Edito
13H05 - jeudi 14 janvier 2021

Vaccination : va-t-on (si) vite vers une sortie de crise ? L’édito de Michel Taube

 

« On ne juge pas un match qui va durer 90 minutes à la deuxième seconde », tonne Jean Castex devant les sénateurs agacés par la lenteur de la vaccination contre la Covid. L’analogie footballistique peut cruellement se retourner contre le Premier ministre : il est difficile de gagner le match quand on prend trois buts dans les premières minutes ! Il y a en effet des retards qui ne se rattrapent jamais. Celles et ceux qui auront contracté la Covid, qui en garderont des séquelles, qui auront perdu leur emploi, leur entreprise, leur joie et parfois leur envie de vivre, toutes celles et ceux qui auront irrémédiablement subi les conséquences de ces lenteurs et de cette défaillance de la logistique, à commencer par les ayant-droits des morts de la Covid, auraient de bonnes raisons d’être tentés de demander des comptes au gouvernement et à son administration. A Opinion Internationale, si nous pouvons avoir la dent dure, nous sommes contre les réponses pénales à des problèmes politiques. Mieux vaut construire des solutions, n’est-ce pas ?

Les trois buts, on les a bien pris au tout début du match, et n’en déplaise à Jean Castex et à son ministre de la Santé, le score continue à se creuser : au 12 janvier, la France a vacciné 0,38 % de sa population, ce qui est exactement la moyenne mondiale, alors que nous sommes la sixième puissance économique de la planète. 

Pourtant, si l’on excepte (mais peut-on le faire ?) les victimes susmentionnées, le match contre l’épidémie n’est effectivement pas encore terminé. Face au risque réel et imprudemment minimisé d’une large diffusion de variants plus contagieux du coronavirus, il faudra plus que jamais appliquer les gestes barrières, réussir enfin à tester intelligemment et à isoler les positifs, et malheureusement se préparer à des restrictions des libertés, parfois excessives à l’égard de certains secteurs sacrifiés.

Mais la vraie sortie de cette crise, tout le monde la connaît : c’est la vaccination massive. À condition toutefois qu’elle soit rapide. Car face à la mutation du virus qui pourrait annihiler ou réduire l’effet vaccinal (ce serait le cas du variant sud-africain selon certaines sources), la seule et unique manière de se débarrasser de la Covid est d’arrêter net sa diffusion avant toute mutation, quitte à se vacciner ultérieurement avec un vaccin mis à jour, si cette maladie devait être saisonnière. 

Avec l’arrivée prochaine du vaccin AstraZeneca / Oxford, qui se conserve dans un simple réfrigérateur, une nouvelle défaillance logistique serait injustifiable impardonnable. Mais on peut être inquiet : la bureaucratie française est une pathologie. Outre les protocoles délirants (analyse qui serait partagée par Emmanuel Macron qui les a pourtant validés en Conseil de défense), on a relaté des pertes de doses de vaccin, une nouvelle défaillance logistique sur les aiguilles (nombre insuffisant, taille inadaptée), des modes d’emploi de la vaccination entachés d’erreur…). 

Tout le monde, à l’exception du gouvernement et de l’administration de la Santé, sait comment éviter un nouveau fiasco : faire confiance à la société civile, déléguer la prise de décision aux collectivités territoriales, écouter ceux qui sont sur le terrain et qui savent faire. Il s’agit au premier chef de ces énormes toiles tissées sur tous les territoires, celles des pharmaciens, infirmiers, médecins de ville et autres professionnels de santé, qui ensemble, peuvent relever ce défi d’une vaccination massive et rapide, si la France est capable d’assurer un approvisionnement en conséquence. 

Ensemble, ils seront « plus forts que la Covid ». Ensemble, ils peuvent la vaincre.

Le gouvernement doit les aider et non les entraver. Mais tant que l’exécutif n’écoute que ceux dont le métier est d’entraver les élans créatifs des autres, notre belle et haute fonction publique, qui a banni le mot « risque » de son vocabulaire, parce qu’elle n’en prend jamais et ne veut surtout pas en prendre, la France sera à la traîne. 

Va-t-on vers une sortie de crise, notamment grâce à la vaccination ? La réponse devrait être évidente. Le vaccin est de l’or que nos alchimistes étatiques ne devront pas transformer en plomb.

 

Début de réponse avec les partenaires de la campagne « Ensemble Prévention Covid » lundi 18 janvier 2021 à 18h sur Zoom dans le 1er Talk « Plus forts que la Covid » : « Vaccination, va-t-on (si) vite sortir de la crise ? ».

 

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Directeur de la publication

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