Nous nous étions déjà intéressés au sommeil en très très haute altitude, plus précisément dans la station orbitale, avant de redescendre d’un cran, celui de l’avion, mais pour accéder au summum du confort volant en première classe.
Nous sommes désormais au cœur de l’hiver, époque où d’ordinaire, la montagne est reine. Mais avec les remontées mécaniques condamnées à l’immobilité pour cause d’épidémie de Covid, l’occasion est donnée d’envisager l’escalade à pied, vers les sommets, avec la possibilité d’une escale nocturne dans un refuge plus ou moins confortable.
A quelle altitude notre partenaire Maison de la Literie, depuis sa création, a-t-il donc installé son lit le plus haut perché ?
Pour escalader encore plus haut et trouver les lits les plus hauts en altitude, notre premier périple nous ramène à l’été, car il se situe dans l’hémisphère sud. Pour un montagnard chevronné habitué à la haute altitude, escalader l’Aconcagua, plus haut sommet d’Argentine et d’Amérique, au cœur de la Cordillère des Andes n’est pas considéré comme un sommet (certes) de grande difficulté technique. Il faut surtout choisir la bonne saison et une période météorologique favorable, pour échapper à des vents à 250 km/h. Mais bien que ce sommet cumule à 6 962 mètres d’altitude, son ascension s’apparente plus à celle du Mont-Blanc (et encore) que de l’Annapurna ou de la face nord de l’Eiger. Vaut mieux tout de même éviter le tee-shirt et les tongues. Après avoir traversé de gigantesques territoires arides, on aimerait s’offrir une nuit dans le plus haut refuge du monde, l’Independencia, localisé à 400 et quelques mètres du sommet.
Le plus haut lit du monde se trouve donc à 6 546 mètres au-dessus du plancher des vaches (du niveau de la mer, en réalité). Mais ce refuge andin est à l’abandon. Il n’est plus qu’une ruine, et il est donc peu probable d’y trouver un lit douillet pour recharger ses batteries avant l’ascension finale (400 mètres à cette altitude, sans apport d’oxygène, c’est énorme pour le profane).
Ceux qui ne veulent pas dormir sous la tente avant de goûter à l’ivresse des sommets voudront peut-être passer la nuit au refuge Elena, sur le replat de Plaza Cólera, à 6000 mètres d’altitude, au croisement de plusieurs routes conduisant au toit des Amériques.
C’est aujourd’hui le refuge, et donc le lit le plus haut du monde. Hélas, la ruée vers l’Aconcagua, comme celle vers le Mont-Blanc ou l’Everest, étant victime d’un certain tourisme de masse, le refuge Elena est réservé aux urgences. Personne ne peut donc rêver d’y passer la nuit !
Le refuge ouvert à tous le plus haut est aussi dans les Andes, à seulement 30 kilomètres de La Paz, capitale de la Bolivie. Perché à 5.300 mètres d’altitude, il était destiné à accueillir les skieurs de la plus haute piste de la planète, jusqu’à ce que le réchauffement climatique en décide oblige à sa fermeture, en 2009. Reste toutefois la possibilité de passer une nuit au chalet Chacaltaya Lodge, un dortoir pouvant abriter une vingtaine de personnes pour une poignée de dollars.
Si l’on est en quête d’un niveau de confort supérieur, tout en étant réellement dans une ambiance de haute montagne, c’est dans nos Alpes qu’on trouvera son bonheur. Au-dessus de 3000 mètres, les refuges abondent. Le plus haut, et l’un des plus pittoresques est la Cabane Margherita, dans les Alpes italiennes, plus précisément dans le Massif du Mont Rose, deuxième sommet le plus haut des Alpes.
L’Histoire retiendra que la reine Marguerite de Savoie, qui donna son nom à la cabane, l’inaugura personnellement en 1893. Environ 70 € la nuit, petit déjeuner compris, à 4554 mètres d’altitude, n’est-ce pas un service d’hôtellerie exceptionnel ?
Côté français, on trouvera sur la route du Mont-Blanc le Nouveau refuge du Goûter, à 3835 mètres d’altitude, au tarif voisin de celui de la cabane Marguerite. Mais pour le pittoresque, il faudra voir ailleurs.
Le refuge ressemble à une soucoupe volante mystérieusement échouée près d’un sommet enneigé. 120 lits attendent les alpinistes dans ce haut lieu (!) du tourisme des sommets. Bonne escalade et bonne nuit !
Raymond Taube