Qui a tué mon épouse ? Le Covid ? Ou le double échec du système français de santé publique et de la gestion de la crise par notre cher président de la République ?
Emmanuel Macron nous dit qu’il n’oubliera aucun des noms des victimes du Covid. Qu’il en retienne un au moins : Omezzine. La « mère de la beauté » en arabe.
La colère est en nous et ne nous quitte pas. Souhaitons-nous que le chef de l’Etat rende hommage aux victimes du Covid ? Honnêtement non ! Notre réponse est douloureuse mais elle est sans appel. Qu’il se contente déjà de sortir la France de cette impasse et la nation décidera alors de l’hommage qu’il convient de rendre à ses chers disparus.
De nombreux Français sont morts des erreurs de gestion de la crise. Les griefs sont innombrables. Les deux principaux sont tout d’abord qu’aucune anticipation ni mesures de prévention n’ont été mises en place pour les personnes à risques souffrant de maladies diverses en amont de la contamination. Pourquoi, entre autres dizaines d’exemples, ne pas équiper toutes ces personnes de masques FFP2 ?
Ensuite, nous n’avons pas notre vaccin français. J’en ai mal à ma France : nous sommes le seul membre permanent du conseil de sécurité des Nations unies à ne pas avoir de vaccin ! Et l’exécutif est fier d’embouteiller les vaccins anglais et américains qui seront fabriqués en France. Nous sommes devenus des sous-traitants ! Même Cuba a deux candidats vaccins. Qu’ont fait Sanofi et Pasteur ? Pendant ce temps, des Pme françaises, notamment nantaises, souffrent des retards de l’administration à homologuer leurs protocoles de recherche pour développer le vaccin français.
Mais les griefs sont bien plus nombreux : l’hôpital écrase le système de santé, nous sommes amateurs (ou presque) en termes de prévention, nous avons toléré tous les manquements aux gestes barrière et fauché les bons élèves (les commerçants et les restaurants) qui proposaient de les faire respecter, les amendes aux contrevenants positifs qui ne s’isoleraient pas sont ridicules (elles peuvent monter à 600.000 euros et 5 ans de prison en Espagne), les médecins hospitaliers inondent les médias de leur ignorance du virus, nous avons inventé cet horrible concept des activités essentielles et ces hypocrites attestations administratives de déplacement dignes des Etats totalitaires, mon médecin n’est plus libre de me prescrire un traitement, jamais l’Assurance maladie ni la ville de Paris ni aucun organisme public ou para public n’a appelé mon épouse ni moi-même (sauf la CAF une fois). Heureusement que la famille, des voisins dans mon quartier, des parents d’élèves, des enseignants et la direction de l’école de ma fille ont pris sur leur temps de nous entourer d’affection.
Combien d’amis binationaux asiatiques, israéliens, iraniens, africains m’ont dit : « je préfère choper le Covid chez moi plutôt qu’en France. » Chaque fois une flèche empoisonnée dans mon cœur de patriote français ! Mais chaque fois, je me dis : « ils ont bien raison malheureusement ! » Et ce malgré cette prise en charge extraordinaire de tous les coûts de notre santé en France.
Faut-il dès lors poursuivre l’Etat ou les ministres pour non-assistance à personne en danger ? Les procès qui sont intentés par des victimes n’ont presque aucune chance d’aboutir, le droit administratif et politique de notre pays étant ce qu’il est. Et nous préférons nous concentrer sur les solutions et le changement de cap qu’il est urgent d’entreprendre : tout rouvrir et imposer, je dis bien imposer, sous peine de très lourdes sanctions financières et pénales, l’isolement des personnes positives et les tests quotidiens des personnes contacts.
Le risque de laisser des orphelins
En attendant, la peur est là… Si le Covid m’emportait à mon tour, je laisserais ma fille seule, orpheline, à la merci de cette société. Combien d’enfants en France ont perdu un de leurs parents du Covid ? Le sait-on seulement ? Et combien de veufs sont-ils parents ou responsables de personnes à charge ou en perte d’autonomie comme leurs propres parents ? Malgré les aides publiques, les lenteurs de l’administration et de la justice ne facilitent en rien les enjeux de succession que l’on aimerait gérer au plus vite pour alléger le deuil. Encore des souffrances inutiles… La justice aurait pu prévoir une filière Covid pour gérer les conséquences de ces décès foudroyants. Une première idée, monsieur le président, pour monsieur Eric Dupont-Moretti, ministre de la Justice !
Qu’adviendrait-il si le second parent contractait la Covid, s’il se retrouvait en réanimation ou frappé d’un Covid long, ou pire, s’il décédait ? Elle ou il laisserait des orphelins. Le ministre de la Santé devrait rendre éligibles à la vaccination, parmi les publics prioritaires, tous les parents veufs désormais isolés ou monoparentaux. Cette mesure n’est pas une question de politique hospitalière mais de prévention, de sens de l’autre et de politique sociale au sens global et noble du terme.
Peut-être aussi de bienveillance. Une qualité qui se fait trop rare par les temps qui courent.
Michel Taube