Mais que fait donc le chef de l’Etat ?
Les fermetures de classes augmentent en flèche d’une semaine à l’autre !
Les enseignants, les adultes les plus exposés de France au Covid-29 avec les soignants, n’ont même pas le droit d’être vaccinés ! Les enseignants sont sur les rotules, les directeurs d’écoles sont pris de vertige face aux changements incessants de protocoles. Tiens, un élève positif entraîne la fermeture d’une classe mais un enseignant positif, lui, non ! Allez comprendre pourquoi…
Et puis quels efforts ont été faits depuis un an pour anticiper le remplacement des enseignants frappés par le virus ? C’est comme à l’hôpital : où sont les milliers de lits de réanimation promis il y a un an ?
Au point où nous en sommes, il serait préférable de fermer les écoles, plutôt que de fermer les commerces en imposant (et non en suggérant) la généralisation du télétravail dans toutes les activités de bureau.
En Île-de-France, où tous les seuils d’alerte sont dépassés, les vacances de Pâques débuteront dans deux semaines. Trop tard pour laisser passer le pic pandémique. Pâques arrive dans trois jours : autant tirer rideau, donner rendez-vous mardi 6 avril sur Internet aux enfants et aux professeurs et laisser passer l’orage pandémique !
Nous ne vivons plus une nécessaire adaptation à une situation évolutive, mais dans une improvisation désordonnée imposée par un pouvoir exécutif dont l’excès de communication cache mal la panique qui l’a emparé…
Panique ? En effet ! Un cas de Covid dans une classe, et toute la classe ferme, disions-nous ? Par extrapolation, cette logique conduirait rapidement à confiner toute la France. Un cas dans le service d’une entreprise ou une administration ? Et on fermerait le service.
Évidemment, on préfère ignorer qu’un métro, un bus ou un tram, où les voyageurs, parfois avec le masque sous le menton, sont collés les uns aux autres, sont des vecteurs de contamination. Mais il paraît que « ça n’a pas été prouvé ! ». C’est l’argument implacable qui nous est toujours servi, même contre l’évidence. Or seul avec un traçage systématique et obligatoire de la population (jusque pour repérer les cas de Covid, sous le contrôle de la CNIL et de nos hautes juridictions), on pourrait prouver que les transports, les écoles, les entreprises, les restaurants collectifs sont autant de sources de contamination. Mais comme on s’y refuse, on évoque les libertés, la confidentialité, voire les droits de l’Homme. L’égoïsme, le droit de contaminer les autres, l’incivisme sont devenus des libertés fondamentales.
Mais nul n’est besoin d’études, qui sont trop souvent orientées en fonction de ce qu’en attend le commanditaire, pour constater que l’école et le travail (30 % des cas de contamination, nous dit-on tout de même) sont d’importants vecteurs de brassage de population, bien plus que les commerces en tout cas, dont certains sont sacrifiés par facilité et incapacité d’organiser la vie avec le virus.
Vivre avec le virus ou l’éviter coûte que coûte
Schématiquement, deux approches sont effectivement possibles : vivre avec le virus ou tout faire pour l’éviter, surtout quand la marée monte dangereusement dans les services de réanimation. Emmanuel Macron avait prôné la première option, mais il n’a jamais la mettre en œuvre. Défaut d’autorité du Président et de l’État à l’égard des citoyens, délégation de la gouvernance à une haute fonction publique qui est l’incarnation du mal français…
Vivre avec le virus, c’est pourtant assez simple finalement : d’abord, tester massivement et mettre en quarantaine effective les positifs et les cas contacts, comme en Corée du Sud ou en Chine (oui, mais nos libertés… de tuer !). Ensuite, élaborer des protocoles sanitaires permettant de ne sacrifier aucune activité. De la prévention à court terme, en somme, prévention qui fut le leitmotiv d’Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle en 2017… Aussitôt oublié dès son accession au pouvoir.
Cet échec ne laisse la place qu’à la stratégie de l’évitement du virus : couvre-feux, confinements, fermetures de classe… Mais toujours en demi-mesures. Le fameux « en même temps », on ne peut le condamner par principe, car le tout ou rien ne serait pur dogmatisme dans un monde où tout n’est qu’incertitudes et nuances. Sauf qu’à un certain degré, le « en même temps » devient dogme.
Télé-enseignement ?
Revenons à l’école…
Vacances de Pâques anticipées obligent, pourquoi pas le télé-enseignement au bénéfice d’une génération née avec un smartphone dans une main et une souris d’ordinateur dans l’autre ?
Bien sûr, ce n’est pas l’idéal. Tant d’arguments plaident en faveur d’écoles ouvertes, envers et contre tout : les motifs psychologiques, la fracture numérique, les problèmes de garde d’enfants, les questions matérielles, organisationnelles… Mais ne serait-ce pas un moindre mal, qui plus est temporaire ?
Il ne s’agirait pas véritablement d’anticiper les vacances, mais d’organiser autrement l’école, grâce précisément au télé-enseignement des élèves et au télétravail des parents.
Quand bien même le gouvernement admettrait-il qu’il faut, la mort dans l’âme et en désespoir de cause, fermer toutes les écoles au bénéfice du télé-enseignement et du télétravail, il lui faudrait plusieurs semaines pour l’organiser, au moyen de protocoles incompréhensibles et inapplicables dont notre administration a le secret. C’est désespérant. Ça l’est d’autant plus qu’après Israël et l’Asie, le Royaume-Uni revient progressivement à la vie normale. Les États-Unis suivront bientôt.
Et pendant ce temps, Emmanuel Macron et son gouvernement continuent de s’auto-congratuler.
Il se dit que les écoles fermeront dès ce vendredi. Simple avancement des vacances, sans télétravail imposé, et sans télé-enseignement organisé. Dans deux ou trois semaines, on se demandera peut-être s’il ne faut pas confiner sévèrement… à condition que « l’acceptabilité » soit majoritairement acquise, comme si l’État de droit devenait celui de l’opinion. Stop and Go, on ouvre, on ferme… Non. L’imagination et l’audace ne sont décidément pas au pouvoir !
À moins que… Réponse, ce soir à 20h.
Michel Taube