Comme toutes les régions du monde, l’Amérique Latine n’a pas été épargnée en 2020 par la pandémie de la COVID19. 2021 offrira, espérons-le, un nouvel élan, celui du vaccin contre la COVID19, mais également une année historique pour le Pérou qui fêtera le bicentenaire de son indépendance. Analyse.
L’Amérique Latine, c’est plus de 600 millions d’habitants qui ne partagent pas les mêmes coutumes de vie. C’est un mélange de forêts humides et tropicales, de montagnes et de plages. C’est un territoire avec des inégalités importantes et différentes les unes des autres. Par exemple, la situation dans l’Amazonie n’est pas similaire à l’Amérique Centrale. A ces problèmes du quotidien, on ajoute celui de la gestion d’une crise sanitaire qui affecte toutes les populations.
En 2020, le Brésil est le deuxième pays le plus touché au monde par la COVID19. Plus de 8 millions de contaminations et plus 200 000 décès. En ce début 2021, l’Argentine et le Mexique doivent faire face à une résurgence de la COVID19 et l’émergence d’une nouvelle souche. Le Mexique est désormais très impactée par la crise, le pays recense plus de 100 000 morts de la COVID19. L’Amérique latine et les Caraïbes forment la deuxième région dans le monde à déplorer un demi-million de morts du coronavirus pour 2 millions sur l’ensemble de la planète.
L’espoir d’un vaccin contre la COVID19
La course au vaccin est lancée dans la majorité des pays du monde. La campagne de vaccination contre le coronavirus a commencé fin décembre au Chili, tout comme au Mexique et au Costa Rica, les premiers pays d’Amérique latine à vacciner leur population. Le gouvernement chilien, lui, a décidé de rendre le vaccin gratuit et sur la base du volontariat.
De son côté, le Brésil est en retard par rapport à ses voisins. La vaccination contre le coronavirus ne devrait pas débuter avant fin janvier. Notamment à cause des réticences du président Bolsonaro. En tout, 354 millions de doses auraient été commandées pour 2021 (en particulier du vaccin chinois Sinovac et de celui d’AstraZeneca).
Début janvier, la Colombie a accordé une autorisation d’urgence au vaccin contre le Covid-19 développé par l’alliance Pfizer/BioNTech. De son côté, le Pérou a annoncé le 6 janvier l’acquisition d’un premier lot de vaccins auprès de l’entreprise chinoise Sinopharm. Après de longues et complexes négociations, un accord pour 38 millions de doses a été conclu avec la livraison dès le mois de janvier d’un premier lot d’un million de vaccins.
Pour sa part, le Mexique a récemment passé une commande pour 24 millions de doses du vaccin russe Sputnik. Troisième pays le plus touché de la région, la Bolivie a également conclu un contrat avec la Russie pour obtenir 5 200 000 doses du vaccin Spoutnik-V. Enfin, le Venezuela a annoncé qu’il avait signé un contrat avec la Russie pour acquérir le vaccin Spoutnik V contre le coronavirus.
Une relance économique ?
A l’image du célèbre Machu Picchu, des grands lieux touristiques attendent de pouvoir relancer leurs activités et accueillir des visiteurs. C’est le cas de Cancún ou Chichén Itza, mais aussi des chutes d’Iguaçu. L’affluence n’est pas la même qu’avant la crise du coronavirus. Ces différentes attractions peuvent s’appuyer sur le tourisme local. A la veille d’une seconde vague, l’arrivée des vaccins sera-t-elle en mesure de relancer l’économie au niveau régional pour les pays à fort potentiel touristique comme le Chili, le Pérou, le Mexique, le Brésil ou la Colombie ?
Selon un rapport de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepalc), l’Amérique Latine a connu une « décennie en or » (2003-2013) marquée par une forte croissance économique et une réduction des inégalités. Puis le PIB par habitant des Latino-Américains s’est effondré pour revenir fin 2020 à son niveau de… 2010.
Si l’Argentine comptabilise plus de 40 000 décès selon son ministère de la Santé, le pays avait pourtant décidé très tôt un strict confinement. Mis en place le 20 mars dans la capitale, Buenos Aires, celui-ci n’a été complètement levé que le 8 novembre, ce qui en fait le plus long confinement du monde.
Selon le récent rapport de la CEPALC, la région connaîtra une contraction de 7,7 % de son activité économique en 2020, sa pire chute du PIB depuis un siècle. Les prévisions de l’organisme régional de l’ONU évoquent que l’économie de la région augmentera de 3,7% en 2021. Un chiffre insuffisant pour retrouver une stabilité comme avant le début de la pandémie. Selon la Banque mondiale, parmi les 650 millions de Latino-Américains, près de 29 millions pourraient se retrouver dans l’extrême pauvreté, leur proportion passant de 3,9 % en 2017 à 4,4 % en 2020.
Les rendez-vous électoraux
Parmi les principaux rendez-vous électoraux de l’année, il faut noter l’Equateur, le Chili, le Pérou ou encore le Honduras et le Salvador. Le mois d’avril sera un mois chargé au niveau des élections.
Le 7 février, les Equatoriens se déplaceront aux urnes pour élire le nouveau président du pays. Le premier tour a lieu en même temps que les élections législatives. Lénine Moreno n’est pas candidat à sa réélection. Le parti de Rafael Correa, Fuerza Compromiso Social, qui a été suspendu par le Conseil national électoral (CNE) pour irrégularités dans la procédure d’enregistrement, ne pourra donc pas participer aux élections présidentielle et législatives de 2021.
Rappelons que sous le mandat de Lenine Moreno, le 11 avril 2019, l’ambassade d’Équateur a autorisé la police britannique à appréhender Julian Assange en ses locaux en Grande-Bretagne. Le 20 août 2018, le président avait annoncé le retrait de l’Équateur de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), puis de l’Union des nations sud-américaines (Unasur).
Cette année 2021 sera marquée par les élections constituantes au Chili le 11 avril pour savoir qui va rédiger la nouvelle Constitution. Ce même mois, les élections générales (présidentielles et législatives) du Pérou se dérouleront, juste avant le 28 juillet, date du bicentenaire de l’indépendance du Pérou.
Guillaume Asskari
Journaliste, spécialisé sur l’Amérique Latine
TABLEAU DES ÉLECTIONS (sous réserve de modification)
ÉLECTIONS GÉNÉRALES (PRÉSIDENTIELLES ET LÉGISLATIVES)
Equateur (7 Février)
Pérou (11 Avril)
Nicaragua (7 Novembre)
Chili (21 Novembre)
Honduras (28 Novembre)
ÉLECTIONS RÉGIONALES
Bolivie (7 mars)
Mexique (6 Juin)
Paraguay (10 Octobre)
Honduras (28 Novembre)
ÉLECTIONS CONSTITUANTES
Chili (11 avril)
Crédits Photo : Peru Info