Guerre Hamas – Israël :
Pourquoi maintenant ? Pourquoi cette nouvelle flambée de violence à Jérusalem puis dans l’ensemble de l’Etat hébreu et à Gaza ? Pourquoi cette guerre ?
Le point de départ ne fut pas un litige juridique autour de quatre maisons occupées par des Palestiniens, illégalement selon les propriétaires qui ont saisi la justice, légalement peut-être si l’on conteste les occupations de « colons » israéliens. L’étincelle se déclencha sur l’Esplanade des Mosquées, venant ponctuer un mois du Ramadan et une fête de l’Aid El Fitr qui se termine tristement dans le sang.
Non, le point de départ, c’est que les dirigeants palestiniens jettent peut-être leur dernière carte et imposent à leur peuple et aux Israéliens une forme de chant du cygne. En effet, cette guerre se prépare depuis plusieurs semaines, sur fond de marginalisation de la direction palestinienne au sein du monde arabe, à la fois celle du Hamas, soutenu par le Jihad islamique et le Hezbollah libanais, et celle de Cisjordanie avec Mahmoud Abbas, personnage corrompu à un degré qu’on ne saurait imaginer et qui vient d’annoncer un énième report des élections présidentielles.
Le Hamas a déclenché cette guerre pour déstabiliser Mahmoud Abbas qu’il rêve de faire tomber mais surtout pour faire capoter les accords d’Abraham entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn, ainsi que les autres rapprochements de pays musulmans avec l’État hébreu (Maroc, Soudan…). Mais ni la rue arabe ni les Etats arabes ne suivront car ils sont épuisés par l’aveuglement, la haine et la corruption des dirigeants palestiniens et parce que le sens de l’histoire, des intérêts et des cœurs, est au rapprochement entre l’Etat hébreu et le monde arabo-musulman.
Contrairement à une analyse très répandue, ce rapprochement historique est une chance pour le peuple palestinien. Mais pas pour ses dirigeants corrompus et richissimes, qu’il s’agisse de l’Autorité palestinienne ou du Hamas.
L’équation Biden
Et puis se pose la question de la doctrine de Joe Biden vis-à-vis d’Israël. Benyamin Netanyahou est un des derniers chefs d’Etat que le nouveau président américain a appelé dans les semaines qui ont suivi son investiture. La gauche démocrate américaine est clairement pro-palestinienne.
Le nouveau secrétaire d’État américain Antony Blinken a tweeté dans la nuit : « J’ai parlé avec le président Abbas de la situation en cours à Jérusalem, en Cisjordanie et à Gaza. J’ai exprimé mes condoléances pour les pertes de vies. J’ai souligné la nécessité de mettre fin aux attaques à la roquette et de faire baisser les tensions ». Et d’ajouter : « Israéliens et Palestiniens méritent de façon égale liberté, dignité, sécurité et prospérité ». Il s’agissait du premier contact de haut niveau entre l’administration Biden et les Palestiniens. Washington avait annoncé plus tôt l’envoi d’un émissaire en Israël et dans les Territoires palestiniens pour exhorter une nouvelle fois à la « désescalade » suite à l’embrasement meurtrier des derniers jours.
Nous avions alerté sur les risques que faisait courir à son peuple Benyamin Netanyahou en étant trop proche de Donald Trump. Force est de reconnaître qu’il a eu raison au vu de la signature des Accords d’Abraham et des espoirs suscités par ce rapprochement historique. Si Joe Biden risque de prendre quelques distances avec le chef du gouvernement israélien, il faut espérer que le nouvel hôte de la Maison blanche pèsera de tout son poids pour poursuivre cette dynamique internationale, seule gage de paix et de développement à long terme.
Les Palestiniens méritent mieux que le Hamas et Abbas
Israël et la Palestine, les Israéliens et les Palestiniens ont droit à un Etat, à la sécurité, à la paix et à l’avenir. C’est d’avoir refusé des accords historiques, notamment à Camp David sous Clinton et Arafat avec les plans de partage leur attribuant 98 % des territoires occupés, un échange de territoire pour le reste, et même une internationalisation de Jérusalem-Est (la seconde tentative sous Olmert), que les Palestiniens ont sont là où ils en sont aujourd’hui.
Malheureusement le peuple palestinien a toujours eu les pires dirigeants. Les Jordaniens, qui les ont boutés hors de leur territoire en 1970 pour le plus grand mal des Libanais chez qui l’OLP s’est réfugié, l’avaient bien compris et agi en conséquence.
Aujourd’hui, le Hamas est une organisation terroriste qui asservit son peuple et voudrait avec le Hezbollah enflammer le Proche-Orient qui leur échappe avec le rapprochement de l’Arabie saoudite et des Emirats avec Israël.
Organisation terroriste ? Le Hamas n’a rien à envier aux salafistes en matière d’obscurantisme et d’extrémisme. Sa façon de procéder avec Israël en atteste. Sur un plan purement technique, le Hamas a lancé plus de 1500 roquettes sur le territoire israélien, en « tapant dans le tas ». Il n’a aucune cible précise, si ce n’est les villes et donc les civils. Leur but est de tuer le plus de Juifs possible, un objectif qui s’inscrit dans leur dessein d’éradiquer Israël, avant de réserver le même sort au Fatah de Mahmoud Abbas.
Tuer délibérément des civils, cela correspond exactement à la définition du terrorisme. En face, Israël s’efforce de détruire des objectifs précis et d’éliminer des dirigeants du Hamas, grâce à des armes de haute précision. Les civils sont utilisés comme des boucliers humains par ces fanatiques qui n’ont aucun respect pour la vie, en particulier celle de leurs propres enfants. Il faut dire qu’ils cultivent le martyr, surtout celui des autres. Les dirigeants du Hamas se terrent dans les abris pour échapper aux avions et drones israéliens, quand ce n’est pas à l’étranger.
1.500 roquettes ! Une roquette n’est pas une salade, ni même un mortier d’artifice. C’est une bombe volante, ou un missile sans capacité de guidage. Son imprécision en fait une arme de terrorisme lorsqu’il est dirigé sur une population civile. 1500 roquettes sont tombées sur Israël en 48 heures. Combien y aurait-il eu de morts si Israël ne disposait pas du système « Dôme de fer », certes perfectible, et s’il ne tentait de faire plier le Hamas par ses bombardements aériens visant des objectifs stratégiques, et non les civils. Si Israël se comportait comme le Hamas, mais aussi la Syrie, l’Iran, la Turquie, les Etats-Unis de Bush ou la Russie sur plusieurs théâtres d’opération, les morts à Gaza se compteraient déjà par dizaines de milliers.
Israël inflige au Hamas ce que la communauté internationale, largement emmenée par la France, tente d’infliger aux djihadistes de Boko Haram et consorts au Mali et au Sahel : des assassinats ciblés contre des ennemis de la liberté et de la fraternité. Pourquoi la France, l’Union européenne et toute la communauté Internationale ne font pas avec le Hamas et le Hezbollah ce que l’on fait avec des organisations terroristes ? Le peuple palestinien a tout à y gagner.
Alors, oui, cette guerre sera terrible mais elle permettra, nous en sommes convaincus par la force des transitions actuellement en cours, de sceller définitivement de nouvelles alliances internationales naissantes qui isoleront définitivement et feront plier le Hamas et ses affidés.
Michel Taube
Demain : Paris et la France ne seront pas le théâtre du conflit Gaza – Israël