Appeler au redémarrage de toutes les activités mises en veille en raison de la crise du Covid-19 serait pure démagogie ou défense d’intérêts catégoriels si la démarche ne reposait sur des constats, des analyses et des protocoles simples, mais souples, résultant notamment d’une collaboration entre les professionnels de santé non hospitaliers et les instances représentatives des professions concernées.
En l’état actuel de la pandémie, il semble difficile de revendiquer la réouverture générale à Nice ou à Dunkerque, alors qu’il est de plus en plus sérieusement envisagé d’étendre les mesures qui viennent d’y être prises (confinement le week-end) à l’ensemble du territoire.
Et pourtant, même dans cette hypothèse, et hors désastre sanitaire qui rappellerait les pires épidémies de peste ou de choléra, tout ne sera pas fermé. Les transports en commun continueront de fonctionner, les commerces dits « de première nécessité » resteront ouverts, les entreprises accueilleront leurs salariés, tout comme les restaurants collectifs. Or les protocoles sanitaires n’y sont pas toujours strictement respectés, comme nous avons pu le constater, y compris dans des selfs d’hôpitaux publics.
Le gouvernement a acheté la paix sociale avec l’argent du contribuable, en déversant dans un tonneau des Danaïdes des masses d’argent qu’il faudra bien rembourser tôt ou tard, car comme l’a rappelé Christine Lagarde, Présidente de la Banque centrale européenne « une dette, ça se rembourse ! », ce que certains pourtant contestent. S’il est légitime de soutenir les salariés par le biais du chômage partiel (avec comme bémol que le télétravail n’a pas été imposé avec la rigueur qui l’aurait justifié, l’administration et les entreprises publiques ne donnant pas, une fois encore, le meilleur exemple), l’argent consacré à compenser l’inactivité des entreprises s’apparente trop souvent à un assistanat mal calibré : insuffisant pour certains qui finiront par faire faillite. Trop, paradoxalement, pour d’autres, qui s’en sortent mieux ou pas plus mal en gardant porte close.
Par exemple, il eut été bien plus intelligent d’aider les restaurateurs à rester ouverts, par des aides à l’achat de cloisons de séparation en plexiglass et d’équipement de renouvellement de l’air ambiant, plutôt que de les maintenir sous perfusion. Évidemment, ceux dont la configuration rend toute activité impossible continueraient à être aidés selon la méthode actuelle. Le même mécanisme vaut pour les salles de sport.
Évidemment, on ne saurait souscrire aux théories d’un professeur Toussaint, admiré de ceux qui veulent tout rouvrir sans condition (un autre dogme), qui prétend que la preuve de l’efficacité du confinement n’a pas été rapportée. La Chine et l’Australie sont quasiment venues à bout de l’épidémie par ce biais, comme ce fut le cas de la France et de nombreux autres pays, certes temporairement, au printemps 2020. Affirmer qu’on se contamine en restant chez soi est tout aussi absurde. Que les gens sortent ou non, ils se retrouvent dans leur foyer, et n’y portent pas plus le masque que les couples font chambre à part pour éviter de se transmettre le virus. La contamination ne peut donc que venir de l’extérieur (à moins que le virus n’entre par la fenêtre ?!).
Si la science se ridiculise avec de telles assertions, affirmer que le confinement est la seule solution est tout aussi faux. La vie avec le virus doit s’organiser, comme l’avait souhaité le président Emmanuel Macron. Cela implique un strict respect des gestes barrière, sous peine de sanctions véritablement dissuasives (ce n’est pas le cas en France, contrairement à l’Italie ou la Corée), et une meilleure information du public, par exemple sur le nettoyage des surfaces et des mains. Dans le monde entier, on insiste sur ce point à coup de campagnes d’information, en particulier depuis la multiplication des variants très contagieux. Quel dommage qu’en France, certains médecins comme Martin Blachier puissent nuire à la prévention du Covid en affirmant que se laver les mains, c’est surtout utile pour se prémunir de la gastro-entérite !
Le pompon du jour est évidemment décroché par le professeur Didier Raoult : toutes les mesures seraient inutiles ! Donc autant tour rouvrir, jeter nos masques, vivre normalement, car de toute façon, le virus va tous nous cueillir. Il faut dire qu’après « Y a trois Chinois qui meurent et ça fait une alerte mondiale », « l’épidémie pourrait disparaître au printemps », ou l’épisode de la chloroquine, à laquelle nous aurions tant voulu croire, on peut s’attendre à tout de la part de l’idole de la Cannebière, qui vient peut-être suppléer à la déroute footballistique de l’OM dans le cœur des Marseillais, sans oublier que l’homme à un livre à promouvoir. Au point où nous en sommes, tout semble néanmoins possible. Didier Raoult vient implicitement de traiter d’incapables la quasi-totalité des scientifiques et dirigeants politiques de la planète, mais finalement, qui sait si en bout de course, il n’aura pas raison ! Peu probable, cependant, et en tout cas sans aucune chance d’être entendu par les pouvoirs publics. Revenons par conséquent à notre réalité.
Sauf si un confinement total est indispensable pour éviter que les gens meurent du Covid chez eux, dans la rue, dans leur voiture ou dans les couloirs des hôpitaux aux services de réanimation plus que saturés, il faut tout rouvrir en s’organisant avec méthode.
Emmanuel Macron a misé sur une vaccination quasi générale de la population d’ici la fin de l’été. Ce pari est très loin d’être gagné. Une fois encore, il faudra s’inspirer de ce qui réussit à l’étranger, en particulier en Israël où non seulement on vaccine plus massivement qu’ailleurs, en payant les vaccins plus que le prix du marché, là où l’Union européenne a cru bon faire les soldes, mais où on a instauré un passeport immunitaire permettant le redémarrage de toutes les activités à ceux ayant des anticorps, que ce soit par vaccination ou parce qu’ils avaient contracté la maladie et sont immunisés. En France, certains politiques, notamment à l’extrême droite, y voient une rupture d’égalité. En tout cas, ce raisonnement ne constitue pas une rupture d’absurdité, bien au contraire !
Malgré l’autosatisfaction affichée par le gouvernement et le choix d’Emmanuel Macron de résister au dictat hospitalier, la France affiche un bilan global très médiocre dans sa gestion de la pandémie : nombre de morts, récession, restriction des libertés, sacrifice de pans entiers de l’économie, le tout tempéré par la manne du « quoi qu’il en coûte ». Raison de plus pour tenter une autre voie, maintenant.
Raymond Taube
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