Présentée ainsi, la formule manque sérieusement d’attrait. Ce qui explique sans doute pourquoi ses promoteurs ont préféré la baptiser capsule. Un clin d’œil aérospacial pour chatouiller les esprits les plus imaginatifs. Les fans de Star Wars ou Star Trek et autres Odyssée de l’espace ne se feront donc pas prier pour attacher leur ceinture et embarquer pour une nuit dans un de ces clapiers.
Cette tendance a surgi au Japon, après-guerre, avec le mouvement métaboliste dont la Nagakin Capsule Tower de Kisho Kurokawa est l’une des réalisations emblématiques. Devenue culte, cette tour qui se dresse dans Shimbashi, quartier d’affaires de Tokyo, est composée de modules de 10 m2, empilés sur treize étages autour d’un tronc en béton. Chaque unité comprend un lit, un bureau escamotable et une minuscule salle de bain. Le comble du fonctionnel ? On pouvait le croire à l’époque, mais la formule a fait école, et certains élèves, comme toujours, ont surpassé les maîtres, poussant l’expérience à l’extrême.
En 2016, par exemple, Sandy Wong, jeune entrepreneur, a introduit à Hong Kong la chambre-lit, ou le lit-chambre, de 2,1 à 2,3 m2. Sans fenêtre, mais avec wifi – chacun ses priorités –, son modèle de couchage a rencontré un succès d’envergure immédiat, sans doute grâce à la pénurie sévère de logements qui sévissait dans la ville.
C’est cependant dans le domaine de l’hôtellerie que la mayonnaise a pris au mieux. Au Japon, évidemment, où les cols blancs y passent la nuit après des cocktails arrosés, ou des journées de travail qui s’achèvent après le départ du dernier train de banlieue, mais aussi en Europe. Des hôtels capsule ont poussé à Barcelone et à Milan. Et ils sont très prisés. Très mode. On vante une expérience unique. Pourquoi pas après tout ? Il y en a bien qui raffolent du saut à l’élastique. De plus, ces capsules minimalistes offriraient une intimité dont sont dépourvues les chambrées des auberges de jeunesse, et à un prix modique. Du moins la plupart du temps. En effet, à l’Ostelzzz de Milan le prix d’une nuitée monte jusqu’à 150 euros pendant la semaine du design.
Quoi qu’il en soit, ce décor entre dortoir de sous-marin et pénitencier futuriste ne décourage pas les touristes, dont certains disent qu’on y dort bien. Alors, à quand les enfilades de lits à la verticale dans des couloirs, pour un gain de place encore plus spectaculaire, et une expérience de sommeil révolutionnaire ? L’avenir est plein de surprises…
Pour finir, une note positive : ces lits tiroirs ont au moins l’avantage de nous épargner le casse-tête de l’orientation de notre lit dans l’espace…
Catherine Fuhg