Emmanuel Macron a la Covid. Inutile de perdre son temps sur les réseaux sociaux pour savoir que le complotisme est à l’œuvre, entre « il l’a fait exprès pour remonter dans les sondages » et « c’est bidon ». Laissons donc ces imbéciles à leur sort.
A vrai dire, il n’y a rien de si surprenant à cette information qui, nous l’espérons, restera au stade de la péripétie, du moins en ce qui concerne la santé d’Emmanuel Macron, l’homme autant que le président, et celle de ses proches.
La Vème République n’est pas un système institutionnel sans défaut, mais elle orchestre parfaitement la continuité de l’État, même dans les pires hypothèses. Emmanuel Macron a toutes les chances de ressentir, au pire, un gros coup de fatigue et peut-être quelques brèves poussées de fièvre. Après tout, un repos forcé, qui permet aussi de casser le rythme effréné de l’exercice du pouvoir, peut aussi être l’occasion de se ressourcer psychologiquement et intellectuellement. Les journées (et non les semaines) de 35 heures, cela ne favorise pas nécessairement la lucidité indispensable à la conduite des affaires du pays !
Il y a tout de même quelques premières leçons à tirer ce de pas de dance entre le Président et la princesse Corona (titre d’une chanson de l’auteur – compositeur Marginal Ray)…
La première est que l’arrivée prochaine du vaccin est une chance, car par quelque bout qu’on le prenne, le ratio bénéfice-risque plaide très largement en faveur de la vaccination. Mais nous Français, sommes parfois compliqués : hier, on pestiférait (ou covidait !) contre la pénurie de masques, et quand ils arrivèrent, on rechigna à le porter. Hier, les soignants montraient du doigt le gouvernement (et parfois lui montraient le chemin du tribunal) pour ne pas avoir su les protéger, et aujourd’hui, une majorité de ceux qui officient en Ehpad disent refuser la vaccination (eux aussi risquent de se voir montrer le chemin du tribunal par leurs patients… ou leurs ayants droit). Vaccinons-nous pour sortir de cet enfer, et rendons même cette vaccination obligatoire (en commençant par celle des soignants) si la méfiance irrationnelle l’emportait sur la raison.
Un autre enseignement de cette contamination élyséenne est que le masque chirurgical ou celui en tissu n’assure pas une prophylaxie suffisante. Car après l’avoir longtemps nié, les scientifiques et les pouvoirs publics admettent péniblement qu’un virus n’échappe pas aux lois de la physique : lorsqu’il sort du nez ou de la bouche d’une personne contaminée, il ne tombe pas au sol, mais flotte dans l’air. Dans un lieu clos et non aéré, le coronavirus peut être en concentration suffisante pour contaminer le porteur d’un masque non hermétique.
Posons-nous donc cette question : si Emmanuel Macron avait pris exemple sur Angela Merkel, qui ne porte que des masques FFP2, aurait-il été contaminé ? En tout cas le risque aurait été moindre. Reste toutefois celui d’une transmission du virus par les yeux et bien sûr, en portant les mains à sa bouche ou son nez sans se les être lavés ou désinfectés. Puisqu’il n’est pas possible d’éviter la promiscuité lors d’une réunion de travail (surtout nocturne à plus de six personnes) du président de la République, comme dans de nombreuses circonstances que vivent les Français au quotidien, subventionner la commercialisation de tels masques fabriqués en France (actuellement vendus à partir d’un euro pièce) et réactiver la distribution la plus large de gel hydroalcoolique devraient réduire significativement la propagation du virus. Encore faudra-t-il sanctionner les égoïstes et inconscients qui s’obstinent à ne pas jouer le jeu, en particulier dans les transports collectifs.
Les représentants de certains secteurs à l’arrêt (théâtre, cinéma, spectacles…) gagneraient à intégrer au protocole sanitaire qu’ils proposent au gouvernement la remise d’un masque FFP2 à chaque spectateur, éventuellement complété par le prêt de lunettes ou d’une visière de protection désinfectée avant chaque usage. Le spectateur supporterait sans broncher ce modique surcoût. Mieux encore, cela lui permettrait de découvrir la qualité et le confort de certains masques FFP2 français, comme ceux de Paul Boyé, qui préservent les oreilles. Cette entreprise (ou d’autres) pourrait participer à l’effort, en offrant des lots de masques aux théâtres et cinémas (lorsqu’ils seront enfin autorisés à rouvrir !). Ce ne serait d’ailleurs pas un effort, mais une opération promotionnelle, comme en font par exemple des entreprises de cosmétique qui fournissent des hôtels en échantillons.
Espérons qu’un éventuel repos forcé donnera au Président de la République l’occasion de réfléchir à des alternatives aux solutions éculées, inefficaces et inéquitables que sa cour scientifico-bureaucratique lui suggère.
C’est aussi cela la prévention !
Bonne guérison et meilleure santé, monsieur le Président !
Michel Taube