Il y a des pays, et la Guinée en est un, où manifestement ce n’est pas le Covid qui empêche les déplacements !
Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre, candidat malheureux pour la troisième fois à la Présidentielle n’a pu quitter mardi 25 mai la Guinée pour se rendre à Lomé, ceci contre son gré évidemment, et pour la deuxième fois depuis sa « fausse » défaite d’octobre 2020, ne pouvant donc aller et venir normalement !
Quel prétexte ? Le fait qu’il ait été candidat, et militant de son parti UFDG, au prix de violences sur ses partisans et sur lui-même, pendant la campagne ? Le fait qu’il ait osé annoncer sa théorique victoire avant que la Commission Electorale se soit prononcée, pour déclarer vainqueur le Président sortant, pour un troisième mandat non constitutionnel ? Le fait de dénoncer les emprisonnements de ses partisans, pour des raisons politiques seulement ? Où sont, dans ce pays, démocratie, liberté de paroles et des actes ?
L’homme politique voulait juste rejoindre le Colloque « sur l’évolution Franc CFA et Eco », se déroulant à Lomé cette semaine, où il était invité à intervenir avec d’autres experts, en tant que Vice-Président de l’Internationale Libérale, et compétent sur ces thèses innovantes du changement de monnaie. Mais, dépourvu déjà de son passeport depuis sa tentative de départ pour aller assister aux obsèques de son ami Soumaïla Cissé au Mali, il est maintenant contraint, à nouveau, de rester à Conakry sur ordre du Gouvernement.
Malgré ses interventions via son avocat auprès des services concernés de l’Etat, aucune solution n’a été trouvée et le voilà contraint de rester chez lui. Personne ne trouvera rien à redire à une telle situation, l’amenant, pour parer à cette interdiction, à demander exceptionnellement d’intervenir à ce Colloque… « en visio conférence ».
Ces interdictions de circuler librement ne s’adressent pas qu’à lui : sa propre épouse Mme Diallo n’a pu quitter Conakry il y a quelques semaines pour regagner Dakar pour des soins médicaux. Sous le seul prétexte qu’elle est l’épouse du Président Diallo ? Son Vice Président Dr Fode Oussou Fofana lui aussi devait se rendre à Paris à la mi-mai pour des examens médicaux : interdit aussi.
Tout cela pour déstabiliser ces « opposants » et affaiblir Cellou Dalein Diallo, en vue de la prochaine échéance, pour laquelle les futurs successeurs du Président Alpha Condé savent bien que leur concurrent a une grosse avance auprès de l’électorat guinéen, et pas seulement peul.
Alors que conclure ? Doit-on croire que, désormais, tout est toléré, dans certains de ces pays Africains, où la démocratie, le respect de l’Etat de droit, la fiabilité des gouvernances sont mis à mal par les pouvoirs en place ?
Pourquoi les instances Internationales et Régionales (Union Africaine, Onu, et les CER, type Cédéao etc ..), pourquoi l’Internationale Libérale, pourquoi ses membres européens notamment, pourquoi la France et l’Union Européenne, ne réagissent-ils pas en intervenant auprès du président guinéen ?
La Guinée et son président n’ont pas le monopole des actions d’entrave opposées aux dirigeants politiques, même de haut rang, lorsqu’ils commettent le crime de lèse présidence d’être dans l’opposition.
Il est temps que l’Afrique s’éveille, celle des libertés et de l’Etat de droit. En prend-elle le chemin ?
Alain Dupouy
Chef de rubrique Afriques et Outre-Mer
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