L’hiver est la bonne saison pour évoquer le matelas pneumatique, celui sur lequel on savoure l’été, sur la plage ou mieux encore, sur l’eau certes salée, mais délicieusement douce par sa température, l’eau de la Méditerranée ou d’autres rivages bénis d’Helios (indice 30), le dieu du soleil.
Nous nous étions intéressés au lit à eau, le waterbed. Voici donc le lit sur l’eau, sur lequel se laisser dériver au gré du courant peut devenir la plus exquise des croisières… si l’on ne se réveille pas au large ou que l’on n’est pas cerné de requins en mal de festin. On peut aussi se faire un petit somme sur l’eau d’une piscine, à condition d’avoir pensé à s’étaler la crème solaire (écran total) à la truelle.
Le matelas pneumatique n’est pas réservé au seul barbotage estival. Il est également prisé par les campeurs, comme alternative au matelas en mousse, lequel n’est qu’un lointain cousin de ceux proposés par le partenaire de cette saga du lit, Maison de la Literie. La mousse du campeur ne protégera pas de quelques courbatures au réveil !
Hors usage sanitaire, le matelas gonflable est généralement un produit bon marché, qui s’achète souvent en même temps que le ballon de plage et les tongues, dans un bazar de station balnéaire. Le haut de gamme atteint les 150 €, pour ceux qui voudraient transposer sous la tante leur lit confort pullman. Pour ce prix, vous aurez droit à la double largeur, à un demi-mètre d’air entre vos lombaires et le sol et au gonfleur électrique intégré, dont il faut espérer qu’il ne tombe pas en panne (ou que les piles soient vides) à l’instant fatidique. En réalité, ces matelas, dont le poids peut avoisiner les 10 kilos (pas idéal pour l’ascension de l’Everest) sont surtout des lits d’appoint, par exemple lorsqu’il faut imposer son hospitalité à un ou une ami(e) qu’il ne serait pas raisonnable de laisser partir en voiture (couvre-feu oblige, bien évidemment !).
Un peu de technique, pour finir. De l’ultra haute technologie façon Wikipédia : 18 à 22 centimètres de haut avec une couche de « velours » (faut pas s’attendre à de la soie) pour le camping, 48 à 56 centimètres de haut pour le lit d’appoint. On apprend aussi qu’il ne faut pas acheter n’importe quoi (ah bon ?) et qu’il faut être vigilant quant aux normes de sécurité, quelques modèles à gonflage électrique ayant explosé « à la suite de l’accumulation d’émanations inflammables ». Bigre !
Bon… Mes invités éméchés (ou confinés, ou couvrefeuisés) se disputeront le canapé. Finalement, j’aurais dû prendre un canapé-lit, ce dérivé subtil du grand lit adapté aux superficies des grandes villes, qui ne sont plus les instruments de torture de la colonne vertébrale qu’ils furent peut-être naguère.
Bon réveil, donc, si vous lisez cette chronique sur votre matelas pneumatique, en fond de la forêt amazonienne. Attention à la mygale, là, juste au-dessus de votre tête !
Raymond Taube