C’est dans l’air. Comme toutes les bonnes idées, les grandes découvertes et inventions. Ainsi, n’est-il pas rare dans l’histoire de la science que leur paternité soit revendiquée par plusieurs. Comme Charles Darwin, par exemple, et Alfred Wallace, avec leur théorie de l’évolution, ou plus récemment, le professeur Luc Montagnier et le docteur Gallo pour la découverte du virus du Sida, qui donna lieu à de vilaines batailles juridiques.
Mais qu’est-ce qui est dans l’air cette fois ? Le spray nasal antivirus. Ainsi, un spécimen du genre devait être lancé en France au 1er mars de cette année. Selon les fabricants, soutenus par l’IHU Méditerranée de Marseille, ce produit évacuait les particules virales voire les rendait inactives, à plus de 99 %. Le 22 février, pourtant, dans un communiqué de presse, l’Agence nationale de sécurité du médicament annonçait son interdiction de mise sur le marché faute de preuves de son efficacité. De toutes façons, qui y croyait ? Une pulvérisation dans le nez viendrait à bout d’un virus qui a tué aujourd’hui près de 3 millions de personnes dans le monde ! En France, on n’est pas nés de la dernière pluie. Alors ce genre de chimères… Erreur : il fallait y croire.
Après la fausse alerte du spray nasal français, un autre spray venu d’ailleurs, semble vouloir faire son chemin jusqu’au consommateur. Et celui-là ne se contente pas de dégommer la Covid 19, ce qui n’est déjà pas mal, mais 99,9 % des virus aériens. En effet, au départ, sa créatrice, la biochimiste israélienne, Gilly Regev, et son équipe de SaNOtize, dont elle est la cofondatrice à Vancouver au Canada, ont développé ce superspray avant la pandémie dans le but de dresser une barrière chimique contre la grippe. Ce travail a duré douze ans. Enfin au point il y a un an, ce « tueur » universel, ou presque, a dû attendre, comme tous les médicaments, de passer les étapes de son homologation. Malheureusement ! Gilly Regev avoue avoir désespéré de voir tant de personnes mourir alors qu’elle savait détenir une clé de leur protection. « C’est ma plus grande frustration, explique-t-elle. Nous avons essayé sans répit d’accélérer le processus. »
Mais aujourd’hui, elle peut se réjouir à l’idée que son spray, Enovid, au prix « très abordable », sauvera bientôt beaucoup de vies, et en particulier là où la vaccination piétine. En effet, les résultats d’un essai clinique effectué au Royaume-Uni sont très encourageants. D’après ses conclusions, le spray « empêche la transmission de la Covid-19, raccourcit son évolution et réduit la gravité des symptômes et des dommages chez les personnes déjà infectées ». Par ailleurs, la Nouvelle Zélande a d’ores et déjà approuvé sa mise sur le marché, son processus d’approbation est en cours au Royaume-Uni et l’Agence israélienne du médicament lui a accordé une autorisation provisoire. Enfin, parce qu’il y a urgence, une usine implantée à Ness Ziona, près de Tel-Aviv, en a lancé la fabrication. Selon les prévisions, 200 000 à 500 000 bouteilles devraient être disponibles d’ici le mois de mai. Ensuite la production passera à un million par mois.
Depuis le début de la crise, le gouvernement français a préféré dans le doute bloquer trop d’initiatives de ses chercheurs et entrepreneurs au lieu de les encourager, les soutenir dans leurs efforts, ratant ainsi trop de trains. Saura-t-elle attraper celui-là ? Et, les prochains aussi, venus de France cette fois ?
Catherine Fuhg