Que se passe-t-il à la Présidence du Sénégal depuis deux semaines ? Une lutte féroce oppose le Chef de Cabinet, Mame Mbaye Niang, au Directeur du cabinet, Mahmoud Saleh.
Guerre picrocholine ou crise majeure au centre de l’exécutif ?
Mahmoud Saleh est le personnage central de cet affrontement. Originaire de Dahra, cet ancien trotskyste qui fut étudiant et diplômé à Bordeaux, a été un militant actif des centrales syndicales. Il a participé à la naissance de la Ligue Communiste des Travailleurs Autonomes, de l’Union pour le Renouveau Démocratique avant d’adhérer à l’Alliance pour la République (APR).
Intelligent, cultivé, rigoureux, brillant, discret, il accompagne Macky Sall depuis la première heure et place l’intérêt supérieur de la nation au-dessus de tout. Homme de confiance du Président, il n’a pas hésité à attaquer ceux qui, récemment, contestaient le chef de l’Etat, au sein de son parti, l’APR, et il a demandé leur démission. Ce qui fut fait pour Moustapha Diakhaté.
Le Directeur de Cabinet, Ministre d’Etat, très apprécié et redouté des milieux intellectuels français anime une « task force » surnommée « laboratoire politique » du Président.
Des penseurs et stratèges s’y activent pour élaborer notes et actions pour le Président et l’aider dans la gestion du pays et pour définir ses stratégies d’avenir.
Alors pourquoi cette crise ? Ne voilà-t-il pas que le chef de Cabinet du Président attaque Saleh dans les médias, émettant des doutes sur la qualité de ses diplômes et son niveau pour occuper ses hautes fonctions auprès du Président, l’accusant même de tous les maux du pouvoir comme chef supposé des « faucons » au Palais.
D’aucuns considèrent que cette cabale est liée au rapprochement récent entre Macky Sall et Idrissa Seck, favorisé par Saleh alors que d’autres préféraient des retrouvailles avec l’ancien Président Wade.
En somme, à travers Mahmoud Saleh, l’opération de sabotage menée viserait la stratégie de réconciliation du Chef de l’Etat.
Gilbert Samb, jeune « apériste » de Thiès, a demandé que le chef de cabinet, par ailleurs accusé de corruption, soit démis de ses fonctions dans les plus brefs délais et traduit devant la commission de discipline du parti.
Chose étonnante dans cette affaire, le silence du premier concerné, Macky Sall ! Comment le Président sénégalais peut-il accepter que Saleh, son compagnon de fortune et d’infortune, qui ne lui a jamais fait défaut, puisse être ainsi mis en cause et agressé ?
Certes, beaucoup dans l’entourage présidentiel et dans les milieux politiques, même s’ils n’ignorent pas que la politique est souvent école d’ingratitude, considèrent que le Chef de l’Etat doit mettre fin à cette polémique et conforter son fidèle Saleh.
A défaut, l’Etat et la Présidence s’en trouveront affaiblis.
Michel Taube
Michel Scarbonchi