Une vieille dame juive est morte, torturée et assassinée au cœur de Paris. Ses voisins n’ont jamais été interrogés, la police a tardé à intervenir, son assassin ne sera pas jugé en France.
Cette affaire est un coup porté aux valeurs de la République française et devrait inquiéter au plus haut point tous les Français. Elle ne devrait pas émouvoir que les juifs comme l’a prétendu, dans le Grand Jury RTL Le Monde, le leader écolo pastèque (vert d’apparence, rouge à l’intérieur) Julien Bayou, toujours égal à lui-même. C’est pourquoi nous regrettons aussi que SOS Racisme, pour ne citer que cette organisation qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, n’ait pas prononcé un mot, pas un tweet, pas un communiqué, pas une mention sur son site Internet pour dire son émotion face à ce déni de justice.
On le sait, dans ce fiasco judiciaire que constitue l’affaire Halimi, la justice a failli « techniquement » : depuis les premières heures du crime, les avocats de la victime ont dénoncé les multiples manquements au respect des règles de la procédure pénale, du contradictoire et des formes, ce qui est très grave dans un Etat de droit.
On le sait, les juges ont inventé une nouvelle version de l’excuse sociale : fumez du cannabis, « pétez un plomb » et vous pourrez torturer, assassiner un de vos voisins dans l’ivresse et l’allégresse de votre foi ! Allez-y ! Le trafic de cannabis a dû exploser depuis quelques jours dans certains quartiers…
Mais le fiasco judiciaire de l’affaire Halimi, ce n’est pas que le problème de savoir si l’assassin était fou au moment de son crime !
Tout d’abord, quelques fondamentaux de la justice pénale française ont montré leur cruelle faiblesse : l’intime conviction du juge (d’instruction d’abord, du fond ensuite) ne devrait jamais suffire à prendre des décisions aussi lourdes, en l’occurrence celle de ne pas soumettre un assassin à son procès sous prétexte de la perte de son discernement. La toute-puissance, l’affaiblissement des contre-pouvoirs garantissant le contradictoire à toutes les étapes d’une procédure judiciaire (notamment faute de moyens) et l’irresponsabilité administrative et pénale des experts et surtout des juges d’instruction ont créé les conditions de ce déni de justice. Au fait, où est passée la collégialité de l’instruction, héritée de l’affaire d’Outreau ?
Pire, la Cour de Cassation n’a pas joué son rôle : contrairement à ce que soutiennent de nombreux commentateurs, comme « l’avocate » Raquel Garrido ou Philippe Bilger, la Cour de cassation aurait pu juger autrement si elle l’avait voulu. Elle ne juge pas le droit de manière exclusivement abstraite (in abstracto, comme disent les juristes), mais peut aussi dire le droit à la lumière des faits (in concreto). Le droit n’est rien sans les faits. En outre, le juge n’est jamais lié par les conclusions des experts et certains ne se gênent pas pour s’en écarter, lorsque l’expertise ne leur sied pas. La Cour de cassation aurait pu, exemple parmi d’autres, relever les incohérences de l’instruction ou le fait qu’un expert ait considéré que le discernement de l’assassin était altéré et non aboli. Si la Cour de cassation, comme avant elle le juge d’instruction et sa juridiction d’appel (qui entérine presque toujours la décision du juge d’instruction) l’avait voulu, elle aurait pu renvoyer le bourreau de Sarah Halimi devant la Cour d’assises.
Mais il y a pire et nous ne l’avons guère entendu : ce fiasco judiciaire a de forts relents d’antisémitisme. Telle est notre intime conviction.
Pourquoi cette grave assertion ? Les juges ne sont que des hommes. Les juges sont le reflet de la société. L’antisémitisme a resurgi en France ces dernières années parmi les musulmans islamisés et il résonne et se diffuse dans la société par percolation médiatique, idéologique et politique. L’assassin de Sarah Halimi ne vient pas de nulle part : il connaissait Sarah Halimi et la haine des juifs est malheureusement trop répandue parmi les ignorants, les radicaux, les islamistes qui composent une partie, une partie seule mais une part grandissante malheureusement, de la communauté musulmane française.
Manifestement cet antisémitisme déborde aujourd’hui en France sur ses seuls foyers d’irruption par le fait que la société baisse sa garde, par peur, par soumission, par adhésion parfois, principalement à l’extrême-gauche et à l’extrême-droite. Le vrai fiasco judiciaire de cette affaire Halimi, c’est que la justice française, jusqu’à son sommet, a été coupable, consciemment, de faiblesse, de mansuétude, de miséricorde face à l’antisémitisme exacerbé d’un homme. Cette faiblesse des juges est moralement, politiquement, historiquement, judiciairement coupable. Coupables de lâcheté, coupables de n’avoir pas voulu prendre le risque de retenir le motif religieux de ce crime antisémite, coupables de nourrir ce climat ambiant nauséabond où des actes et des mots d’un antisémitisme paroxysmique peuvent passer après un débat technique et controversé dans l’institution judiciaire elle-même sur l’abolition du discernement d’un homme !
L’antisémitisme, comme toute discrimination raciste, aurait dû être une circonstance aggravante dans le crime commis sur Sarah Halimi. L’antisémitisme aurait dû être l’argument qui conduise le juge d’instruction puis la chambre d’instruction de la Cour d’appel, et enfin la Cour de cassation à convoquer un procès aux assises malgré leur intime conviction de la possible abolition de tout discernement du criminel, point clé avec la préméditation et l’antisémitisme dont le procès aurait permis de débattre.
La triste et dure réalité est que cet antisémitisme forcené de l’assassin de Sarah Halimi, la justice française n’a d’abord pas voulu le reconnaître. Après que les avocats et l’opinion publique se sont battus pendant des années, la justice n’a ensuite accepté que du bout des lèvres le caractère antisémite du crime. En fait, la justice n’a jamais vraiment retenu avec conviction la gravité de la motivation antisémite du crime. Est-ce parce que la motivation de l’assassin était religieuse et qu’une laïcité molle et mal comprise feint de ne pas la voir ? C’est cela le plus choquant dans ce fiasco judiciaire.
Je pose donc à la Cour de Cassation la question suivante : la motivation islamiste même de l’assassinat de Sarah Halimi peut provoquer, par un effet de transe religieuse, non pas la perte du discernement mais l’enivrement de l’illuminé et son passage à l’acte dans un crime religieux. Dans ce cas, que fait -on ? Procès ou pas procès ?
Une affaire française disions-nous d’entrée de jeu ! Or le procès n’aura pas lieu, du moins en France. Certains avocats ont donc décidé de déposer plainte en Israël, ce qui est une erreur et même une faute majeure, au bénéfice de leur seule notoriété, puisqu’en aucun cas elle ne débouchera sur l’incarcération de l’assassin, quelle que soit l’issue des débats. Cette procédure participe d’une démarche « communautariste » qui va judaïser l’affaire alors qu’elle concerne tous les Français. Non, c’est en France qu’il faut se battre jusqu’au bout, au nom de la France. Car c’est en France que ce crime contre l’humanité a été commis.
C’est pourquoi nous appelons la famille de Sarah Halimi à saisir la Cour européenne des droits de l’homme sur le double motif du « droit à un procès équitable » et du caractère prémédité et antisémite de cet assassinat.
On le sait, le Président de la République l’a annoncé dans les colonnes du Figaro : il est nécessaire que « le garde des Sceaux présente au plus vite un changement de la loi » pour clarifier les conditions de l’irresponsabilité pénale. Inutile en l’espèce de longuement « expertiser la demande du chef de l’Etat », comme l’a écrit la place Vendôme, sur un problème maintes fois dénoncé : une proposition de loi a été déposée par le député LR Eric Pauget. Car il y a urgence : les juifs et tous les républicains dans les quartiers perdus de la République se sentent en danger car les islamises ont aujourd’hui le sentiment de savoir comment procéder pour échapper à la justice si leur venait la folle idée d’assassiner un juif.
La loi doit être urgemment réformée et nous y ajouterons la proposition que la circonstance aggravante de racisme et d’antisémitisme devrait entraîner nécessairement la tenue d’un procès en cas de soupçon d’irresponsabilité pénale, à charge pour les experts d’en débattre devant un jury d’assises.
Il faut le dire : Outreau fut le procès d’innocents broyés par une justice aveugle aux errements d’un juge d’instruction. Halimi restera comme l’Outreau d’une justice sourde à l’antisémitisme !
Michel Taube