Opinion Sport
17H25 - vendredi 21 mai 2021

Ce que nous dit de la société française l’hymne des Bleus à l’Euro 2021.

 

L’édito de Michel Taube

Les Français se reconnaîtront-ils dans l’hymne des Bleus pour l’Euro 2021 ? « Ecris mon nom en bleu » est-il le nouvel « I will survive » ?

Il n’y a pas plus fédérateur que l’équipe de France de football, surtout quand elle est championne du monde. Elle doit incarner la France. Les Français doivent pouvoir se reconnaître en elle. Le fait de chanter (ou pas) l’hymne national, l’attitude des joueurs et accessoirement les symboles attachés à cette équipe, comme son hymne éphémère lors d’une compétition majeure, participent à cette incarnation. Celui concocté par le rappeur Youssoupha et au-delà, les textes de ce rappeur, répondent-ils à ces critères ?

La France entière serait-elle majoritairement ou globalement haineuse de la France, indigéniste et islamogauchiste ? Non, évidemment. Mais pourquoi cette question ? Parce que Youssoupha n’est pas n’importe qui !

« J’suis génération Despo, la France, un pays d’escrocs
Ils ont volé nos œuvres d’art, les ont mis dans leurs expos »

Ce seul extrait de la « chanson » Solaar pleure de Youssoupha laisse perplexe sur le choix de la Fédération française de football (FFF) de lui avoir confié l’hymne des Bleus pour l’Euro de football qui débutera le 11 juin.

On se souviendra aussi de ses diatribes sur la leader d’extrême droite Marine Le Pen :
« Comme dans c’rêve où ma semence de nègre fout en cloque cette chienne de Marine Le Pen » (extrait d’Eternel Recommencement) ou sur l’éditorialiste et écrivain Éric Zemmour :
« J’mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Éric Zemmour ! » (extrait de À force de le dire). Ces mots valurent à Youssoupha une condamnation en première instance. Il fut relaxé en appel au nom de la liberté d’expression. Les Français n’ont plus confiance en la justice qui devrait s’en inquiéter.

Pour le philosophe Michel Onfray, « on est dans la logique de l’islamo-gauchisme ». On est aussi dans celle de la tyrannie des minorités et de la soumission. Il est particulièrement regrettable que dans la sphère politique, seul le Rassemblement national s’offusque de ce choix ultra communautariste. On peut être contre l’extrême-droite comme nous et condamner le choix de cet hymne !

Communautariste ? Pas tout à fait tant la culture des banlieues a pris le pouvoir dans les deux industries que sont le football et la musique : le rock ne représente plus que 1,4% des écoutes sur Spotify. Le rap y règne en maître !

Roxana Maracineanu, ministre des Sports, qui défend le port du voile islamique dans le sport (comme en Iran) se justifie : « Youssoupha est un chanteur militant qui dénonce le racisme et qui est pour la diversité ». Combattre le racisme est légitime s’il l’on cible tous les racismes. Sinon, c’est du communautarisme, qui lui-même n’est qu’une version politiquement correcte du racisme. Youssoupha, comme d’autres stars du rap, s’était mobilisé pour Adama Traoré, ce délinquant mort en marge de son arrestation, et que le collectif crée par sa sœur veut présenter en victime d’un crime raciste perpétré par une police raciste d’une France raciste. Mais qui est donc raciste ?

 

La confiscation idéologique de l’équipe de France

Le rap n’est pas seulement la musique des banlieues. Il est celui d’une majorité de jeunes, même dans les quartiers huppés. Le rap véhicule des valeurs spécifiques, des mots souvent grossiers et violents, un rapport au monde… On s’étonnera donc pas que ce soit aussi par le casque et les oreillettes que les jeunes sont devenus bien plus réceptifs au discours indigéniste, anticolonialiste et victimaire.

Mais les jeunes ne sont pas toute la population française. Et tous les rappeurs ne vomissent pas la France et ses valeurs, comme l’illustrent Mc Solaar ou Soprano. Les paroles de cet anti-hymne sont du mauvais français, alors que dans le rap, il y a des poètes, des slameurs, des artistes de la langue française. Youssoupha a su en être. Mais on ne peut salir un pays, serait-ce avec talent, et l’incarner dans un moment de communion nationale. Il est une monumentale erreur de casting.

L’équipe de France n’appartient ni aux jeunes ni aux banlieues ni même à ses joueurs ni à la Fédération française de football. Le 11 juin, quand la compétition débutera, on oubliera tout, et on criera « Allez les bleus », comme d’habitude. Si Benzema marque quelques buts, son passé et son passif en Bleu lui seront pardonnés. C’est l’effet anesthésiant, bêtifiant du sport, opium du peuple. Mais l’effet s’estompe toujours, et plus vite encore en cas de défaite. L’équipe de France ne peut être celle d’une certaine France, celle des cités, encore moins celle de la haine de son propre pays.

Un « pays d’escrocs », braillait Youssoupha. L’honorer en lui confiant l’hymne des Bleus est donc  bien une grossière erreur, et peut-être pire : une soumission de plus.

 

Michel Taube

 

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