Edito
10H14 - lundi 3 mai 2021

Muselier – Macron : le bal des cyniques est ouvert ! L’édito de Michel Taube

 

Une ligne rouge, une de plus, est donc franchie : pour cacher sa défaite, pardon son humiliation électorale annoncée aux élections régionales et départementales, le parti présidentiel préfère attirer dans son escarcelle quelques dirigeants de droite à la colonne vertébrale bien fragile ! Et la jouer « Front républicain », pire des scénarios pour permettre au Rassemblement National de s’imposer localement comme le premier parti de France qu’il est déjà au niveau national.

Renaud Muselier, président LR de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et candidat à sa succession en juin prochain, va faire liste commune avec LREM. À moins d’un an de la présidentielle, c’est un événement politique d’importance nationale, annoncé par le Premier ministre Jean Castex lui-même à la une du JDD [notre photo]. Les élections régionales auront bien des allures de primaire ou de tour de chauffe de l’élection présidentielle.

Emmanuel Macron veut à présent d’ici 2022 faire exploser la droite comme il l’a fait avec la gauche en 2017 et son coup de Trafalgar en pleine Région Sud est un premier tir de canon.

Le chef de l’Etat n’hésitera pas à semer le désert autour de lui pour, en effet, se retrouver seul face aux extrêmes. Le Pen, Mélenchon, Macron, tel est le rêve démoniaque du président de la République, le dessein de cet homme qui voulait suicider les autres !

Mais il n’est pas seul responsable de ce scénario : ne disait-on pas que la droite française était « la plus bête du monde « ? C’était en 1988 le titre d’un ouvrage prémonitoire de Philippe Vasseur, ancien ministre de l’agriculture sous Jacques Chirac, depuis longtemps retiré de la vie politique. Est-ce une consolation : la gauche est pire encore, tombée dans les tréfonds de l’islamo-gauchisme. Autant de bêtise en même temps ont fait qu’Emmanuel Macron a pu entrer à l’Élysée, il est vrai avec un coup de pouce des juges en 2017.

On s’était dit que cette fois, la droite avait compris, qu’elle allait affirmer ses positions, ses idées, sa méthode de gouvernance, en un mot, tout ce qui aurait dû la conduire à triompher en 2017. La droite républicaine, la vraie, n’a jamais fricoté avec l’extrême droite. Ce n’est pas parce qu’elle veut contrôler l’immigration, vaincre la délinquance, faire plier l’islamisme, bref (tout ce qu’elle n’a jamais fait !) qu’elle est d’extrême droite. Ceux qui le prétendent insultent 80 % des Français.

La droite républicaine existe. Ses figures de proue sont aujourd’hui Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, tous deux hors du père parti LR. Sauf à imaginer un chimérique retour de Nicolas Sarkozy pour sauver une France au bord de la guerre civile, retour que les juges s’acharneraient à empêcher, la droite peut revenir au pouvoir en 2022 si elle se choisit rapidement, très rapidement, un candidat parmi ces deux prétendants. Xavier Bertrand, gaulliste social, fait la course en tête et est déjà entré dans l’arène. Mais la droite la plus bête du monde est capable de se choisir un homme d’appareil, ou quelqu’un capable de s’acoquiner avec l’extrême droite, ou à l’inverse avec Emmanuel Macron.

C’est ce que vient de faire Renaud Muselier en région PACA, avec la bénédiction de Christian Estrosi, maire de Nice à la veste décidément très réversible. Pour sauver son fauteuil, Renaud Muselier n’a pas hésité à parfaire l’œuvre de destruction de la droite engagée par Emmanuel Macron. Il faut dire qu’avec deux Premiers ministres transfuges de LR, et plusieurs ministres du même parti aux postes clés, une alliance entre LR et LREM n’aurait rien d’illogique. Avec toutefois deux bémols : d’abord, la majorité parlementaire d’Emmanuel Macron repose principalement sur d’anciens socialistes. Ensuite, outre la gestion très perfectible de la crise du Covid (Renaud Muselier n’a cessé de taper fort contre la politique d’Olivier Veran), l’échec d’Emmanuel Macron en matière de sécurité et de lutte contre l’islamisme et pour la laïcité devrait laisser un boulevard à la droite classique.

Une alliance de second tour entre LR et LREM, même limitée à des désistements, ne serait pas incongrue. Elle aurait évité aux Parisiens la punition de six nouvelles années d’Anne Hidalgo. La vraie fracture n’étant plus entre la droite et le gauche, mais entre les pro et les anti systèmes, ou entre les républicains et les populistes, d’autres alliances pourraient se concevoir face à l’extrême droite : LREM – PS, voire LR – PS. Mais le PS est hors-jeu. Il n’est plus qu’un supplétif de la gauche radicale, verts compris. Ses membres poussent des cris d’orfraie à l’évocation de relations incestueuses entre certains membres de LR et le parti lepéniste RN. Mais quand Anne Hidalgo s’affiche ostensiblement avec les islamogauchistes de toutes obédiences, il faut applaudir à cette formidable union de la gauche qui seule saurait faire obstacle au péril fasciste.

Renaud Muselier et Christian Estrosi œuvrent donc pour que les Français se voient proposer en 2022 les mêmes plats qu’en 2017, plats dont ils ne veulent pourtant plus : un duel Macron – Le Pen. Ce qui est regrettable, surtout pour les habitants de la région PACA, c’est qu’il faut espérer que ce tripatouillage échoue, donc que Thierry Mariani, candidat RN transfuge de LR ne soit élu par rejet des combinazione Muselier – LREM.

Un Eric Ciotti, dont la posture droitière pourrait freiner les velléités de vote à l’extrême-droite, va tenter de monter une liste aux régionales. Mais les électeurs risquent fort de préférer l’original à la copie.

Décidément, nous avons les Républicains les plus bêtes du monde !

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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