Monsieur le Président de la République,
La France fait partie des pays où les mesures de privation des libertés, d’entrave et de fermeture de tant de lieux de vie, de culture, de sport, de commerce et de services, auront été parmi les plus longues depuis mars 2020 et la crise du coronavirus. Elles auraient dû être l’exception et l’arme ultime des pouvoirs publics. Leur durée contribue à un désastre économique, social et psychologique.
Nous devons changer de paradigme, monsieur le Président, et agir autrement contre la Covid-19, les prochaines pandémies et toutes les maladies, en déployant d’urgence, en amont et en aval de l’hôpital, avec tous les professionnels de santé de proximité, les associations de patients, les acteurs de la société civile et les élus locaux, une nouvelle politique de santé publique qui tient en un mot : la prévention.
La prévention, c’était le maître mot de votre programme santé en 2017, monsieur le Président.
Les mesures à prendre sont multiples et se déploient pour certaines mais souvent avec trop de lenteurs, mais nous vous en proposons déjà quelques-unes.
La prévention commence évidemment par la vaccination : dans l’histoire, les vaccinations ont sauvé bien plus de malades que les hôpitaux ! Or le retour à une vie normale ne sera possible que lorsqu’au moins 70% de la population sera immunisée. En prenons-nous vraiment le chemin ? Seul un plan de vaccination massif et très incitatif permettra d’atteindre cet objectif au plus vite. Seules de sérieuses améliorations logistiques, la mobilisation de tous les professionnels de santé pour concourir pleinement à la vaccination, la mise en place de chaînes de production en France, la confiance donnée aux territoires pour piloter la vaccination, permettront d’atteindre l’objectif que vous avez annoncé vous-même, monsieur le président, que tous les adultes puissent se faire vacciner d’ici la fin de l’été 2021.
Pendant toute la durée de la pandémie, l’Assurance Maladie pourrait prendre en charge tous les actes de prévention dispensés par un professionnel de santé proche des patients auprès des personnes vulnérables (âgées, en surpoids, diabétiques, asthmatiques, hypertendues ou souffrant de pathologies chroniques), ceci dans l’esprit de la « consultation prévention Covid » qui a été instaurée mi-décembre 2020. En suivant en amont les personnes à risque, le nombre d’hospitalisations Covid baissera nécessairement.
Ensuite, la différenciation par site d’activité et selon chaque territoire gagnerait à devenir la norme : en relation avec les communes, les départements et les régions, les professionnels de santé, rompus aux règles d’hygiène et de prévention, devraient être habilités par les pouvoirs publics à conseiller les dirigeants de toute structure accueillant du public pour adopter les mesures les plus fines adaptées à chaque établissement, s’appuyant notamment sur les protocoles des branches professionnelles et les services de santé au travail. Cette différenciation doit permettre de rouvrir au plus vite le plus grand nombre d’établissements en France dans tous les secteurs d’activité.
Dans chaque lieu de forte affluence (transports en commun, centres commerciaux et grands magasins, établissements d’enseignement, enceintes sportives et lieux de spectacle….), des agents de prévention et d’hygiène, éventuellement recrutés dans le cadre du Service civique et du Service national universel, pourraient être massivement déployés pour faire de la pédagogie en direction des usagers et participer à la mise en œuvre des mesures d’hygiène (nettoyage des poignées des portes, des boutons d’ascenseurs, des barres des bus ou des métros…). Nous regrettons d’ailleurs que la communication sur les geste-barrière ait quasiment disparu.
Dans les écoles, les collèges et les lycées, l’éducation à la santé devrait être rétablie au plus vite, et des cours d’hygiène individuelle et collective dispensés par des enseignants formés. Les commissions santé des établissements scolaires devraient sans plus attendre se réunir, notamment pour veiller à éviter tout relâchement. L’éducation à la santé doit être le pilier de la politique sanitaire, comme le souligne d’ailleurs l’OMS.
De même, les tests salivaires, développés par des PME françaises reconnues, une fois homologués, devraient être déployés le plus rapidement possible. Dans les aéroports, les gares et les ports, des chiens renifleurs, excellemment dressés en France, devraient aussi aider à repérer sans délai les personnes atteintes par le virus.
Enfin, faisons confiance aux citoyens : il est urgent de les responsabiliser par des messages positifs et mobilisateurs. La « Covid Attitude », à laquelle vous vous êtes récemment prêté avec des influenceurs, et que pourraient relayer massivement des artistes, des sportifs et d’autres influenceurs de renom, vaut mieux que la culpabilisation !
Parce que la prévention est l’affaire de tous les citoyens (nous sommes tous des « préventeurs », comme disent nos amis québécois) et donc de tous les ministres, nous vous demandons, Monsieur le Président, de convoquer au plus vite un « Matignon de la santé publique et de la prévention » ouvert à tous les professionnels de santé de proximité, aux associations de patients et de victimes de la Covid-19, aux élus nationaux, aux entreprises, aux professions libérales et à toute la société civile, pour enfin, à travers une grande loi de programmation « Prévention Santé », doter la France de nouveaux indicateurs de santé publique et des moyens d’investir massivement dans la prévention et dans des stratégies de santé autres que curatives. Un Secrétaire d’Etat à la santé publique, défendue notamment par Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, ainsi que dans chaque collectivité locale, un(e) élu(e) rattaché(e) au président ou au Maire, pourraient être chargés de mettre en œuvre ce nouveau paradigme de la santé publique en France.
La crise que nous vivons nous offre l’opportunité d’accélérer la conversion de notre système de santé à cette culture de la prévention pour une meilleure santé globale de nos concitoyens, définition même donnée par l’OMS de la santé. D’autant que, investir dans la prévention, c’est s’assurer de considérables économies de santé à moyen et long termes.
Nous nous tenons à votre disposition, Monsieur le Président, pour élaborer ensemble ce New Deal de la prévention. Car la prévention n’est pas un traitement prescrit sur ordonnance, mais un mode de vie responsable et solidaire qui commence aussi par une saine alimentation, une pratique régulière du sport ou des activités physiques.
Monsieur le Président, il est encore temps de tenir votre engagement de 2017 : la prévention !
Sont cosignataires (par ordre alphabétique) les initiateurs de la campagne www.ensemblepreventioncovid.fr :
Philippe Besset, président de la FSPF (Fédération des Syndicats Pharmaceutiques Français)
Anne Dehêtre, présidente de la Fédération Nationale des Orthophonistes
Thierry Doll, Président de France Active – FNEAPL (Fédération Nationale des Entreprises des Activités Physiques de Loisirs)
Sébastien Guérard, Président de la FFMKR (fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs)
Daniel Guillerm, président de la FNI (Fédération Nationale des Infirmiers)
Catherine Kirnidis, Présidente du SNIIL (Syndicat National des Infirmières et Infirmiers Libéraux)
Laurent Munerot, vice-président de l’U2P (Union des entreprises de proximité) et président de la CNAMS (Confédération Nationale de l’Artisanat des Métiers de Service et de Fabrication)
Laurent Perrin, président du SNVEL (Syndicat National des Vétérinaires d’Exercice Libéral)
Michel Picon, Président de l’UNAPL (Union Nationale des Professions Libérales)
Michel Taube, fondateur d’Opinion Internationale, écrivain, dont l’épouse est décédée de la Covid-19
Raymond Taube, directeur de l’IDP – Institut de Droit Pratique
Philippe Vermesch, président du SML (Syndicat des médecins libéraux).
Contre la Covid, je vote prévention santé ! Portraits de soignants au chevet des Français.
En novembre dernier, une quinzaine d’organisations de soignants et de professions libérales lançaient, à l’initiative d’Opinion Internationale et de la FNI (Fédération Nationale des Infirmiers), la campagne Ensemble Prévention Covid.
Débats, sensibilisation, pétition « Je vote prévention Covid » et Lettre ouverte au président de la République ont porté une conception plus humaine et globale de notre santé pour agir plus en amont et en aval de l’hôpital contre cette terrible pandémie.
Convaincus que la lutte contre la Covid nécessiterait une politique globale de santé publique, de protection des personnes à risque en amont de leur éventuelle contamination, de soutien aux soignants de ville, de campagne et de proximité, les acteurs de cette campagne, issus tant du monde des soignants que des professions libérales, ont vite fait un triste constat… La campagne de vaccination a malheureusement suivi le même cours que la gestion de la crise depuis février 2020 : manque d’anticipation, gestion de la pénurie, mise en concurrence plus qu’en synergie des acteurs de santé, absence de communication mobilisatrice sur les mille et un gestes et actions de prévention dont la vaccination ne nous exonère nullement…
Du 31 mars au 7 avril 2021, les élections aux unions régionales des professionnels de santé (URPS) vont en partie redessiner le paysage syndical du monde de la santé. A cette occasion, Opinion Internationale publie des portraits de ces professionnels de santé, engagés, souvent plus que d’autres, dans la promotion d’une politique de santé centrée davantage, pour parler en bon français, sur le care que sur le cure.
Portraits signés Catherine Fuhg (d’autres suivront dans la semaine) et une pétition pour changer la donne à la une d’Opinion Internationale et de www.ensemblepreventioncovid.fr !
Michel Taube