Qui n’aime pas dormir ? Se glisser dans des draps frais ? Quel plaisir de se jeter, après une longue journée, sur un matelas bien moelleux, sans risquer à l’atterrissage de se briser les os ! Le lit est le refuge où nous accueillons nos rêves – à moins que ce soit le contraire –, à condition qu’il soit le bon. Comme un ami, le lit doit être bien choisi. C’est à cela que veille Muriel Chardin avec passion.
Directrice générale opérationnelle de Maison de la Literie depuis janvier 2020, Muriel Chardin ne s’était pas destinée à travailler dans la vente ni dans le lit. Comme tous les parcours exceptionnels, le sien est en lacets qui montent, qui montent… Alors qu’elle étudie la puériculture, elle entre au BHV comme vendeuse, pour gagner son argent de poche. Et elle y attrape le virus. La vente, c’est le contact, l’humain. Elle adore. Entre le BHV et Maison de la literie, elle a sévi au Bon Marché, aux Galeries Lafayette, et quelques autres grandes maisons. Elle a même fait un détour par ses premières amours, se consacrant plusieurs années à la jeunesse délinquante, en tant qu’éducatrice spécialisée. La constante dans sa vie professionnelle : son intérêt pour l’autre.
De plus, quand on travaille dans le lit, pas question de s’endormir. Dans ce domaine, les connaissances évoluent constamment. Ça tombe bien, Muriel Chardin adore apprendre. La recherche œuvre sans cesse à améliorer les nuits et donc la vie du plus grand nombre. « Une mauvaise nuit peut ruiner complètement le jour qui suit. Et une bonne l’illuminer », explique Muriel Chardin.
Son rôle est de chapeauter plus de soixante magasins Maison de la Literie, Mobeco et Univers du Sommeil entre autres marques. Mais elle ne se contente pas de rester dans son bureau, à déguster son statut. Souvent, pendant le week-end, elle prend du service à la vente, dans une succursale parisienne. « On ne peut pas bien diriger si on perd le contact avec ceux qu’on dirige. » En plus, cela lui permet d’entendre les besoins des gens, de renouer avec l’échange, l’humain.
Entretien avec une femme passionnée.
Opinion Internationale : Pour vous qu’est-ce que le lit représente ?
Muriel Chardin : Le lit, c’est le cœur de la chambre à coucher, notre lieu le plus privé. Un cocon. Réservé aux intimes. On ne la fait pas visiter à nos invités par exemple, comme le reste de la maison, la cuisine ou le salon. La chambre est presque sacrée. Le lit est un acteur fondamental dans la vie du couple. Et même un facteur important de sa longévité. On y donne la vie, d’une certaine manière. D’ailleurs, en général, les gens choisissent leur lit ensemble. Même si l’un ou l’autre a pu faire un tour au magasin en éclaireur, la décision finale se prend à deux.
Quelles sont les aires de recherche dans le domaine de la literie ? Les directions ?
Dans le lit, tout est question de confort. Nous cherchons donc à l’améliorer au maximum. Par la nature des matériaux, la structure des matelas, des sommiers, d’un point de vue ergonomique. On reconnaît les besoins selon les âges, le sexe – hommes et femmes ne dorment pas de la même manière ni dans les mêmes positions –, la sensibilité. Et ces besoins, nous travaillons sans cesse à les satisfaire au plus près.
Quelles sont les tendances actuelles ?
D’abord, le naturel. La clientèle est de plus en plus consciente et exigeante en matière de respect de la planète et de l’écosystème. Mais ce n’est pas la seule raison de ce choix. Le naturel, c’est hypoallergénique, donc plus sain. Nous travaillons aussi au recyclage des matériaux utilisés et des recherches sont faites dans ce sens.
L’obsolescence des matelas est-elle programmée comme celle de tant d’autres produits ?
Programmée non, mais prévisible. Au bout de quelques années, l’usure est tout à fait normale. Un matelas qui vous a porté une dizaine d’années en moyenne a le droit d’être fatigué. D’ailleurs, s’il vous convenait quand vous l’avez acheté, il ne vous convient plus maintenant. En dix ans, vos besoins ont évolué. Il vous faudra un matelas plus moelleux, pour ménager votre corps.
Pour finir sur un point d’actualité, la crise Covid a-t-elle impacté le rapport de vos clients à leur lit ?
D’abord, comme tous les magasins de produits « non essentiels », nous avons souffert des confinements successifs. Cependant, pendant cette période, les gens ont passé beaucoup de temps chez eux et dans leur lit, bien plus que d’habitude, et ont donc pris conscience, parfois cruellement, que le confort est essentiel. Cela les a incités à revoir leur literie. Nous avons pu le constater dès notre réouverture. Cela nous permettra peut-être de réussir à compenser les pertes que nous avons subies.
Propos recueillis par Catherine Fuhg