L’Amérique nous avait stupéfié avec les images des Twin Towers, à New York, se désagrégeant lors des attentats du 11 septembre 2001.
Bis repetita ce 6 janvier 2021 avec la prise d’assaut du Capitole, à Washington, par une horde de « nationalistes-populistes », « chauffés à blanc », deux heures avant par le Président sortant, devant ce même Capitole.
Les images de la profanation du saint des saints de la démocratie américaine n’étaient pas s’en rappeler la profanation de l’Arc de Triomphe par des gilets jaunes.
Nous pensions, après les contestations des résultats de plusieurs Etats « sensibles » et le rejet de tous les recours engagés par Trump, que la démocratie américaine avait échappé au pire. Même si certains tweets présidentiels laissaient présager quelques surprises.
Deux évènements, dans la journée du 6 janvier expliquent la » folie trumpienne ».
D’abord, l’annonce de l’élection de deux sénateurs démocrates en Georgie, permettant aux Démocrates d’avoir la majorité au Congrès, et ainsi, de pouvoir appliquer leur programme.
Ensuite, le refus du Vice-Président, Mike Pence, de se plier à la demande écrite de Trump de ne pas certifier le résultat officiel de la présidentielle lors de la réunion rituelle des deux Chambres, au Capitole.
Ces deux faits ont nourri le discours violent et insurrectionnel du futur retraité de la Maison Blanche, attisant la haine de ses partisans contre les élus et donnant implicitement le feu vert à l’assaut des institutions.
Cette attaque était planifiée, la présence de paramilitaires au sein de la manifestation recevant des instructions par talkie walkies en atteste ; il faudra élucider le rôle joué par l’ex général Michael Flynn, ancien conseiller à la Sécurité Nationale, dans cette affaire.
On pourra aussi s’interroger sur la faible protection policière du « cœur » des institutions américaines.
Donald Trump aura tout tenté pour rester en place. Son avenir dont on disait qu’il était assombri par les difficultés de son groupe et quelques rendez-vous judiciaires, risque d’être pire après ce chaos qu’il a sciemment souhaité et organisé. Au bout de son mandat, il aura perdu l’élection présidentielle, perdu le Congrès, cassé le parti républicain, fracturé profondément son pays, affiché un des pires bilans nationaux du Covid 19. Par ce que le Président Biden a appelé « une agression sans précédent de la démocratie » n’a-t-il pas signé son acte de décès politique ?
Le « film-catastrophe » que nous venons de vivre va entacher durablement l’image des Etats-Unis, blesser profondément sa démocratie, désunir encore plus le pays.
Jusqu’au bout, Donald Trump aura été nuisible à la Démocratie, à son pays et au monde.
Michel Scarbonchi
Consultant international, ancien député européen