La chronique de Patrick Pilcer
13H00 - lundi 12 avril 2021

Elections régionales, élections présidentielles : prochain cauchemar pour la démocratie ? La chronique de Patrick Pilcer

 

Jour après jour, le gouvernement pose de nouveaux jalons pour forcer la main des dirigeants politiques et reporter les prochaines élections régionales.

Le vote en soi ne pose pas de véritables difficultés. Il est moins dangereux de passer 5 minutes dans un bureau de vote qu’une heure dans un métro, un bus, ou un supermarché. Mais il est vrai que mener une campagne comme nous le faisons depuis la fin du XIXème siècle, c’est-à-dire aller faire les marchés, serrer les mains, distribuer les tracts électoraux, discuter avec ses électeurs, débattre devant un public, tenir des meetings, comme on le faisait au siècle dernier, est un pari difficile à tenir.

Les dernières élections municipales ont démontré cette difficulté et ses deux conséquences, une très faible participation et des maires élus sans véritable adhésion des électeurs.

C’est comme cela que les Verts ont pu emporter un certain nombre de mairies, et ensuite, ici supprimer la viande dans les cantines scolaires, là ne pas voter l’adoption de la définition internationale de l’antisémitisme, mais voter des subventions à des associations refusant de signer la charte de l’islam de France et qui applaudissent au retrait de la Turquie de la convention luttant contre les violences faites aux femmes. Pire, certains de ces nouveaux maires élus grâce à l’abstention massive souhaitent à présent limiter les rêves des enfants (faire un baptême de l’air n’est pas écolo), bientôt formater leurs rêves et leurs pensées !

Le risque principal est bien là, clairement identifié : l’abstention. Non pas à cause du risque dans les bureaux de vote, mais parce qu’aller voter semble ne plus intéresser les Français. Les partis politiques n’arrivent plus à mobiliser. Et il est très probable que, même lors de la prochaine élection présidentielle, la participation ne soit guère supérieure au tiers des électeurs, un cauchemar pour les démocrates, car dans ce type de contexte, les extrêmes arrivent toujours, eux, à mobiliser leurs éléments radicaux !

Un second tour Mélenchon ou Piolle contre Le Pen n’a alors plus rien d’improbable. L’indifférence de la majorité des électeurs peut conduire des minorités à accéder au pouvoir. Hitler a pris le pouvoir avec à peine un tiers des électeurs. Pétain s’est fait voter les pleins pouvoirs sans avoir de majorité, mais par l’aveuglement et l’indifférence des députés pourtant élus en 1936 et ayant porté le Front Populaire.

Nos concitoyens sont comme anesthésiés par les subventions, indifférents aux discours et décisions contradictoires de l’exécutif, décisions auxquelles de moins en moins adhérent. Les mesures, souvent incohérentes, sur la pandémie ont fait perdre à l’exécutif une partie de sa crédibilité et de sa capacité à mobiliser. La parole publique est vidée de son sens profond ? Et lorsqu’il faudra se mobiliser pour défendre les valeurs de la République, ou simplement voter, les Français pourraient ne se réveiller que trop tard…

Il est urgent de remobiliser notre Nation, de ré-enchanter nos campagnes électorales, de moderniser ces campagnes, de réveiller nos électeurs afin que le jour du premier tour comme du second, ils aillent, en masse, voter. C’est le véritable enjeu des semaines et mois qui viennent. Le président Macron veut repousser les Régionales pour ne subir ni une nouvelle défaite avant les présidentielles, ni une belle victoire de la Droite et du Centre, particulièrement de son principal adversaire républicain, en position pour gagner haut la main la course, Xavier Bertrand. Mais si l’abstention est massive, ni Emmanuel Macron ni Xavier Bertrand ne seront au second tour, et nous aurons le choix entre la peste et le choléra…

Nous n’en sommes pas encore là, mais il est vital de sonner le tocsin et réveiller l’âme profondément attachée à la démocratie de notre pays. La pandémie nous a contraint à accélérer les mutations dans les entreprises, à télé-travailler par exemple. A nous de créer les télé-campagnes électorales, les campagnes du XXIème siècle, les campagnes 4.0 ! Réinventons le débat électoral, ré-enchantons l’engagement citoyen !

 

Patrick Pilcer, président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers,

 

 

 

 

 

 

 

 

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