« Chapeau l’artiste », écrivions-nous au lendemain de la victoire d’Emmanuel Macron en 2017. Nous ne croyions pas si bien dire, puisque son propre papa a loué les qualités d’acteur de son rejeton. Hélas, le film fut et est encore fort mauvais, et le jeu de l’acteur principal est de plus en plus lassant.
Les états généraux de la laïcité ont officiellement débuté ce 20 avril 2021, sous la houlette de Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté. Emmanuel Macron nous refait le coup du Grand débat organisé pour enterrer le mouvement des Gilets jaunes. Et un show façon « Grenelle » pour la violence aux femmes, et un autre pour l’environnement, et un troisième pour la police (les « violences policières » notamment !). Quelle mascarade ! Tout avait été dit par Emmanuel Macron après la décapitation de Samuel Paty. Mais tout l’avait déjà été après l’assassinat de fonctionnaires à la Préfecture de Paris le 3 octobre 2019. Et avant, il y eut les discours émouvants et les promesses d’actions après les massacres de Charlie, du Bataclan ou de la promenade des Anglais à Nice.
Il n’y a pas que le terrorisme, ni même la délinquance urbaine et les violences, notamment à l’encontre de la police. Il y a aussi les enquêtes d’opinion qui démontrent que les salafistes et Frères musulmans tissent leur toile comme ils l’ont fait en terre d’islam à partir des années 1970. Pour eux, le monde se divise en deux : Dar-Al-Islam (soumis à l’islam) et Dar al-Harb (où l’islam doit s’implanter par la guerre). Les humains se divisent aussi en deux : la Oumma (communauté des croyants de l’islam) et les Kufars (mécréants). La majorité des jeunes musulmans français sont devenus des Français de papier. Pour combien d’entre eux, surtout chez les jeunes, l’idéal est la charia ? Et leur influence, qui prend souvent la forme du terrorisme intellectuel ou de menaces physiques (l’exemple de Mila), avec le soutien des islamogauchistes, est efficace ? Dernier sondage : la majorité des lycéens français sont favorables à l’expression religieuse à l’école et condamnent le blasphème.
Et pendant ce temps, Emmanuel Macron organise un énième colloque sur la laïcité ! Ne devait-on pas comprendre que la loi visant à renforcer les principes républicains allait tour régler ? Poudre aux yeux, en réalité. Le désormais candidat Macron marche sur des œufs. Il sait que le discours de l’extrême gauche, calqué sur celui de l’islam politique, infuse chez les jeunes : défendre la laïcité et lutter contre le fondamentalisme serait du racisme à l’égard des musulmans. Emmanuel Macron est bien entré en campagne. La doctrine du « en même temps » étant la quintessence du clientélisme, il tente de montrer ses biceps face à la délinquance tout en ménageant les électeurs jeunes et surtout de confession musulmane, notamment dans la perspective de récupérer le vote Mélenchon, s’il se retrouvait à nouveau opposé à Marine Le Pen au second tour, l’an prochain.
Le philosophe Henri Peña-Ruiz, un des ténors du nouveau show marconien sur la laïcité, donne le ton et illustre l’aveuglement de la troupe : selon ses dires ce matin sur France Info, l’interdiction du burkini dans les piscines serait due à des raisons d’hygiène et n’aurait rien à voir avec la laïcité, allant jusqu’à justifier que c’est pour les mêmes raisons qu’on ne laisse pas un prêtre se baigner en soutane ! Mais de qui se moque-t-il ? D’abord, un burkini ne pose aucun problème d’hygiène. C’est une sorte de tenue de bain parfaitement adaptée à sa fonction. On ne peut en dire autant des femmes intégralement voilées qui se baignent tout habillées en bord de mer ou de lac. Le burkini, tout comme le voile, est aujourd’hui plus souvent porté par affirmation identitaire et provocation (comme la militante islamiste de l’UNEF Maryam Pougetoux) que par tradition (quelle tradition, pour des femmes nées en France ?).
Emmanuel Macron, Marlène Schiappa et les naïfs qui participent à ces états généraux de la laïcité ont-ils oublié que la laïcité n’est pas une option, qu’elle est sacralisée non pas par l’insuffisante loi de 1905, mais par la Constitution en son article premier, et validé par la Cour européenne des droits de l’Homme à plusieurs reprises ? À quoi rime la « grande consultation auprès de 50 000 jeunes, accessible à l’adresse laïcité.make.org » ? Qu’y a-t-il à débattre ? De nouvelles compromissions ? De nouveaux accommodements ? Ou croit-on encore pouvoir raisonner les fanatiques en enrichissant davantage les pseudo-experts de la déradicalisation en leur octroyant de nouvelles subventions ?
Les états généraux de la laïcité sont une injure à la loi Darmanin qui se veut concrète et opérationnelle, même si elle arrive bien tard ! Trop tard ? Ces Etats généraux pouvaient faire sens il y a vingt ou trente ans. Aujourd’hui, cela revient à noyer le poisson. Tout le monde sait ce qu’il faut faire. L’Histoire et la géographie démontrent que la faiblesse ne peut conduire qu’à la défaite. L’islam politique est un idéal pour ceux qui veulent nous l’imposer. Si nous ne faisons pas de la laïcité et au-delà des valeurs de la République notre idéal, c’est notre civilisation qui sera en danger. Elle l’est déjà.
« La maison brûle et nous regardons ailleurs » avait dit Jacques Chirac à propos du climat, en 2002. Aujourd’hui, la République brûle, et Emmanuel Macron organise un colloque sur le feu !
Michel Taube