2020 aura certainement été l’année de la perte de confiance en France.
Les Français avaient perdu depuis longtemps confiance en leurs hommes et femmes politiques. La crise de la Covid 19 a accentué ce sentiment et sonné le glas de la confiance des citoyens en leur haute administration et même envers leurs scientifiques.
Pour les scientifiques, l’année avait déjà mal commencé avec les déconvenues de Cédric Villani, l’un des plus grands mathématiciens, qui, lors de l’élection à la Mairie de Paris, a démontré, en maintenant jusqu’au bout une liste dissidente, que dans la vraie vie 1+1 pouvait faire moins que 2. Villani sera ensuite complètement absent des réflexions et propositions de solutions face à la crise de la Covid qui touche pourtant toutes les activités du pays. Puis vint le tour des médecins, qui allaient chacun de leur avis sur un sujet quand la bonne réponse fut souvent « je ne sais pas ». Ils se disaient débordés, épuisés, mais passaient leur temps sur les plateaux de télévision. Sans parler de Raoult contre le reste du monde.
Autrefois, sujet de fierté du pays, la haute fonction publique et notre administration sortent décrédibilisées de la pandémie, et cela malgré un taux d’imposition parmi les plus hauts au monde. L’état dans lequel étaient nos hôpitaux en mars 2020 a révélé un malaise bien plus profond. Si nous regardons les autres services publics, Police, Justice, Education Nationale, Universités, Sécurité Sociale, etc…, sans parler de la gestion des flux migratoires…, le constat est identique : nous ne pouvons plus simplement ravaler la façade, il faut renforcer les structures, si nous ne voulons pas avoir à reconstruire après effondrement !
Une fois la confiance perdue, c’est tout l’égrégore de notre nation qui est détruit, l’égrégore, ce beau mot retrouvé par Victor Hugo, la somme des énergies de chacun qui permet les avancées communes et conforte le bien commun.
La haute administration n’est ni responsable ni coupable de cette situation catastrophique. Mais confier les choix stratégiques de l’Etat à des administrateurs, tous issus d’un même sérail, formés à la comptabilité, à la gestion et au droit public, mais pas à la stratégie, a participé grandement à la mauvaise posture de nos services publics et à la perte de confiance de nos citoyens en ces hauts fonctionnaires. C’est ce qui a abouti en 2020 aux fiascos des masques, des tests et du lancement de la campagne de vaccination.
Ce constat est identique dans le secteur privé. Regardez l’état des banques et des grands groupes industriels lorsque leur dirigeant est un administrateur comptable ! Le comptable ne s’intéresse qu’à une photo, à un état statique, quand le dirigeant stratège phosphore sur la dynamique. Où en est l’innovation, où en est la recherche dans ces groupes par rapport à ceux dirigés par des ingénieurs ou des commerçants? Si encore la rentabilité en sortait améliorée, mais ce n’est pas le cas, d’autant que l’innovation et la recherche sont les moteurs des profits et des emplois de demain. Stéphane Bancel, Albert Bourla, Patrick Drahi, Bernard Arnault, Leon Bressler, Patrick Pouyanné, Jean-Luc Petithuguenin, Antoine Frérot, Dietmar Hopp, Elon Musk, Bill Gates, ou Steve Jobs n’auraient pas eu la même réussite s’ils s’étaient contenté de gérer, rogner les investissements et équilibrer les comptes. Je ne parle même pas des hauts fonctionnaires qui retardent, compliquent ou bloquent les décisions de leur ministre de tutelle, en dépit des choix du Peuple Souverain.
Clémenceau nous disait déjà, il y a plus d’un siècle, « la guerre est une chose trop sérieuse pour la confier à des militaires. » Il en est de même de la gouvernance de l’administration. Ne mettons plus de médecin ministre de la santé, ni d’énarque à la tête d’un ministère !
Demain, en 2021, il nous faudra rouvrir et relancer l’économie du pays, et renouer avec la confiance. Nous ne pourrons nous contenter d’envoyer « l’hélicoptère money » au-dessus de chaque entreprise et chaque foyer, en repoussant sur les générations suivantes le paiement des intérêts des dettes accumulées. Il nous faut absolument changer d’état d’esprit, changer de logiciel. Le retour de la confiance est à ce prix.
La France, au lendemain de la seconde guerre mondiale, avait confié son destin aux Ingénieurs, aux grands Corps des Mines et des Ponts, aux bâtisseurs, qu’ils soient diplômés ou autodidactes, tout comme aux bras de ces travailleurs. Demain comme hier, nous sortirons de la crise non pas en attendant les aides de l’Etat providence mais en nous retroussant les manches et en nous focalisant sur les meilleures façons de relancer notre pays.
Nous ne relancerons cependant pas notre économie en relocalisant la fabrication des masques chirurgicaux ou en produisant du doliprane en France, ce serait confondre gestion des stocks et politique industrielle, mais en innovant, en développant notre recherche, en nous positionnant le plus vite possible sur la 5G, sur l’usine 4.0, sur l’intelligence artificielle, sur les véhicules propres et autonomes, sur les énergies propres, sur le nucléaire de demain, sur les médicaments de nouvelles générations, sur la réparation et re-fabrication d’organes à partir de cellules souches, sur l’homme augmenté, sur le « Silver Age », sur le service à la personne, sur les satellites miniatures, sur l’espace, sur le train et l’avion de demain, sur une meilleure utilisation des terres et des mers comme de leurs ressources, etc… sans oublier pour autant de construire des logements.
La France pourrait être le pays européen le mieux armé pour ce nouveau défi. Nos étudiants des Grandes Ecoles sont parmi les diplômés les plus recherchés au monde. Il n’est pas encore trop tard, nous pouvons encore nous appuyer sur nos fondations, anciennes mais encore solides.
En 2021, le Président Macron et son monsieur confinement / déconfinement / reconfinement peuvent encore relancer le pays avec succès. Leur succès sera notre succès. Changeons d’état d’esprit et redonnons les clés aux ingénieurs et aux bâtisseurs. Ils sauront utiliser le fil à plomb pour retrouver la verticale et remettre droit nos constructions. Retrouver le bon sens, ce qu’est l’horizontale, ce qu’est la verticale, avec simplicité. Pas besoin de deep learning pour cela, un simple outil de bâtisseur, bien utilisé, suffit.
C’est comme cela qu’en 2021 nous pourrons restaurer l’indispensable égrégore de notre nation, retrouver la confiance et renouer avec la croissance !
Patrick Pilcer
Conseil et Expert sur les Marchés Financiers