Edito
11H42 - lundi 19 avril 2021

Et si toute la gauche se mettait derrière Mélenchon ? L’édito de Michel Taube

 

Ce samedi 17 avril, à l’initiative du député européen EELV Yannick Jadot, plusieurs leaders de la gauche se sont réunis dans un hôtel du 19ème arrondissement de Paris, fief de la gauche et même de l’extrême gauche, puisque la députée de cette circonscription n’est autre que l’indigéniste mélenchoniste Danièle Obono.

Leur crédo se résume en trois axes : le danger de l’extrême droite, le rejet de Macron et l’écologie punitive. Ils étaient presque tous là, celles et ceux qui se disputeront bientôt les places dans la course à l’Élysée : Anne Hidalgo, qui s’y voit déjà, Raphaël Glucksmann, Benoît Hamon, qu’on ne voit nulle part, Olivier Faure, Éric Piolle, parfaite incarnation de cette écologie islamogauchiste stupide (auteur de cette maxime célèbre « la 5G, c’est pour regarder des films pornos dans les ascenseurs »), flanqué de son insipide « patron » et rival Julien Bayou, les deux s’acharnant à marginaliser un Jadot obligé de se gauchir pour survivre, et de Sandrine Rousseau, encore une verte aux dents longues, puisqu’elle a déjà annoncé sa candidature à la primaire EELV pour 2022.

Le désormais groupusculaire PC était représenté par Ian Brossat, en l’absence de Fabien Roussel, déjà désigné candidat par son Soviet Suprême hexagonal.

Mais où était le seul, le vrai, le grand, l’immense guide de la gauche ? Où était donc Jean-Luc Mélenchon ? En Amérique du Sud (pour nous ramener le variant brésilien du coronavirus ?) ! Il a délégué à la mascarade qu’était cette réunion d’égos irréconciliables, comme disait fort justement l’ancien Premier ministre Manuel Valls, à propos des gauches, que le caricatural député Éric Coquerel, autre incarnation de l’islamogauchisme.

Le Che Mélenchon était donc absent, ce qui donne une idée du chemin de croix qui attend les partisans d’une nouvelle gauche plurielle.

En novembre dernier, Opinion Internationale publiait l’édito « Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle de 2022. Et si son pari était gagnable ? » Aujourd’hui, plusieurs indices laissent penser que la question est toujours d’actualité, même si les analystes persistent à considérer que la France est majoritairement à droite, si tant est que le clivage droite/gauche soit pertinent, après la déflagration macroniste de 2017. Aujourd’hui, la majorité des électeurs de Jean-Luc Mélenchon voteraient pour Marine Le Pen au second tour en 2022, dans l’hypothèse où elle serait opposée au président sortant.

Et pour cause… Le vrai clivage, c’est pour ou contre le « système », sur fond de vieux clichés populistes : haro sur les élites, la finance (avec parfois quelques relents complotistes et antisémites qui se sont notamment répandus sur les réseaux sociaux durant le mouvement des Gilets jaunes), écologisme dogmatique ou opportuniste, et bien sûr détestation immodérée de l’Europe de Bruxelles… Il est vrai que l’Union européenne donne un sérieux coup de main à ses détracteurs : une véritable désunion sur tous les plans, depuis le début de la crise sanitaire, même en matière de commandes de vaccins. On a vu le résultat ! De quoi rendre eurosceptiques les plus fervents européistes, parmi lesquels les derniers électeurs du parti socialiste, et une véritable occasion pour Jean-Luc Mélenchon de les rallier sous sa bannière.

Il faut se rendre à l’évidence : la gauche socialiste n’a, à court ou moyen terme, aucune chance de renaître de ses cendres. Elle n’est plus qu’une force d’appoint de la gauche radicale, qui la devance largement dans tous les sondages comme dans les derniers scrutins. La madone parisienne des vélos, Anne Hidalgo, que l’on cite souvent pour incarner cette gauche républicaine, n’est l’icône que des seuls bobos parisiens. Elle ne doit sa réélection à la mairie de Paris qu’au suicide de la macronie. Les Verts sont plus rouges que verts, et ne méritent que trop souvent le qualificatif d’islamogauchistes, comme à Strasbourg, où la municipalité a finalement renoncé à financer une mosquée de la mouvance radicale turque en même temps qu’elle rejette une résolution condamnant l’antisémitisme.

Le discours de La France Insoumise et de ses alliés, calqué sur celui des Frères musulmans et autres salafistes, vise à convaincre les musulmans que la défense de la laïcité et le combat contre le fondamentalisme sont une attaque dirigée contre l’islam et contre tous les musulmans. Qualifier Jean Luc Mélenchon d’islamogauchiste et d’indigéniste participe à installer dans l’esprit des musulmans et Français « racialisés » l’idée qu’il est des leurs, et que lui seul est digne de les représenter lors de la prochaine présidentielle. Funeste supercherie !

Partout souffle un vent écologique. Mais en France plus qu’ailleurs, l’écologie politique est profondément ancrée à l’extrême gauche. On appelle parfois cela les verts pastèque, car verts à l’extérieur et rouges à l’intérieur. Hostiles à l’entreprise, au marché, à l’UE, à la finance, multiculturalistes, antimondialistes s’agissant de flux de capitaux et de marchandises, mais ultra mondialistes s’agissant des flux de population, pas grand-chose ne les distingue des mélenchonistes, si ce n’est qu’eux n’ont aucune figure de proue pour les incarner. Yannick Jadot, qui avait brillamment conduit la liste EELV lors des dernières élections européennes, était l’espoir d’une écologie, certes marquée à gauche, mais pragmatique et républicaine. Ce positionnement étant très minoritaire dans son parti, il lui faut réviser sa rhétorique. Après avoir rejeté une alliance avec Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot a lancé un appel à l’union de la gauche, Mélenchon compris.

Les verts tous comme les micropartis que sont le PC et le PS, devraient savoir que Mélenchon ne roulera jamais que pour lui-même. Il est la figure de proue de cette gauche de plus en plus rougeoyante, à la façade peinte en vert. Et lui, il sait causer et manipuler. Contrairement à Julien Bayou actuel secrétaire national de EELV, que l’on verrait tout au plus animer une section de l’UNEF, l’autocrate admirateur des dictateurs sud-américains a de l’éloquence et du charisme. Un bien bel emballage pour un contenu aussi toxique. Les tribuns ont ce don de magnétiser les foules, pour le pire en général. Bayou ou Jadot pourront se raser tant qu’ils voudront. Ils ne seront jamais président de la République, sauf peut-être cataclysme climatique avant l’élection. Mais ministre de Mélenchon, ça ne se refuserait pas !

Reste Anne Hidalgo, qui elle au moins ne rêve pas à l’Élysée en se rasant. L’Hôtel de ville de Paris, comme tremplin vers l’Élysée, ça s’est déjà vu avec Jacques Chirac ! Et elle régente et détruit Paris main dans la main avec les écolos verts rouges de sa majorité. Pas si inconciliables, les gauches, finalement. Du moins s’agissant des idées. Car si le PS peut s’allier avec des verts plus islamogauchistes que La France Insoumise, on ne voit pas pourquoi cette dernière serait exclue des festivités. Ce qui est inconciliable, ce sont les égos et les ambitions. Raison pour laquelle il n’y aura pas de candidat unique de la gauche.

La droite, celle d’un Xavier Bertrand ou d’une Valérie Pécresse du moins, qui ne s’alliera jamais avec l’extrême droite, offre un positionnement bien plus cohérent. Mais les luttes d’égo n’y sont sans doute pas moins virulentes qu’à gauche.

Les Français ne veulent pas d’une répétition de la présidentielle de 2017, mais sans candidat unique de la droite, l’alternative la plus vraisemblable à la présence de Macron au second tour pourrait être un duel Le Pen – Mélenchon. Un cauchemar. Comme sa rivale dont il est en définitive si proche, peut-être au point de s’y associer, à la plus grande satisfaction de ses électeurs, Jean-Luc Mélenchon sait faire République lorsque l’opportunisme fait loi. On peut imaginer que la première déclaration de l’une comme de l’autre, le soir de leur élection à la présidence de la République, serait : « je veux ici rassurer les marchés ». Ce serait un moindre mal, mais un mal quand même.

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

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