« When the Music died » (quand la musique meurt). Ces mots en couverture du magasine américain Time, quelques jours après l’assassinat de John Lennon, le 8 décembre 1980, illustrent ce qu’apporta le co-leader des Beatles à la musique. Chaque siècle a ses génies, et nul doute que John Lennon, et quelques autres, comme Paul McCartney ou David Bowie furent au XXième siècle ce que Mozart ou Beethoven furent au 18ème.
Lennon et McCartney. Si l’on y ajoute Harrison et Ringo Starr, nous obtenons un phénomène unique par son intensité (tout se déroula en sept ans) et sans équivalent dans l’histoire de la musique, tant sur le plan créatif que sur celui de l’impact social, en particulier aux États-Unis où il n’était pas même imaginable que des Anglais puissent déclencher pareil bouleversement.
Certains soutiennent que McCartney avait besoin de John Lennon pour être génial, alors que l’inverse ne fut pas vrai. Imagine, la plus belle des utopies musicales, et la plupart des autres chansons figurant sur l’album éponyme et sur celui qui le précéda Plastic Ono Band auraient eu leur place sur un album des Beatles. Mais l’immense répertoire de McCartney, qui publie ces jours, à l’âge de 78 ans, un nouvel album (le précédant Egypt Station atteignit en 2018 la première place des classements américains) est également riche de quelques pépites.
John Lennon, dont on dit qu’il aurait pu être un Rolling Stones, a néanmoins une dimension blues spécifique. Déjà avec les Beatles, il exprimait son mal de vivre (Help, Yer Blues, Hapiness is Warm Gun), qu’il confirma dans ses premières compositions en solo (Mother), en s’engageant également sur le terrain politique, notamment contre la guerre du Vietnam (Give Peace a Chance). Lorsque peu avant son assassinat, John Lennon et sa compagne Yoko Ono retrouvèrent le goût à la musique et le chemin des studios, après cinq ans de baby-sitting intensif, le résultat en fut double fantasy, un album de joie, de bonheur et d’amour. Presque du McCartney !
Assassiné par un fan, Mark David Chapman à l’âge de 40 ans, alors qu’il avait retrouvé foi en la musique et qu’il avait tant à donner : quel gâchis ! S’il fallait trouver une consolation à ce drame, c’est peut-être qu’il mit un point final et irréversible aux Beatles, conservant pour l’éternité le mythe et l’œuvre en l’état. L’État de chef-d’œuvre, jusqu’à la dernière note du dernier album Abbey Road. Ce 8 décembre 1980, on sut que les Beatles ne se reformeraient pas. Tant mieux. Mais on aurait tellement voulu voir et entendre encore John Lennon, découvrir ses nouvelles compositions, ses nouvelles prestations scéniques, ses nouvelles associations avec d’autres musiciens…
Let It Be donc, même si cette chanson est de McCartney.
Marginal Ray
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