Le confinement. Il est donc inéluctable. Jeudi, vendredi, ou début de semaine prochaine. Il ne sera sans doute pas radical, comme en mars dernier. Ce sera plutôt la version de novembre. En attendant que les variants britannique, sud-africain, brésilien et ceux qui suivront, plus contagieux, plus mortels, n’obligent à boucler tout ? Tout ? Comme en Chine ? Peut-être sera-ce le seul moyen d’échapper au carnage, car le vaccin pour tous est encore loin. Tant qu’on ne sera pas capable de vacciner massivement toute la population contre toutes les souches actives, avant de nouvelles mutations du virus, on ne s’en sortira pas définitivement.
Dans les prochains jours, nous aurons donc droit au confinement light. Comme en novembre, les écoles resteront ouvertes, le télétravail sera systématique, mais pas obligatoire (cherchez l’erreur !). Les trottoirs seront toujours grouillants de citadins, quelques fois réticents à porter le masque. Et ceux qui dans le métro ne mettent pas le masque, vaut mieux ne pas croiser leur regard. Ils pourraient mal le prendre. L’impunité a bon dos…
Ce confinement très partiel sera en revanche, une fois de plus, total pour les commerçants « non essentiels ». Eux boiront le calice jusqu’à la lie. Eux seront punis, massacrés. D’autant plus que le « quoi qu’il en coûte » macronien est une plaisanterie en comparaison du plan de relance américain. Nous resterons donc dans un monde, une France en tout cas, triste. Sans cafés, sans restaurants, sans théâtres, sans cinémas… Il n’en restera pas beaucoup à la sortie de la crise. Les grands groupes et autres fonds de pension pourront racheter les cadavres à vil prix. Un an après le début de la pandémie, la France n’a pas augmenté ses capacités de réanimation hospitalière. C’est pourquoi nous irons au confinement… des commerçants plus que des habitants.
Alors, va pour le confinement.
Mais, le troisième déconfinement, c’est dès maintenant qu’il se prépare. Et celui-ci devra être massif, immédiat et valable pour tous dès la baisse des hospitalisations.
Après le confinement, il faudra tout rouvrir, sans exception, dans le respect de protocoles sanitaires qui sont dans les cartons, et que les pouvoirs publics refusent d’examiner. Ces sacrifices ne sont plus supportables, plus acceptables, ni pour les sacrifiés, évidemment, ni pour le Français. Pourquoi les protocoles en vigueur dans les restaurants collectifs ne seraient pas appliqués dans les restaurants classiques ? Pourquoi s’acharner sur le monde des loisirs, de la culture, des spectacles ou du sport, alors que l’on laisse les gens s’entasser dans les transports et entrer dans les supermarchés sans même se nettoyer les mains ?
Puisqu’il faut sauver des vies, celles de nos grands anciens en particulier, banco pour le confinement, et sans exception pour les délinquants. Mais après, à la sortie de ce nouveau tunnel, la lumière doit s’allumer pour tous, et les efforts qu’il faudra encore faire en attendant la vaccination de masse devront être partagés. Les sacrifices que l’on peut éviter, quand bien même auraient-ils cours dans d’autres pays (la France n’a pas l’apanage de la médiocrité politique et administrative) devront l’être. Sinon, la cocotte-minute risque d’exploser.
Jour après jour, déclaration après déclaration (les 66 millions de procureurs de Macron, les 70 millions de vaccinés de Véran…), la parole publique se désagrège et avec elle, la confiance du citoyen. Trop point n’en faut. À la sortie du prochain confinement, il faudra changer d’approche, ou changer de gouvernement.
Michel Taube