Selon Santé publique France, 27.000 patients ont contracté le Covid en établissement de santé au 14 février 2021, dont 186 en sont décédés. Deux raisons à cela : le mélange des patients Covid et non Covid dans la même chambre, et le refus d’une majorité de soignants de se faire vacciner.
Depuis 2002, la loi, plus précisément l’article L. 1142-1-1 du Code de la santé publique, dispose que les établissements et services de santé «… sont responsables des dommages résultant d’infections nosocomiales, sauf s’ils rapportent la preuve d’une cause étrangère ». Cela ouvre à ces 27.000 victimes ou à leurs ayant-droits la possibilité de réclamer en justice réparation de leur préjudice.
Ce risque sanitaire et juridique devait inciter les hôpitaux à deux exigences : isoler les patients Covid. Ne pas l’avoir fait procède de l’amateurisme, et aussi de la mise en danger d’autrui. Et bien évidemment, il est grand temps d’exiger la vaccination immédiate des soignants, comme c’est déjà le cas s’agissant de l’hépatite B et de la poliomyélite.
La résistance des soignants est injustifiable. C’est une faute éthique qui devrait être une faute professionnelle. Daniel Guillerm, Président de la Fédération Nationale des Infirmiers, et co-initateur de la campagne « Ensemble Prévention Covid » a toujours plaidé en faveur de cette obligation de vaccination des soignants, en particulier dans une tribune publiée dans le Jdd et reprise dans Opinion Internationale le 16 janvier dernier. Bientôt deux mois plus tard, nous en sommes au même point !
Les témoignages recueillis ces derniers jours par les chaînes d’info ne montrent guère d’altruisme de la part des professionnels de santé, mais une méfiance à l’égard d’un vaccin « si rapidement mis au point ». Les données et études nous parvenant notamment de pays vaccinant massivement, comme les Etats-Unis, Israël et le Royaume-Uni (ce dernier utilisant aussi le vaccin AstraZeneca), tendent pourtant à montrer que la vaccination réduit significativement le risque de contamination (jusqu’à 90 %).
« Tendent à… ». Le prétexte est tout trouvé ! Sauf que dès lors que la vraie raison se révèle être la peur d’être transformé en zombie par le vaccin, ces professionnels devraient se dire que cela n’est arrivé à aucun des 275 millions de personnes déjà vaccinées, et que les différents types de vaccins anti-Covid provoquent moins de réactions allergiques que de nombreux autres, y compris ceux administrés aux nourrissons et ceux administrés obligatoirement aux soignants. Égoïsme ? Effet d’un matraquage complotiste sur les réseaux sociaux ? Peur irrationnelle indigne de professionnels ? Tout cela qui explique que tant de soignants ne se vaccinent pas.
Olivier Véran a annoncé hier solennellement, devant le premier ministre, qu’il allait leur écrire une lettre pour demander aux soignants d’avoir l’immense bonté, si vraiment cela ne les dérange pas, d’envisager de réfléchir à envisager de se faire vacciner. On croit rêver !
L’exécutif fait preuve de beaucoup d’autorité, voire même de brutalité (les fameuses 5 h pour tout fermer le 14 mars 2020… et aller voter gaîment le lendemain aux municipales) pour fermer les restaurants et les cinémas (entre autres) alors qu’on pourrait faire autrement… si le gouvernement avait le courage d’imposer des protocoles sanitaires stricts.
Mais du courage, précisément, Olivier Véran (ou Castex, Macron ?) n’en a aucun pour imposer aux soignants de se vacciner sur-le-champ contre le Covid. A-t-il peur qu’ils se mettent en grève ? Leur dévouement, salué par les Français qui les ont applaudis tous les soirs lors du premier confinement, n’excuse pas qu’une partie si importante des soignants se comporte ainsi à l’égard de la vaccination.
Certes, le gouvernement n’a jamais donné un élan à la vaccination comme cela s’est vu ailleurs. La faute au président Macron qui dès la fin octobre a annoncé de façon précipitée : « bien entendu il n’y aura aucune obligation ».
Or l’état d’urgence sanitaire donne des marges de manœuvre au gouvernement pour imposer la vaccination des plus exposés.
Olivier Véran est le seul ministre à s’être fait vacciner en public (cela, il faut le mettre à son crédit) et tout a été fait pour effrayer les Français, s’agissant du vaccin AstraZeneca, avant de leur raconter subitement que c’est le meilleur vaccin du monde.
L’heure n’est plus aux tergiversations ni même aux explications. Cette curieuse missive ministérielle doit résonner comme une mise en demeure aux soignants récalcitrants, leur rappelant que la mise en cause de l’hôpital pourrait entraîner celle des préposés responsables du dommage.
Faudrait-il en arriver à préconiser comme au Vatican : « pas vacciné = viré ! »
Michel Taube