Les journées de ce visionnaire, inventeur du merchandising dans le domaine du sport français, se remplissent à ras bord. Il ne perd pas une minute à traîner sur un canapé. Il mène sa vie comme un combat, se considère comme un soldat. Mais pas un bagarreur. « La bagarre est à la portée du premier crétin venu. » Un soldat défend une cause, selon des codes d’honneur. L’honneur, un mot clé de son dictionnaire, c’est, en particulier pour lui, respecter la parole donnée. Une règle à laquelle, pour sa part, il ne déroge jamais, contrairement à beaucoup – une des causes de souci qui souvent le tire de son lit. Il regrette cet amollissement des règles du jeu des affaires, sans se plaindre pour autant. Un soldat ne se plaint pas. Il se concentre sur l’action, trouve des solutions, sans gaspiller d’énergie en états d’âme stériles.
D’ailleurs, s’il s’était complu à ruminer ses déceptions et ses difficultés, lui qui a fait ses premières armes sur les quais du port de Marseille, en tant que jeune docker, ne serait sans doute pas devenu le « pape du football » ou son « grand argentier », ses surnoms qui le font sourire.
Hors de question aussi pour lui qui s’est retiré des affaires il y a plus de quinze ans – pour s’investir dans les voyages, la gestion de sa fortune, l’écriture de scénarios… – de se laisser voler du temps, denrée la plus précieuse au monde, par un simple oreiller. Il ne dort pas une seconde de plus que nécessaire, et afin de tirer profit au maximum de son sommeil, il veille à la qualité de la literie qu’il choisit. La meilleure qualité bien sûr – on n’en attend pas moins de lui – mélange de fermeté, pour ne pas s’avachir, et de douceur, pour le plaisir. Oui, le plaisir. Car, quand on lui demande ce que le lit évoque pour lui, il répond spontanément : le repos du guerrier, un repos donc mérité, un endroit où récupérer avant de devoir affronter les défis d’une nouvelle journée.
Et sinon ?
Sinon rien. Inutile d’insister. Sur le reste, il ne s’étend pas. Il protège son intimité.
Catherine Fuhg