Il n’y a pas si longtemps, en 2017, paraissait l’ouvrage de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Un président ne devrait pas dire cela, publié par les éditions Stock. Le lecteur pouvait découvrir, page 479, une des nombreuses citations du président de la République en exercice, François Hollande : « Cette institution (la magistrature actuelle, NDR), qui est une institution de lâcheté (…) parce que c’est quand même ça, tous ces procureurs, ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux ».
A notre connaissance, ce livre n’a pas fait l’objet de quelque recours que ce soit de la part de Hollande François. Ou de quiconque…
Le jour-même de la sortie de l’ouvrage cosigné de ces deux journalistes Davet et Lhomme, les premier président et procureur général de la cour de cassation exigeaient et obtenaient du même président de la République un mea culpa écrit : un communiqué de l’Elysée affirmant que le président n’avait pas voulu dire ce qu’il avait dit. Ce qui fut fait, sous les formes alambiquées qu’on imagine.
Quelques années plus tard, Nicolas Sarkozy condamné en première instance dans l’affaire Bismuth ( qui restera un grand moment de ce qu’on nomme la justice française et de son appréciation des secrets professionnels), Hollande n’accepterait pas « les attaques répétées contre la justice » que l’ancien président de droite aurait adressées à l’institution.
Il s’en est confié au Parisien, un journal populaire, pas connu pour une quelconque orientation extrémiste, qui livre ces propos au lecteur.
En manière de justice, celle de Hollande président (2012-2017) a été résumée dans ce passage d’un autre ouvrage, Merci pour ce moment, paru en septembre 2014 aux éditions Les Arènes, le best-seller d’une journaliste nommée Valérie Trierweiler.
Longtemps, je me suis refusé à lire ce livre. Mais j’avais tort. En ces jours consacrés aux droits des femmes, en cette période de pandémie frappant les malades d’autres pathologies, qu’on m’autorise à dire ceci : je souhaite que chaque lecteur lise mais surtout relise ce passage.
Il signe l’avènement d’un pouvoir totalitaire, avec du personnel de contention et des blouses blanches aux ordres : Valérie Trierweiler, alors officiellement en couple mais trahie par Hollande François, souhaitait en une occasion se rendre à Tulle, dans le département de la Corrèze. Elle s’en trouva empêchée d’une étrange façon. Citons Madame Trierweiler : » Les doses de tranquillisants ont été surmultipliés (sic) pour m’empêcher (sic) d’aller à Tulle ». (droit d’aller et venir, ça ne vous rappelle rien ? attestation dérogatoire… NDR) « Mes veines n’y ont pas résisté » (droit constitutionnel à l’intégrité physique ?) Pourquoi cette médication de choc ? Réponse : « Il ne veut plus de moi là-bas. J’insiste : je prendrai ma voiture et j’irai » (op.cit. pp 31-32)
Valérie Trierweiler n’atteindra pas Tulle mais sera maintenue sous sédation forcée.
N’oublions pas, n’oublions jamais ces faits.
Quand Hollande donne des leçons – et il le fait avec une fréquence qui n’échappe plus à personne -, le seul réflexe doit être de se pencher sur la pire présidence que notre pays ait connue : le sien. Quel que soit le domaine. C’est sous cette présidence, par exemple, que SON ministre de l’économie – dont on oubliera ici le nom – céda des fleurons de l’industrie française, Alsthom, Alcatel, Technip… Avec, en janvier 2017, 3% (je dis bien trois pour cent) des Français souhaitant sa réélection.
Mais ce n’est pas tout. Une prochaine chronique reviendra sur l’affaire Fillon, et le rôle décisif qu’y ont joué quatre personnages. Le premier, le plus déterminant, un « copain de régiment » de Hollande, et le troisième, un proche de Ségolène Royal. Cette « immense juriste » qui avait fait l’éloge du système judiciaire chinois et affirmait qu’il n’y avait pas de prisonniers politiques à Cuba.
Ces deux-là, Hollande Royal, qui ont naufragé leur propre camp, la Gauche, devraient un jour lire Marcel Aymé, qui décrit si bien dans quel monde ils évoluent :
« Vois-tu, j’ai peur que tu n’aies pas une idée très exacte de la justice et des corps constitués qui en exercent le pouvoir. Tu n’es pas sans savoir qu’il existe une magistrature assise et une magistrature debout. Mais ce que tu ne sais probablement pas, c’est que la magistrature debout est un euphémisme pour magistrature à genoux, ou à plat ventre. Tu vas me dire que c’est précisément cette posture-là dont tu lui fais grief ? Voilà bien où commence ton erreur. Apparemment que si l’Etat s’est réservé la possibilité d’avoir des magistrats à sa botte, ce n’est pas pour des queues de prune, mais pour s’en servir le cas échéant ». Marcel Aymé, Du côté de chez Marianne, éd. Gallimard, 1989, p. 156.
Une des premières décisions du quinquennat Hollande aura été, début août 2012, de muter contre son gré Philippe Courroye, alors procureur de Nanterre. Courroye, dont la photo avait été épinglée sur le « mur des cons » du très distingué syndicat de la magistrature, alors même que Courroye pouvait ne pas paraître comme une créature du pouvoir conquérant des Hollande Royal Taubira.
La contradiction totale de Hollande sur le sujet judiciaire, son incapacité profonde à supporter le miroir qu’on lui tend, devrait amener à une autre relecture, celle de la « bible de la magistrature » que manifestement ni Hollande, Royal, Taubira ni leurs obligés n’ont jamais lue :
« Vouloir paraître juste, sans l’être en effet, c’est le comble de l’injustice. Et c’est en même temps le dernier degré de l’illusion. Il est des impostures qui éblouissent d’abord, mais il n’en est point qui réussissent longtemps, et l’expérience de tous les siècles nous apprend que pour être homme de bien, il faut l’être véritablement. (…) Vous jugez vos différends, mais il juge votre justice. »
La lecture de cette citation, extraite de la onzième Mercuriale de Henri-François d’Aguesseau, Chancelier de France, prononcée à la Saint Martin en 1708, pourrait faire réfléchir certaines ombres, qui parlent, et parlent encore… sans doute pour se croire vivants.
Jean-Philippe de Garate