Un cahier des charges de 45 pages pour un Ehpad qui doit vacciner des pensionnaires, des cadres du système administratif de santé qui étaient manifestement en vacances, un plan de vaccination qui change tous les jours en fonction des protestations des élus, des professionnels de santé et de l’opinion publique, des ministres qui refusent de donner l’exemple en se vaccinant, la chienlit s’installe à nouveau dans la conduite de notre pays ! A ce rythme, « le quoi qu’il arrive » d’Emmanuel Macron inventé dans ses vœux aux Français le 31 décembre nous annonce une tragédie nationale !
L’autosatisfaction d’Olivier Véran exprimée il y a moins d’une semaine pour justifier le retard pris par la France dans la vaccination contre la Covid, est affligeante : la lenteur serait volontaire, car la vaccination est un marathon et non un sprint. Dans d’autres pays, le ministre de la Santé aurait fait un sprint vers la sortie pour moins que cela ! Si nous en sommes en guerre, c’est un sprint marathonien qu’il faut organiser ! Et la cinquième ou sixème puissance mondiale en a les moyens !
Il est impossible de ne pas regarder ce qui se passe ailleurs. Passons sur le Royaume-Uni, bien qu’il ait commencé sa campagne de vaccination avant de quitter officiellement l’UE. Passons sur Israël, qui donne à la terre entière une démonstration de son savoir-faire logistique. Regardons simplement autour de nous, même parmi les pays latins, réputés moins organisés que les Nordiques ou les Anglo-saxons, ou parmi les pays les plus pauvres d’Europe. Exception faite des Pays-Bas, la France est bonne dernière, et de très loin. Qu’Emmanuel Macron écoute ce qui se dit à l’étranger : la France est ridiculisée. Elle est la risée du monde. Toute la stratégie Covid étant décidée en conseil de défense, il ne peut se défausser sur le gouvernement ni sur l’administration, certes calamiteux, comme il l’a fait en laissant transparaître son mécontentement. Le chef de l’Etat a-t-il même encore de l’autorité ?
L’argument du marathon est odieux : chaque jour perdu se traduira par des malades et des morts supplémentaires. Nous en sommes à 65.000 décès. Et ce n’est pas terminé. Le retard, qu’on ne peut jamais rattraper, creusera aussi le fossé économique entre France et ses voisins. Le « quoi qu’il en coûte d’Emmanuel Macron » est une mystification : quoi qu’il NOUS en coûte, nous les contribuables, telle est la réalité.
La Haute Autorité de Santé (HAS) veut prioriser les EHPAD, sans la moindre considération pour la vie économique et sociale du pays, qui de confinements en couvre-feux va occasion à notre pays un lourd tribut, même sanitaire, plus important que celui résultant de la seule Covid. Du fait de leur immobilité, les pensionnaires des EHPAD devraient être protégés par les gestes barrières et les tests. Un kit d’auto-dépistage du Covid-19 est disponible aux États-Unis, et la France forme depuis mars dernier des chiens renifleurs dont le flair est aussi fiable que les tests PCR, mais avec un résultat immédiat. Tout comme les tests salivaires, ils ne sont toujours pas homologués.
La débâcle est évidemment logistique et a pour première cause cette bureaucratie qu’il faut terrasser au moyen d’une réforme en profondeur de l’État et du service public. Mais comme cela ne sera fera jamais, on aurait pu espérer, dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire (vous avez bien dit « urgence » ?!), de distribuer des vaccins à des centres de vaccination (par exemple des gymnases) en coopération avec les maires. Nous sommes si lents qu’il faudra peut-être retarder la prochaine livraison de vaccins (ou les jeter !), faute de congélateurs à moins 80 degrés pour les stocker. Et lorsque seront disponibles d’autres vaccins conservés à température usuelle, les pharmaciens, les infirmiers et les médecins de ville devraient pouvoir vacciner. Mais rien n’est prévu, anticipé, organisé. Le Premier ministre Jean Castex fait l’exact contraire de ce à quoi il s’était engagé à son entrée à Matignon. Il méprise les territoires, les maires en particulier, et ne jure que par l’administration centrale et son armée mexicaine de hauts fonctionnaires aussi hautains qu’incompétents. Il voulait être le patron de l’intendance. Il en incarne le fiasco.
45 pages d’explications et un délai de rétractation de quatre jours.
Un des points les plus incroyables du protocole de vaccination est le délai de rétractation de 4 jours, imposé à chaque personne voulant se faire vacciner, ou à son représentant légal. Il lui faudra bien ce temps pour lire et comprendre les 45 pages d’explications lui permettant de former son consentement éclairé ! 4 jours, c’est toujours ça de gagné, doit se dire Olivier Véran !
Mais quels effets désastreux : le pire d’entre eux est que cette lenteur « assumée » laisse croire que ce vaccin est très dangereux. C’est irresponsable et sans équivalent sur la planète. Le gouvernement pourrait organiser une campagne d’information sur la vaccination à la télévision et à la radio, et la loi considérer que le consentement éclairé est présumé. Si l’on se vaccine contre le paludisme pour se rendre dans certains pays, personne ne fait un tel cinéma sur le consentement. Dans les EHPAD, les pensionnaires sont vaccinés contre la grippe et avalent chaque jour d’innombrables pilules sans aucun consentement préalable. Et que dire des nourrissons qui reçoivent onze vaccins, pas moins « dangereux » que celui contre la Covid ? Tout cela est absurde, risible, dangereux. C’est de l’amateurisme au sommet de l’État, après près de quatre ans d’exercice du pouvoir, s’agissant d’Emmanuel Macron, président des beaux discours.
Le gouvernement aurait-il peur des juges ? Il serait bien le seul ! Après tout, au nom du principe de précaution que Jacques Chirac a imprudemment (c’est un comble !) fait inscrire dans la Constitution, les ministres craignent peut-être le procès à la moindre réaction allergique d’une personne vaccinée. Si nous en sommes là, il est urgent de réformer la Constitution pour remettre les juges à leur juste place, et les empêcher d’entraver l’action politique. En attendant, une loi ordinaire, votée en urgence, peut édicter une immunité du gouvernement et des autorités sanitaires quant aux conséquences de la vaccination, ne serait-ce que parce qu’elle est organisée à l’échelle de la planète. Et tant pis si Mélenchon et Le Pen crient au scandale. En revanche, les responsables des retards dans la gestion de la crise sanitaire pourraient rendre des comptes, et pas forcément seulement à l’électeur, pour cette non-assistance à population et à économie en danger.
À moins que la France ait finalement raison ? Les dirigeants du monde sont peut-être tous cinglés, voire comploteurs. Comme le prétendent d’ailleurs les complotistes, Bill Gates et les laboratoires pharmaceutiques veulent peut-être nous injecter un mouchard informatique pour nous contrôler, puis nous éliminer ! Le retard est « assumé », avait dit notre ministre de la Santé. Dans le doute, ne vaudrait-il pas mieux suspendre sine die la campagne de vaccination, attendre quelques années pour voir ce que ça donne ailleurs, sauf si dans l’intervalle Sanofi nous procure un vaccin français, donc forcément fiable ? L’ironie ne devrait point avoir cours face à ce désastre. Mais au point où nous en sommes, peut-être ne reste-t-il qu’elle ?
Michel Taube