Le règne de Louis XIV fut marqué par sa magnificence et sa longévité. Devenu roi à 5 ans en 1643, il mourut en 1715.
Ce n’est qu’en 1705, à l’âge de 67 ans qu’il entre, à Versailles, dans la chambre qu’il ne quittera qu’à sa mort. Le sol est tapissé de velours, un lit à baldaquin trône en son milieu, une table devant une cheminée, entourée de 3 fauteuils, 12 tabourets et 2 carreaux (poufs) réservés aux membres de la famille royale et aux duchesses.
C’est vers 1490 que le lit à baldaquin est adopté. Construit avec des bois précieux, il est placé sur une estrade.
Il a deux rôles utilitaires, préserver l’intimité et grâce aux courtines, rideaux qui peuvent clore complètement le lit, protéger du froid.
Les armoiries royales s’étalent sur le ciel de lit, les oreillers et le dossier.
Louis XIV possédait plus de 400 lits qui se répartissaient dans ses nombreuses demeures royales. Il ne se contentait pas d’y dormir mais y tenait souvent audience et y délivrait ses ordonnances.
Une balustrade divise l’espace de la chambre (qui fait près de 40 m2) transformant l’espace autour du lit en espace sacré. Pour participer à un rituel particulier, le lever et le coucher du monarque qui sont public. Les courtisans s’y pressent.
Ce cérémonial est codifié dans ses moindres détails comme en atteste dans son livre, l’historien Joël Cornette.
Pour le lever, à 8 heures, un valet de chambre réveille le roi. Son médecin entre puis ceux qui vont lui servir une tisane, lui faire toilette avec une éponge, lui faire choisir perruque et l’habiller ; pudique le roi cache sa nudité avec sa robe de chambre tenue par les valets.
Vers 10 heures, Louis XIV, paré de son chapeau, de ses gants et de sa canne sort de sa chambre et la Cour s’ébroue.
Avant minuit, le roi regagne sa chambre et commence devant le public, le rituel du coucher. Le roi est déshabillé, fait sa prière, revêt sa chemise de nuit, un noble qu’il a choisi, lui remet son bonnet de nuit et deux mouchoirs, un autre gentilhomme lui remet une serviette humide avec laquelle il se nettoie le visage et les mains. Les seigneurs saluent le roi et prennent congé. Le roi est-il enfin seul ? Pas tout à fait…
Les valets sont omniprésents, parce que le roi les apprécie malgré leurs origines modestes et aussi pour l’utilité qu’il en fait. Il les utilise comme confidents, messagers ou espions. Ils sont aussi les complices de sa vie nocturne en le conduisant, bougeoirs et pot de chambre à la main, au lit de la reine ou se ses maîtresses. A l’aube, le roi retourne dans sa chambre pour la cérémonie du lever.
Les historiens sont partagés sur le fait de savoir si le premier valet, Alexandre Bontemps, dormait dans la chambre royale, sur un lit pliant, et si son poignet était relié, par un ruban, à celui du roi. Relié au lit probablement, au roi, non.
Certes, la tradition faisait que beaucoup de seigneurs dormaient avec un domestique près de leur lit ou à leur porte.
Mais si le lit fut important pour le roi Soleil, il le doit aussi à la maladie. Dès 1701, la goutte attaqua son pied gauche et au fil du temps, ce fut la gangrène, maladie mortelle, qui rongea sa jambe. Les dernières années de son règne ne furent que douleurs physiques.
Si l’on en croit les écrits du marquis de Dangeau sur les derniers jours du roi, en août 1715, tout ce que le roi faisait, prenait une saveur unique : nominations d’ambassadeurs, semaine sainte, toucher des écrouelles, promenade à Marly, pièce de théâtre alors que toute l’Europe spéculait sur la date de sa mort.
Le 1er septembre 1715, à 8 heures 23, après 72 ans de règne —le plus long de l’histoire de France -, le roi s’éteignit.
Avant son dernier soupir, il prononça cette phrase : « je m’en vais mais l’Etat demeurera toujours ».
Michel Scarbonchi