C’est le titre d’une chanson sulfureuse de Gérard Bourgeois et Gloria Lasso, en 1964, chantée par Brigitte Bardot et dont certaines paroles étaient « ma vie se passe toujours en ciel de lit ». D’ailleurs, dans une autre de ses chansons intitulée « Faite pour dormir », ne disait-elle pas, « moi, je suis faite pour dormir au fil de l’eau qui se défile et rien ne peut me retenir à part mon sommeil tranquille ».
C’est dire si dans sa vie, lit et sommeil vont être importants pour la fille de La Muette, à Paris, née dans une famille bourgeoise à l’éducation stricte.
En trois films, « Et Dieu créa la femme » de Roger Vadim, « Le Mépris », un chef d’œuvre—de Jean Luc Godard, et « La Vérité » de Georges Clouzot, Brigitte Bardot va devenir un symbole de l’émancipation féminine et de la liberté sexuelle, l’incarnation du désir et du plaisir pour des millions d’adolescents et d’hommes. Dans une France conservatrice, elle devient un « sex-symbol ».
Pourtant quand on l’interroge, la collectionneuse d’amants, déclare « Je me fous de l’émancipation féminine. Je m’assieds dessus ». Quant à la liberté sexuelle, elle insiste : « les femmes ne m’ont pas attendues pour se libérer » …
Sincère, naturelle, franche, provocatrice, l’icône était souvent « hors les clous ». Pour accepter de tourner dans « le Mépris », n’obligea-t-elle pas Godard à marcher sur les mains ? Elle se maria à Las Vegas un 14 juillet, fit déverser des centaines de roses d’un hélicoptère sur sa maison de la Madrague à Saint Tropez, par son amoureux, Gunther Sachs, arriva à l’Elysée, pour une réception avec le Général de Gaulle, habillée en pantalon et veste de hussard à Brandebourg, dansa avec Dario Moreno, lança la mode des cuissardes, chevaucha une Harley-Davidson, joua Anouilh, refusa le film « l’Affaire Thomas Crown » pour ne pas tourner aux Etats-Unis, et n’accepta de jouer dans les films de James Bond que si elle avait le rôle de Bond
A l’issue de « Viva Maria », Jeanne Moreau qui lui donnait la réplique déclara « la regarder marcher, c’est comme écouter de la grande musique ».
Le « sex-symbol » qu’elle était devenue inspira même de nombreux écrivains comme Cocteau, Moravia, Sagan, Nourissier ou Bernard Frank.
Elle inspira aussi des folies comme celle de John Lennon : à Londres où elle tournait, Bardot revenant d’un dîner à l’hôtel Mayfair, découvre dans son lit, le célèbre Beatles, nu et drogué et le fait évacuer par la sécurité.
On en oublierait presque que le cinéma ne fut pas sa passion première, juste un « acte de libération ». En fait, elle rêvait d’être danseuse.
D’être une star ne l’empêcha pas, à 38 ans, d’arrêter le cinéma.
De l’homme à l’animal, tellement moderne, Brigitte Bardot
Les conditions de cette fin de carrière méritent explications tant ils soulignent l’acte fondateur de son autre vie, la cause animale.
Sur le tournage de « Collinot-Trousse Chemise » de Nina Campanez, Bardot tombe sur une vieille dame tenant en laisse une jeune chèvre.
Lui demandant le pourquoi de cette promenade, elle s’entend répondre : « j’ai hâte que cela se termine car cette chèvre doit finir en méchoui, dans 3 jours, pour la communion de mon petit-fils ». Choquée, Bardot lui achète aussitôt la chèvre qu’elle ramène avec elle dans sa chambre d’hôtel.
Le soir même, elle annonce à l’équipe de tournage que ce sera son dernier film. Nous sommes le 6 juin 1973.
Personne ne la prend aux sérieux et pourtant elle ne reviendra jamais sur sa décision. Elle va même aller jusqu’à vendre ses biens aux enchères pour créer sa fondation.
« J’ai donné ma jeunesse et ma beauté aux hommes, je donne maintenant ma sagesse et mon expérience aux animaux » proclame-t-elle, excitée par sa nouvelle vie.
Pendant 35 ans, elle va se donner corps et âme à la protection des animaux maltraités. En 2020, il y a dans ses centres, 1000 équidés, 1000 bovins, 500chèvres, 250 cochons, 2500 moutons et toutes sortes d’espèces animales.
En février 2021, face à l’afflux d’animaux de ferme, elle est obligée de lancer un SOS au ministre de l’Agriculture pour obtenir une aide financière pour la fondation. Elle se bat pour que le plan de relance uniquement réservé aux animaux de compagnie et les équidés prenne en compte les animaux de ferme.
La loi sur l’animal reconnu comme un être vivant doué de sensibilité et qui n’est plus considéré comme un bien meuble dans le code civil, voté en 2015, lui doit beaucoup.
La femme « la plus belle et la plus scandaleuse du monde », quand on lui demande, aujourd’hui, à 87 ans, ce qu’elle aime le plus, répond « l’éclosion d’une fleur, la danse d’une abeille, le regard de mon âne et l’immensité de la mer ».
Sur son lit pour une belle sieste ou la nuit pour se reposer, Brigitte Bardot peut regarder scintiller les étoiles de sa vie et se remémorer les paroles de son amie Françoise Sagan : « Brigitte aime que les hommes trouvés et les chiens perdus posent leurs têtes sur son épaule ».
Michel Scarbonchi
A l’occasion de la Journée de la femme, et désormais chaque année, Opinion Internationale publie deux palmarès : « Les goujats 2021 » dimanche 7 mars et « Les championnes 2021 de la cause des femmes » lundi 8. A découvrir à la une de www.opinion-internationale.com.