Emmanuel Macron a réussi à confiner mentalement, moralement les Français. Cela s’appelle une dépression collective dont toute la responsabilité revient au chef de l’Etat… La tartuferie de ces derniers jours, que nous appelions le confinement déconfiné, achève de plonger les Français dans une expectative terrible…
Monsieur le Président, dans une démocratie, il est d’usage d’affirmer que nous avons les dirigeants que nous méritons. Ce n’est que partiellement exact. Heureusement d’ailleurs, car les incompétents au pouvoir, en particulier les populistes dans l’acception la plus péjorative du terme, sont légion. En France, les dirigeants politiques – et c’est votre cas, Monsieur le Président, et c’est le cas de votre Premier ministre – sortent presque tous du même moule des grandes écoles, le plus souvent l’École nationale d’administration, l’ENA. Cela donne notamment comme résultat que la France est sous gouvernée et sur-administrée, le phénomène prenant des proportions insupportables depuis le début de la pandémie.
L’attestation ubuesque, kafkaïenne de samedi était un non-sens administratif, une aporie sanitaire et une faute politique majeure : imposer une attestation administrative tout en autorisant une libre circulation dans un rayon de 10 km pour s’aérer, ceci sans limitation, franchement, on a rarement commis pire insanité bureaucratique.
Monsieur le Président, on dit que vous vous êtes fâché contre cette hallucinante attestation pondue par les bureaucrates de Matignon. Mais la maintenir dans certains cas, notamment pour nous déplacer à plus de 10 kilomètres de notre domicile est une mesure digne d’un Etat totalitaire dès lors que son efficacité sanitaire est nulle ou négligeable. Comment pouvez-vous cautionner de telles aberrations, de telles bêtises ? Vous n’êtes donc pas ce chef de guerre, voire même ce chef d’État qui dirige l’exécutif, démontrant une fois encore que notre dualité constitutionnelle au sommet de l’État est une incongruité qui nuit à l’efficacité de la gouvernance et dilue les responsabilités. Du Président ou du Premier ministre, il y a en a un de trop. Jean Castex est sans doute un honnête haut fonctionnaire dévoué. Mais en récompense pour son échec cuisant du premier déconfinement, avec ses protocoles de 50 pages, vous l’avez nommé Premier ministre. Pour qu’il ne vous fasse pas d’ombre, sans doute, en vue de votre réélection… moin d’être assurée.
Monsieur le Président, dans un peu plus d’un an, ce sera cruel de devoir vous soutenir si vous vous retrouvez face à Marine Le Pen. Nous le ferions avec détermination, car l’extrême droite, même repeinte en bleue, est une peste noire. Et en matière de virus, ça suffit avec le Covid !
Mais il faut que vous vous ressaisissiez maintenant, car votre réélection par seul rejet de l’extrême droite pourrait rendre le pays ingouvernable. Ressaisissez-vous sur le Covid, comme sur l’insécurité et l’islamisme. Commencez par cesser ces absurdes et dangereuses fermetures de commerces. Pour une efficacité sanitaire négligeable, non seulement vous conduisez à la faillite des entrepreneurs dont la détresse ne peut pas être comprise par des hauts fonctionnaires dont le salaire est garanti, mais vous détruisez l’âme des villes.
Et puis c’est si ridicule : les fleurs et les livres sont indispensables, mais pas les vêtements et les chaussures. Je n’irais pas plus loin dans l’énumération. Grâce aux jauges et aux gestes barrières renforcés, même les grands magasins pourraient rouvrir. Mais il faut avoir le courage de les imposer et de sanctionner par la fermeture administrative, sans indemnisation, les établissements qui ne les respecteraient pas ou qui ne les feraient pas respecter. Vous pourriez peut-être même diligenter une campagne dans les médias, invitant les Français à éviter les enseignes qui ne respecteraient pas les protocoles sanitaires.
Monsieur le Président, cessez la mascarade du « quoi qu’il en coûte », que vous semblez pouvoir faire durer jusqu’à la prochaine élection présidentielle. Vous ou votre successeur présenterez ensuite la note aux Français : explosion des impôts, réduction drastique des prestations sociales, dégradation du service public… Il fallut presque une révolution (jaune) pour vous faire lâcher une poignée de milliards et voilà que maintenant, il n’y a plus de limite à la manne financière ? Qui peut y croire ?
Monsieur le Président, avez-vous conscience que de nombreux restaurateurs se satisfassent de leur situation de confinement, contrairement à ce que pourraient laisser croire les lamentations de certains de leurs représentants sur les plateaux de télévision. Leurs salariés sont indemnisés, et eux perçoivent 10.000 euros par mois ou 20 % de leur chiffre d’affaires avant fermeture. C’est Byzance, pour nombre d’entre eux ! Pas tous évidemment, tant s’en faut. Mais les cafés et restaurants, plus encore que les autres commerces, sont l’âme d’une ville, Paris plus que n’importe quelle autre capitale du monde, comme l’affirment tous les touristes. Pourquoi n’avez-vous pas aidé les cafetiers et restaurateurs, et d’ailleurs l’ensemble des commerces et entreprises, à financer des systèmes de renouvellement d’air, des lampes à ultraviolets qui tuent les virus ou des machines à purifier l’air, comme celle proposée par une petite entreprise des Pays de la Loire, Natéosanté, dont je me permets de vous rappeler qu’elle exporte son produit vers plusieurs pays européens et asiatiques ? On pourrait ajouter des séparations en Plexiglas dans les restaurants, comme on en trouve notamment sur certains plateaux de télévision.
Monsieur le Président, qu’attendez-vous pour imposer enfin le télétravail pour toutes les activités de bureau, que cela plaise ou non aux DRH et aux salariés ? Ne me dites pas que le droit ne le permet pas. D’abord, nous sommes en état d’urgence sanitaire. Ensuite, le droit est la traduction de la volonté politique, et non l’inverse. Nécessité fait loi, n’est-ce pas ? Le télétravail n’est pas la panacée pour tous, mais c’est un pis-aller temporaire et supportable.
Tout cela, Monsieur le Président, cela s’appelle la prévention. C’était l’alpha et l’oméga de votre discours de candidat à la présidentielle, en 2017. La prévention, ce n’est pas un slogan inconsistant ou un projet à long terme. C’est ce qui permet aujourd’hui de vivre avec le virus, comme vous l’aviez d’ailleurs fort justement indiqué, en attendant la vaccination massive (et s’il le faut obligatoire) de la population.
Monsieur le Président, il faut mettre un terme à la communication gouvernementale si décalée de la réalité de terrain qu’elle en devient grotesque : lorsque votre ministre de la Santé affirme que « la solution, ce n’est pas le confinement, mais la vaccination », il ne peut ignorer que nous sommes en pénurie de vaccin. Essayez donc de vous inscrire par internet pour être vacciné dans un centre de vaccination. Si vous avez moins de 70 ou 75 ans, c’est impossible. Ça changera, nous dit-on. Espérons que ce soit avant une prochaine mutation du virus qui rendrait ces vaccins inopérants.
Oui, Monsieur le Président, ressaisissez-vous et soyez ce chef de guerre que vous devriez être. La colère couve. Et les rassemblements de Français retors désormais à toute consigne de prudence augmentent en taille et en nombre. Marseille, Annecy, banlieue parisienne…
Vous n’aviez su prendre le pouls de la France avant le mouvement des Gilets jaunes. N’écoutez pas vos ministres et conseillers qui vous disent que tout va bien. Ne sentez-vous pas la colère et l’incompréhension se répandre comme une épidémie ?
Michel Taube