Aucun regret. Non, rien de rien, Philippe Vermesch ne regrette rien. Il ne perd pas de temps en ruminations stériles. Sans doute a-t-il, comme chacun, commis des erreurs d’aiguillage, mais il est bien trop occupé à aller de l’avant pour s’arrêter en chemin et regarder en arrière. Pour se diriger dans la vie, il suit sa boussole intérieure, qui fonctionne à l’instinct. Ce qui, jusqu’à maintenant, lui a réussi plutôt bien.
Ayant hérité, semble-t-il, de son père militaire, la détermination et le sens de l’action, de sa mère le souci de l’autre – elle était infirmière –, il a mené sa carrière de médecin au pas de charge. Sans espérer que les autres lui servent ses désirs sur un plateau d’argent. Ses rêves lui appartiennent, il ne compte donc que sur lui-même pour les réaliser. Ou en changer, quand il le faut. Pragmatique, il préfère chercher des solutions alternatives que s’obstiner vainement. C’est ainsi que sans états d’âme il abandonne son projet de devenir pilote de ligne, pour cause de nullité en maths – « À l’époque, il fallait faire Maths sup, Maths spé. Ça a été vite vu. » –, et s’oriente vers la médecine.
En revanche, il sait s’accrocher sans se laisser abattre par les difficultés : après avoir redoublé sa première année de fac, il se classe au deuxième essai major de sa promotion. Côté privé aussi, il essuie des revers. S’étant marié très jeune, il divorce après quelques mois. Ce qui ne l’empêche pas de s’engager à nouveau. Cette fois, avec bonheur. Finalement, aujourd’hui, à quelques encablures de son départ à la retraite, il pourrait se vanter d’un bilan positif s’il n’était pas accaparé par d’autres activités. Car pour l’instant pas question de ralentir l’allure pour s’endormir sur ses lauriers. Même s’il prépare sa sortie. Sans crainte ni impatience. Il sait qu’il ne s’ennuiera pas. Lui qui adore voyager ira au bout du monde, dans l’Antarctique, voir les pingouins, en Australie aussi, en Nouvelle-Zélande « et dans les îles d’Océanie ». En attendant, il ne chôme pas.
Au début de ses études, Philippe Vermesch se destinait à la dentisterie, mais influencé par le père d’une petite amie – « Comme quoi, j’avais la vocation », commente-t-il non sans humour –, il continue en médecine pour choisir, comme spécialité, la stomatologie. « Retour, en quelque sorte, à mes premières amours. » Pourquoi la stomatologie ? D’abord parce que c’est manuel, ce qui lui correspond, ensuite que les opérations n’y durent pas très longtemps. « En moyenne, une demi-heure. Même si certaines sont plus longues. J’avais besoin que ça aille vite. »
De ce côté, rien n’a changé : alors que je marque une pause après nos salutations, il prend les rênes de l’entretien qu’il mène à fond de train jusqu’à cette conclusion : « Ça fait trente-deux ans maintenant que j’exerce en libéral ». Il nous a torché sa carrière en deux minutes, montre en main. Heureusement que lui aussi a besoin de respirer. J’en profite pour récupérer la direction des affaires. J’apprends que s’il n’avait pas la vocation au départ il l’a attrapée en route : il s’amuse dans son travail. D’autant qu’il a fidélisé « une clientèle sympa », en plus, il s’est installé sur la côte, à Saint-Raphaël. Le grand chelem pour Philippe Vermesch.
Par ailleurs, car ce n’est pas tout, afin de satisfaire ses penchants d’entrepreneur, il a fait le pari, il y a quelques années, d’installer son cabinet en dehors de la ville, dans une zone industrielle où il n’y avait rien, pas même une route, à l’époque. Créant avec trois copains un pôle d’activité, aujourd’hui, bien sûr, fleurissant.
Et à part ça ? Si, si.
Entre sa vie de famille, heureuse, son métier qui lui plaît et quelques investissements solides, qui suffiraient largement à remplir jusqu’à la garde un emploi du temps respectable, il réussit à accomplir sa mission de président d’un syndicat de plus de 8 000 adhérents, le SML, Syndicat des médecins libéraux. Et c’est en cette qualité qu’il soutient l’initiative « Ensemble Prévention Covid » aux côtés d’autres décideurs de la santé et l’entreprise. Aurait-on pu l’imaginer, en cette période cruciale, ailleurs qu’en première ligne, à défendre cette cause, primordiale entre toutes ?
Catherine Fuhg
Retrouvez Philippe Vermesch parmi les signataires de la Lettre ouverte au Président de la République « Pour un Matignon de la prévention et de la santé publique » initiée par les partenaires de la. campagne « Ensemble Prévention Covid ».