Le lit connecté existe. Tout comme le tee shirt connecté, le réfrigérateur connecté, l’aspirateur connecté… La seule chose qui n’aura bientôt plus besoin d’être connectée, c’est le cerveau ! Nous serons des robots totalement assistés et guidés. C’est un peu comme le GPS. On peut faire dix fois le même trajet sans le connaître par cœur lorsque l’on s’y réfère aveuglément : « Tournez à gauche ». Mais la rue est barrée, et nous voilà paumés !
Alors bien sûr, le trait est un peu forcé. Ces objets connectés sont souvent bien utiles, et parfois vitaux lorsque l’on songe aux capteurs médicaux au service de la télémédecine, en particulier la télésurveillance encore balbutiante. Le matelas et l’oreiller connectés peuvent surveiller notre sommeil. « Retournez-vous ! » me hurle mon oreiller à trois heures du matin, ou « levez-vous », lorsqu’il a détecté que s’achevait un cycle de sommeil. J’avais oublié de souffler au creux de l’oreille de mon oreiller (sic) que ce dimanche matin, j’aspirais à la grasse (et grâce) matinée. Raté ! À quand le lit qui me dit quand aller faire pipi ?! Nous n’en sommes pas encore là, mais qui sait… On nous inventera bien des sous-vêtements qui nous diront quand en changer (mince alors, ça fait trois semaines que les piles sont à plat !).
Le lit connecté qui peut aider à détecter des troubles du sommeil, cela fait sens, évidemment… si l’on souffre de tels troubles. Il suffit d’ailleurs de s’équiper de quelques capteurs : chaleur corporelle, rythme cardiaque, détection des mouvements… rien de plus, finalement que ce que proposent déjà les montres et bracelets connectés pilotés par une application de smartphone, et qui, promis juré, n’envoient pas nos précieuses données à des tiers sans notre accord (une compagnie d’assurance, au hasard ?). Une autre fonction du lit connecté est de permettre de surveiller à distance le sommeil des enfants ou les constantes vitales des personnes âgées afin de lancer une alerte, le cas échéant.
Le méga top du confort nocturne high tech peut même aller jusqu’à ajuster la température de la pièce, voire celle du matelas, au cas où un rêve déclencherait quelques chaleurs incontrôlées (faudrait pas que le système s’emballe !). Chauffage et climatisation intégrés au matelas, voilà qui ne va pas améliorer le taux de CO2 dans l’atmosphère.
Le concept de lit connecté peut aussi s’appliquer au loisir : connexion Wifi et USB, tablette graphique à écran souple intégrée, massages régulés, variation de la fermeté du matelas ou du sommier… L’imagination est sans limites lorsqu’il s’agit, comme on le disait feu le cofondateur d’Apple, Steve Jobs, de rendre indispensables des choses inutiles.
Ce qui n’est pas inutile, c’est un lit dans lequel on se sente bien et qui apporte un sommeil réparateur. Pour le reste, vivre et dormir connecté peut apporter un supplément de confort, comme relever du goût immodéré pour le gadget. Mais on peut aussi craindre une déviance digne des scénarii qu’on croyait appartenir à la fiction. Hyper connecté, hyper surveillé, hyper assisté… De nombreuses innovations futiles disparaissent aussi vite qu’elles apparaissent. Hormis le lit connecté à visée sanitaire, le tri est encore à faire dans toutes ces trouvailles. Bon… L’heure est à la DÉCONNEXION. On débranche tout et on dort. Bonne nuit !
Raymond Taube