Edito
12H24 - mardi 6 avril 2021

De Churchill à Macron : de la difficulté à gouverner en temps de crise… L’édito de Michel Taube

 

Pas un jour sans que toute la classe politique hors macronie, et la plupart des médias, tombent à bras raccourcis sur Emmanuel Macron et son gouvernement. Nous n’échappons pas à cet effet de meute, avec toutefois trois nuances : proposer des alternatives (la campagne Ensemble Prévention Covid), souligner que la plupart des détracteurs, en particulier aux extrêmes, n’en proposent pas, et constater que hors de France, les gouvernants (des pays démocratiques !) sont aussi sous le feu roulant des critiques, même lorsqu’ils font mieux, voire bien mieux, que nous.

Ce n’est pas nouveau. Winston Churchill, héros britannique de la Seconde Guerre mondiale, et peut-être le plus grand homme politique du 20ème siècle, fut battu aux élections générales britanniques de 1945. Et Benjamin Netanyahou, référence mondiale en matière de stratégie de vaccination et champion du rapprochement d’Israël avec plusieurs pays du monde arabo-musulman (dont nous ne partageons pas ni le style ni certaines de ses actions politiques), ne fut gratifié que de 24 pour cent aux élections israéliennes (une baisse de 5,6 % par rapport au précédent scrutin) et ne sauvera peut-être son poste que grâce à un accord avec un parti islamiste proche des Frères musulmans ! Quelle ingratitude, que celle des peuples vivant en démocratie !

Cela doit rassurer Emmanuel Macron. Car même en lui accordant toutes les circonstances atténuantes, le résultat de la France n’est pas brillant, ni d’un point de vue sanitaire, avec bientôt 100.000 morts, ni d’un point de vue économique, avec 8,3 % de récession en 2020 (pour 2021, rien n’est joué) et une crise sociale dont tout sera fait pour en repousser les effets après les prochaines présidentielles, lorsque les Français se verront présenter la facture du « quoi qu’il en coûte ».

Emmanuel Macron a fait montre d’un peu d’humilité face au coronavirus, adversaire érigé en ennemi par sa proclamation guerrière. Mais le mea culpa pré-pascal d’Angela Merkel pourrait l’inspirer dans les semaines à venir. Donald Trump, qui encouragea significativement la mise au point et l’autorisation des vaccins ARN messager, et dont les résultats en matière de gestion du cette crise ne furent pas si désastreux que la bien-pensance européenne se plut à le marteler, dut en grande partie à son arrogance sa défaite électorale de novembre dernier. Emmanuel Macron subira-t-il le même sort pour sa gouvernance face au Covid ? Nous interrogerons notre boule de cristal. Il faut dire qu’avec une administration obèse et un gouvernement par trop technocratique (issu du même moule que la haute fonction publique), il ne fut pas aidé. N’oublions toutefois pas qu’il est lui aussi issu de ce moule (l’ENA en particulier), et que l’impression de modernité qu’il dégagea reposa beaucoup sur sa jeunesse.

Dans les prochaines semaines, nous effectuerons un tour du monde de la gestion de la crise sanitaire. Des pays de l’Union européenne au Japon et à la Corée du Sud, en passant par la Suisse (pays fédéral où nos amis helvètes déplorent le manque de centralisation !), l’Australie, le Maroc ou le Brésil, nous verrons à quel point il est difficile de gouverner en pleine pandémie, de gérer des intérêts aussi contradictoires que les avis des scientifiques, d’agir sur le long terme quand on croit que le terme sera nécessairement court, grâce au vaccin… qui tarde parfois à venir.

Reviendrons-nous de ce périple plus indulgent avec Emmanuel Macron ? Peut-être, même si nous restons convaincus qu’une autre voie était possible, sans confinement, sans fermeture des commerces, sans mettre à l’arrêt des pans entiers de notre économie et de notre vie culturelle. Mais n’est-il déjà pas trop tard pour ces regrets ?

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

 

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