ces cent personnes, il faut repérer celle qui est à l’origine du mal-être, autrement dit localiser le drame fondateur en lien avec la problématique du patient ? La technique est simple. Les pistes sont parfois des correspondances de prénoms, d’âges de décès, ou des dates de naissance qui coïncident, ou d’autres choses encore. J’avais par exemple une dame qui ne comprenait pas le suicide de son fils. Grâce au Transgénérationnel, nous avons pu remonter à un parent mort au même âge d’une manière similaire. Cette découverte a permis à ma patiente de comprendre enfin le geste de son fils et l’a aidée à faire son deuil.
Ces phénomènes sont-ils courants ?
Pas seulement courant, mais généraux. Plus je travaille et plus je suis convaincu que nous touchons avec la psychogénéalogie à notre fonctionnement archaïque. Le fonctionnement de notre inconscient collectif. Chez les lions, ça fonctionne comme ça, chez les grenouilles, les gazelles, comme ça. Chaque espèce a son mode de fonctionnement. Eh bien, l’être humain, il fonctionne comme ça, en Transgénérationnel. Les milliers de consultations que j’ai données en trente ans m’autorisent à conclure que ce fonctionnement est général et non pas spécifique à certaines personnes.
Pourquoi d’après vous cette pratique est-elle importante ?
Parce qu’elle soulage et souvent soigne. Je le constate chaque jour et depuis des années.
Propos recueillis par Catherine Fuhg
(1) Aux éditions Bérangel, Latillé, 2004.
Commander « Le silence des Matriochkas », Ed. Bérangel, 2020, 16 €