Pour avoir pratiqué, enfant, le sport de haut niveau, il a connu très tôt un plaisir réservé d’ordinaire aux âges avancés : le mal de dos. C’est ainsi qu’il s’est frotté jeune à la kinésithérapie, un art qui l’a fasciné, de même que ces professionnels qui comprenaient le corps, lui parlaient avec les mains, et parfois le soignaient aussi avec les mots. De cette rencontre prématurée avec le monde de la douleur est née sa vocation et le choix, vers douze ans, de son orientation.
Rien n’a jamais vraiment ensuite ébranlé sa certitude ni ne l’a découragé de poursuivre son ambition de devenir un jour kinésithérapeute. Pas même un certain prof de maths qui lui avait promis l’échec. « Au contraire, ça m’a stimulé. » En effet, s’il a dû abandonner le sport et la compétition pour raison de santé – ou plus exactement « sur conseils d’un mauvais médecin » –, il n’en a pas perdu l’esprit. Et un sportif aime les défis. Il a gagné ce pari. Un à zéro pour lui.
Une seule fois, il a hésité. C’était pendant sa formation, au cours de la première année, quand il a failli contracter le goût du bistouri, à cause d’un professeur de chirurgie orthopédiste. Une discipline pas si lointaine de la kinésithérapie. Ces deux métiers de santé se ressemblent, explique-t-il, par leur côté manuel. Cependant quelque chose d’essentiel les différencie : la relation au patient. Alors que le chirurgien opère sur des gens endormis, le kinésithérapeute implique celui qu’il soigne dans la démarche thérapeutique, communique avec lui. « À la longue, le contact humain m’aurait manqué », conclut-il. Puis, il ajoute, pudique – l’évoquant presque en la niant – une dernière considération, certainement pas des moindres pourtant, qui a influencé sa décision finale : les sacrifices énormes consentis par ses parents pour lui permettre de poursuivre son rêve d’adolescent. Comment dans ces conditions aurait-il pu arrêter ses études en plein cursus, pour revenir en arrière ?!
Ce coup de cœur, malgré tout, s’il ne l’a pas détourné du chemin qu’il s’était tracé, a impacté sa carrière : il s’est, peu après son diplôme, spécialisé dans l’épaule, domaine de prédilection de son professeur chirurgien. Et, il a contribué, plus tard, à la création de la Société française de rééducation de l’épaule, dont il est aujourd’hui encore le vice-président. Entier, Sébastien Guérard ne fait jamais rien à moitié.
Aussi, peut-on compter sur lui et son engagement sans faille quand il se lance en plus de l’exercice de son métier dans l’action syndicale. D’ailleurs, à la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs, on ne s’y est pas trompé : ses membres l’ont choisi pour président en novembre 2019. Peut-être réussira-t-il, dans le cadre de cette fonction, à faire évoluer la relation médecin-kiné, où le premier prescrit et le second exécute, aux antipodes de ce qu’il vit au quotidien – il a su établir des rapports de confiance avec les praticiens, généralistes, rhumatologues ou chirurgiens orthopédistes, qui collaborent avec lui, au point qu’ils le consultent sur certains de leurs cas. Quoi qu’il en soit, il s’y emploie. Et connaissant le « bonhomme », on ne peut que conseiller à ses adversaires de bien se tenir.
Cependant, au cœur de la crise de la Covid-19, les conflits de paroisses sont relégués au second plan. L’union est à l’ordre du jour face à l’ennemi commun, pour la santé publique. Sébastien Guérard l’a compris et s’est lancé sans hésiter, avec la force qu’il dirige, dans la lutte pour la prévention, contre la covid-19. Savoir cette bonne cause entre ses mains de kiné a de quoi nous rassurer.
Catherine Fuhg
Retrouvez Sébastien Guérard parmi les signataires de la Lettre ouverte au Président de la République « Pour un Matignon de la prévention et de la santé publique » initiée par les partenaires de la campagne « Ensemble Prévention Covid ».