Ce 5 mai 2021, l’Etat français, célèbrera officiellement le bicentenaire de la mort de Napoléon.
En effet, en ce jour, aux Invalides, le Président Emmanuel Macron déposera une gerbe au pied du tombeau de l’Empereur et délivrera à la Nation un discours dont les mots, les sens seront guettés autant par ceux qui détestent le grand homme que par ceux qui l’aiment.
Enfin ! Car depuis deux mois on s’étonnait de « cérémonies réduites aux acquêts », à savoir quelques expositions, aux Archives Nationales (10 mars-28 juin), au Musée de l’Armée (31 mars-19 septembre) ou à la Grande Halle de la Villette (14 avril-19 septembre) et, bien sûr, en Corse, à Ajaccio, son lieu de naissance.
La faute au Covid ? Non ! Plutôt à l’ingratitude naturelle d’un pays qui, s’il se complait à invoquer en permanence son histoire passée, a toujours du mal à l’honorer à sa juste mesure…
Peut -être aussi la faute à cette « cancel culture » venue des Etats-Unis, ayant vocation à réécrire les faits du passé à l’aune du temps présent. Depuis trois mois, indigénistes, antimilitaristes, anticolonialistes et féministes s’en sont donnés à cœur joie pour déboulonner l’un des plus grands personnages de l’histoire mondiale.
Jean-Louis Debré lui-même, Président du Conseil Supérieur des Archives, a déclaré « qu’il ne fallait pas trop en faire, avertissant que cela pourrait être pris pour une provocation ».
Avait-il peur que le Général de Gaulle en soit jaloux, à titre posthume ?
En quoi célébrer l’Homme qui a donné à la France ses institutions modernes, le code civil, le Conseil d’Etat, la Cour des Comptes, les Départements, le Corps préfectoral, la Banque de France, le lycée, le baccalauréat, serait une provocation !
En quoi célébrer l’héritier de la Révolution française qui fit la France des 130 départements, de Lübeck à Rome, serait une provocation !
Mais n’aurait-il pas fait tuer des milliers de soldats dans ses guerres de conquêtes ? C’est oublier qu’incarnant les idéaux et valeurs de la Révolution, il dut, hormis la guerre d’Espagne et la campagne de Russie, faire face pendant ces 15 années, de 1802 à 1815, à sept coalitions des monarchies européennes (Angleterre, Prusse, Autriche, Russie) décidées à l’éliminer.
Célébrer l’émancipateur des juifs, du ghetto de Venise au Consistoire, le vainqueur de la bataille d’Aboukir contre l’empire Ottoman, le créateur du Divan, une Assemblée d’Oulémas d’un islam « républicanisé », le découvreur, grâce à Bouchard et Champollion, de la civilisation égyptienne, serait une provocation ?
Honorer Napoléon n’est que justice ! Comment imaginer que ce Corse venu d’une petite île de Méditerranée, nationaliste dans sa jeunesse (de 17 à 22 ans, il idolâtrait Pascal Paoli, l’auteur de la première Constitution communautaire européenne) puis révolutionnaire et Empereur, deviendrait en 2020, dans les sondages internationaux, le deuxième personnage de l’histoire mondiale derrière Jésus et, pour les britanniques, ses vainqueurs de Waterloo, le premier (il est vrai que Churchill avait des bustes de l’Empereur des français dans chacune des pièces de sa résidence de Chartwell).
Il aurait été absurde que les autorités de notre pays ne le célèbrent pas. En ces temps de pandémie et d’incertitudes multiples, il est utile, voir indispensable, que des figures emblématiques de notre histoire et de notre planète, véritable patrimoine national, puisse rendre les Français plus optimistes sur leur avenir.
Michel Scarbonchi
Ancien député européen, consultant international
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